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Synode: le pape François entend avancer en dépit de la pression des conservateurs

18 octobre 2015, 09:37

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Synode: le pape François entend avancer en dépit de la pression des conservateurs
Présent à toutes les sessions plénières, prenant des notes, très concentré, François a tenu secret son jeu pour respecter la collégialité et pour ne pas donner l'impression d'influencer les travaux.
 
Ce qui n'a pas empêché un petit groupe de cardinaux conservateurs de mettre en cause la méthodologie du synode voulue par le pape, et la mainmise, selon eux, des "progressistes" sur le comité de rédaction final. 
 
Ils sont prêts à s'opposer à toute inflexion de doctrine en faveur de la communion des divorcés remariés et de réformes trop favorables aux couples en union libre et homosexuels.
 
Le pape s'est contenté au début du synode de trois remarques incisives: la mentalité du complot doit cesser, la doctrine n'est pas remise en cause, la problématique des divorcés remariés est un des nombreux sujets, mais pas le seul à l'ordre du jour.
 
Souverain en la matière, il n'a pas dit s'il publiera le document final, ou s'il s'en servira  pour une exhortation apostolique, qui indique la voie à suivre, ou tout autre document du "magistère" (par lequel le pape affirme son autorité).
 
Ce faisant, il a calmé le jeu entre ceux qui craignent un "retour à la case départ" et ceux qui crient à la "trahison", allant jusqu'à insinuer à l'instar d'un prélat africain que "la fumée de Satan" est entrée au synode.
 
Le recteur de l'Institut catholique de Paris, Mgr Philippe Bordeyne, expert nommé par le pape, a relevé que François "a voulu qu'on parle davantage" et que cela constitue un grand progrès par rapport aux précédents synodes.
 
"Certains prélats auraient aimé qu'il dise à l'avance ce qu'il va faire. Mais cela tronquerait la synodalité. Le pape exerce ses fonctions dans le cadre du règlement. Ce que je comprends de sa méthode, c'est qu'il n'entend pas se prononcer avant de savoir ce que les travaux ont produit", a expliqué Mgr Bordeyne à l'AFP.
 
François l'a réaffirmé samedi : "Il n'est pas approprié pour le pape de prendre la place des évêques pour discerner les problèmes auxquels ils font face dans leur diocèse."
 
Au contraire, a-t-il souligné, l'Eglise doit avancer sur la voie d'"une saine décentralisation". Et même davantage. Jorge Bergoglio a ainsi réaffirmé son souhait, déjà formulé en 2013, de "changer la papauté" pour mieux prendre en compte les communautés pastorales dans le monde.
 
Le pape argentin espère une maturation des esprits à l'issue de ce vaste brain-storming entre cinq continents, qui a révélé des préoccupations extrêmement variées, reflétant la complexité et la diversité des situations familiales.
 
L'idée qui commencer à émerger pour tenter de réconcilier tous ces points de vue, très marqués par une division nord-sud, serait de favoriser "l'accompagnement personnalisé" de chacun vers le mariage, ou un mode de vie plus conforme à l'opinion que s'en fait l'Eglise catholique.
 

- Nécessité d'une clarification - 

 
Une majorité d'évêques veulent certes un "aggiornamento", mais sans rupture avec les dogmes, notamment celui de l'indissolubilité du mariage, conçu uniquement comme l'alliance d'un homme et d'une femme.
 
Cela pourrait peut-être passer par une légère décentralisation accordant aux prêtres et aux évêques une liberté de discernement face à certaines situations difficiles de leurs ouailles.
 
Que le pape veuille un changement d'attitude ne fait pas de doute: "L'Eglise se "trahirait" si elle fermait ses portes à "quiconque frappe et demande aide et soutien", a-t-il rappelé à l'ouverture du synode.
 
Sans approuver leur mode de vie, il a exprimé son respect vis-à-vis des divorcés, des femmes ayant avorté, des mères célibataires, des homosexuels, en les recevant parfois, donnant à toute l'Eglise un message clair: "Recevoir les bras ouverts les personnes dans les situations où elles se trouvent."
 
Le pape pourrait aussi demander à des groupes d'experts après le synode d'approfondir encore certains autres points délicats au regard de la doctrine.
 
Selon le vaticaniste de l'hebdomadaire Panorama, Ignazio Ingrao, "François ne veut en aucun cas diviser l'Eglise. A 90%, il y a des positions partagées. Pour les derniers 10%, le pape observe s'il est possible de trouver un point d'accord. Si non, il ne forcera pas les choses. Je ne crois qu'il se livrera à des fuites en avant s'il ne pense pas avoir les évêques derrière lui".