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Syrie: exode de la population, 370 morts dans les raids russes

21 octobre 2015, 11:26

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Syrie: exode de la population, 370 morts dans les raids russes

Des dizaines de milliers de Syriens ont été poussés à l'exode face aux offensives des forces du régime appuyées par l'aviation russe dont plus de 500 raids ont tué en trois semaines 370 personnes en majorité des rebelles.

 

Alors qu'une coalition anti-jihadistes menée par les Etats-Unis mène elle aussi des raids aériens en Syrie, le Pentagone a annoncé que Washington et Moscou avaient signé un protocole d'accord pour éviter tout incident entre leurs aviations qui opèrent séparément dans le ciel syrien.

 

Revigorée par l'intervention militaire le 30 septembre de l'allié russe, l'armée syrienne a lancé des offensives notamment dans les provinces centrales de Homs et de Hama et dans celle d'Alep (nord), sans parvenir jusqu'à présent à prendre le dessus sur les rebelles.

 

Selon l'Observatoire syrien de défense des droits de l'Homme (OSDH), 100.000 personnes fuyaient mardi l'offensive de l'armée dans les provinces de Hama, Alep et Lattaquié (ouest).

 

Dans la province d'Alep, "environ 35.000 personnes ont été déplacées des localités de Hader et Zerbé, au sud-ouest de la ville Alep par les offensives gouvernementales des derniers jours", a affirmé à l'AFP la porte-parole du Bureau de coordination des affaires humanitaires (Ocha).

 

Selon Vanessa Huguenin, beaucoup d'entre eux ont trouvé refuge chez des familles d'accueil ou dans des habitations sommaires plus à l'ouest dans la province d'Alep.

 

"Les gens ont urgemment besoin de nourriture, de produits de base et d'abris", a-t-elle ajouté.

L'armée a lancé une offensive au sud de la ville d'Alep le 17 octobre, soutenue par les raids russes et au sol par des combattants iraniens et du Hezbollah libanais notamment. L'objectif est de s'emparer de secteurs situés près de la route stratégique reliant Alep à la capitale Damas, bastion du régime.

 

Selon le militant Maamoun al-Khatib, plusieurs milliers de personnes ont fui les bombardements russes et "craignent que des miliciens iraniens attaquent leurs villages".

 

La province d'Alep est quasi-entièrement aux mains du Front Al-Nosra, la branche syrienne d'Al-Qaïda, et ses alliés islamistes, ou des jihadistes du groupe Etat islamique (EI). Le régime y contrôle une route lui permettant d'approvisionner les quartiers de la ville d'Alep sous son emprise.

 

- 'Modifier la carte du conflit' -

 

Selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH), le régime a pris cinq villages dans ce secteur depuis le début de l'offensive. Le quotidien Al-Watan, proche du pouvoir, assure lui que l'armée s'est emparée de 16 villages et sept collines.

 

Selon le journal, l'opération "va modifier la carte du conflit dans cette région, en coupant les lignes de renforts des hommes armés (rebelles) entre le sud de la province d'Alep et l'est de celle d'Idleb et en prenant la route internationale d'Alep à Hama", plus au sud.

 

Dans la province de Homs, des milliers de personnes ont fui plusieurs villages depuis le début mi-octobre de l'offensive de l'armée, affirme le militant Hassan Abou Nouh, dans la localité de Talbissé. "Elles se sont réfugiées dans la périphérie de Homs", a-t-il dit à l'AFP via internet.

 

Depuis mars 2011, le conflit déclenché par la répression de manifestations réclamant des réformes, a causé la mort de plus de 250.000 personnes et fait quatre millions de réfugiés et sept millions de déplacés.

 

L'arrivée de la Russie dans le conflit l'a rendu encore plus complexe, car si Moscou affirme frapper les extrémistes de l'EI et les "autres terroristes", l'opposition et les pays qui la soutiennent accusent la Russie de cibler surtout les rebelles pour aider le régime de Bachar al-Assad.

 

Selon Rami Abdel Rahmane, directeur de l'OSDH, en trois semaines, "370 personnes ont été tuées dans des centaines de frappes russes, dont 243 combattants parmi lesquels 52 de l'EI, et 127 civils, dont 36 femmes et 34 enfants".

 

L'ONG a fait état de raids russes mardi sur les provinces de Homs, Idleb (nord-ouest), Damas et Alep. Moscou a indiqué avoir bombardé 60 cibles des groupes "terroristes" en Syrie ces dernières 24 heures.

 

Le président russe Vladimir Poutine a affirmé mardi que les frappes aériennes russes en Syrie démontraient que la Russie pouvait faire face à "n'importe quelle menace".

 

Dans le même temps, un responsable américain a fait état du déploiement par l'armée américaine de douze avions d'attaque au sol A-10 sur la base aérienne d'Incirlik, dans le sud de la Turquie, dans le but de renforcer la lutte contre l'EI.