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Sprint final dans la course aux 100 milliards pour le climat

10 octobre 2015, 07:57

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Sprint final dans la course aux 100 milliards pour le climat
La course aux 100 milliards de dollars par an pour le climat entre dans le sprint final à Lima à deux mois de la cruciale réunion de Paris, mais il reste quelques haies à franchir.
 
Réunis dans la capitale péruvienne, les grands argentiers du monde ont fait quelques foulées supplémentaires avec environ 15 milliards promis dans l'escarcelle en 2020 par les différentes banques de développement.
 
Ces fonds viendront s'ajouter aux quelque 62 déjà engrangés fin 2014 selon les calculs de l'OCDE, et à ceux promis par différents pays en 2014, comme la France, l'Allemagne ou le Royaume-Uni.
 
Ces banques (Banque mondiale, BEI, Berd, BAD, ADB, BID) étaient sous pression depuis quelques jours pour augmenter la part de leurs prêts en faveur d'investissements verts.
 
Le ministre des Finances français Michel Sapin ou le secrétaire d'Etat américain John Kerry les avaient explicitement ciblées juste avant les réunions du FMI et de la Banque mondiale de Lima où le climat s'est hissé en haut de l'agenda, avec en point d'orgue un déjeuner de travail vendredi réunissant des dizaines de ministres ou banquiers.
 
La France joue dans cette course aux milliards le succès de la conférence de Paris de la COP21 et veut que la question du financement soit réglée en décembre pour pouvoir aller de l'avant.
 
L'OCDE, mandatée pour réaliser un état des lieux, a calculé cette semaine que 61,8 milliards avaient été mobilisés fin 2014, principalement par les pays dans le cadre d'opérations bilatérales (23,1 milliards), par les acteurs multilatéraux (20,4) et par le secteur privé (16,7).
 
Selon les experts, les gouvernements ne sont toutefois pas dispensés d'efforts supplémentaires.
 
"Les acteurs multilatéraux peuvent faire plus, mais les pays aussi doivent faire plus", estime pour l'AFP le sous-secrétaire général de l'ONU sur le changement climatique, Janos Pasztor, le "Monsieur climat" de Ban Ki-moon.
 
Une opinion partagée par Isabel Kreisler, experte en politique du changement climatique chez l'ONG Oxfam: "Les banques multilatérales de développement et les gouvernements devraient payer plus".

- 'Pression positive' -

Dans l'Union européenne, il reste ainsi une dizaine de pays qui n'ont pas encore donné le détail de leurs efforts. A Lima, le Luxembourg et les Pays-Bas ont annoncé qu'ils feraient un effort, selon le ministère français des Finances. 
 
A Lima, "je réitérerai la nécessité d'être dans les temps, je continuerai à mettre une pression positive sur les Etats membres mais je n'ai pas d'inquiétude sur le fait que l'Europe sera au rendez-vous de Paris", a déclaré à l'AFP le Commissaire européen aux Affaires économiques Pierre Moscovici.
 
Hors d'Europe, certains pays doivent encore dévoiler leur jeu, rappelle Mme Kreisler: Japon, Canada, Australie, entre autres.
 
Mais malgré les efforts supplémentaires engrangés à Lima, pour certaines ONG, une bonne partie des fonds comptabilisés par l'OCDE ne devraient pas être considérés comme de l'aide, réduisant d'autant la portée de ce chiffre de 100 milliards.
 
"Tout ce qui brille n'est pas or", affirme à l'AFP Mme Kreisler, estimant que sont considérés comme verts les financements de certains projets qui ne sont pas toujours liés au changement climatique (dans l'agriculture par exemple), ou que les sommes recensées par l'OCDE comportent de trop nombreux prêts, qui devront donc être remboursés.
 
Pour Denis Voisin, de la fondation Hulot, il "reste des problèmes sur la comptabilisation retenue, qui inclut beaucoup de prêts". "Nous insisterons pour qu'il y ait une part de dons plus importante, c'est l'un des enjeux pour Paris".
 
"Pour le moment le rapport de l'OCDE est un rapport des pays du Nord (...) et c'est très bien, mais maintenant il faut que tous les pays puissent être engagés dans ce processus", estime M. Pasztor.
 
De même, il y a un débat persistent sur la répartition des fonds entre aides destinées à réduire les émissions de gaz à effet de serre, et aide à l'adaptation des pays défavorisés à faire face au changement climatique, ce volet étant considéré par beaucoup comme un parent pauvre.
 
Une situation que la France dit vouloir changer: "l'adaptation est un enjeu essentiel dans l'accord de Paris, en particulier pour les pays les plus pauvres et les plus vulnérables au changement climatique", a déclaré vendredi M. Sapin.