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Israël fait un geste d'apaisement sur l'esplanade des Mosquées

23 octobre 2015, 13:52

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Israël fait un geste d'apaisement sur l'esplanade des Mosquées

Israël a pour la première fois depuis des semaines permis vendredi à tous les fidèles palestiniens sans restriction d'âge de se rendre sur l'esplanade des Mosquées à Jérusalem, dans un signe d'apaisement face à une escalade qui fait craindre une nouvelle intifada.

 

Cette décision annoncée par la police israélienne est prise alors que le gouvernement israélien de Benjamin Netanyahu et la direction palestinienne sont soumis à la pression d'une communauté internationale inquiète qui devait poursuivre ce vendredi ses efforts à Vienne pour éloigner le danger d'un embrasement généralisé.

 

La levée de toute restriction d'âge sur l'ultra-sensible esplanade des Mosquées semble relever des "propositions constructives" évoquées par le secrétaire d'Etat américain John Kerry et M. Netanyahu lors de leur rencontre jeudi à Berlin, selon le porte-parole de la diplomatie américaine John Kirby.

 

La question du contrôle et de l'accès à l'esplanade des Mosquées, troisième lieu saint de l'islam également révéré par les juifs comme l'emplacement de leur ancien temple, catalyse les tensions. Une visite sur l'esplanade du leader israélien Ariel Sharon, alors chef de l'opposition, passe pour l'élément déclencheur de la deuxième Intifada en 2000.

 

Jérusalem, les Territoires palestiniens et Israël sont en proie depuis le 1er octobre à une vague de violences qui continuait vendredi.

 

Un soldat israélien a été légèrement blessé en Cisjordanie occupée, dans la dernière en date d'une série d'attaques quotidiennes à l'arme blanche de la part de Palestiniens isolés contre des soldats, des policiers ou des civils, a dit l'armée. Les collègues du soldat ont ouvert le feu sur son agresseur palestinien, âgé de 17 ans, sérieusement blessé.

 

- 'Journée de la colère' -

 

De nouveaux heurts sont attendus. Tous les mouvements palestiniens ont appelé à une nouvelle "journée de la colère" devenue rituelle après la prière en Cisjordanie et dans la bande de Gaza, les deux territoires palestiniens divisés géographiquement et politiquement et censés former un jour un Etat palestinien indépendant.

 

Les affrontements quotidiens entre lanceurs de pierres palestiniens et soldats israéliens, les agressions mutuelles entre Palestiniens et colons et une vague d'attentats anti-israéliens ont fait 49 morts Palestiniens (pour moitié des auteurs d'attaques), un mort Arabe israélien et huit morts Israéliens.

 

L'esplanade des Mosquées est au coeur de l'entreprise diplomatique en cours pour apaiser les esprits. Elle a été le théâtre en septembre de heurts entre jeunes et policiers israéliens coïncidant avec les fêtes juives et un surcroît de visites de juifs sur le site.

 

Devant le risque de violences dont les conséquences seraient imprévisibles un jour de grande prière sur un site potentiellement explosif, la police israélienne a interdit l'accès aux hommes palestiniens (moins de 40 ans ou moins de 50 ans) tous les vendredis depuis la mi-septembre, à l'exception d'une fois pendant les festivités musulmanes du Sacrifice.

 

Les Palestiniens prennent mal ces limitations, considérées comme un empiètement israélien supplémentaire sur un lieu qui tient à la fois du symbole national et religieux.

 

- Rhétorique incendiaire -

 

L'esplanade est située à Jérusalem-Est, partie orientale de Jérusalem annexée et occupée par Israël, et donc au coeur du conflit israélo-palestinien. Elle est administrée par une fondation islamique sous l'égide de la Jordanie mais Israël en contrôle les accès.

 

Elle est régie par des règles non-écrites (le "statu quo"). Les juifs ont l'autorisation d'y accéder à certaines heures mais y ont l'interdiction de prier. Les musulmans peuvent aller y prier à toute heure mais sont régulièrement soumis aux restrictions d'âge israéliennes.

 

D'autres facteurs contribuent à l'exaspération palestinienne, mais peu ont le caractère volatil de l'esplanade. C'est aussi un des rares points sur lesquels la communauté internationale peut faire pression, alors que le mouvement actuel est mené par une jeunesse échappant au contrôle politique.

 

Le département d'Etat américain a indiqué jeudi, après la rencontre Kerry/Netanyahu, qu'un apaisement passait par la réaffirmation du maintien du statu quo sur l'esplanade.

 

M. Kerry doit rencontrer samedi à Amman le président palestinien Mahmoud Abbas et le roi Abdallah II de Jordanie, interlocuteur primordial quand il s'agit de ce lieu saint.

 

Le Conseil de sécurité des Nations unies continue à discuter du dossier et une réunion du quartette (Russie, Etats-Unis, Union européenne, ONU) fondé en 2002 pour jouer, sans grand succès jusqu'ici, le rôle de médiateur dans le conflit israélo-palestinien, est prévue ce vendredi à Vienne.

 

Un autre moyen pour la communauté internationale de peser sur les évènements est d'inciter les dirigeants israéliens et palestiniens, qui ont jusqu'alors échangé les accusations et les invectives, de cesser leur rhétorique incendiaire.