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Départ d'Italie des premiers demandeurs d'asile transférés au sein de l'UE

9 octobre 2015, 15:47

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Départ d'Italie des premiers demandeurs d'asile transférés au sein de l'UE

Dix-neuf demandeurs d'asile érythréens ont quitté vendredi matin Rome à destination de la Suède, dans le cadre du premier transfert organisé au sein de l'Union européenne pour répartir des dizaines de milliers de réfugiés.

 

Tout sourire, ces 14 hommes et cinq femmes secourus au large de la Libye, et enregistrés sur l'île de Lampedusa, sont partis peu après 9H30 (7H30 GMT) à bord d'un avion de la police financière et douanière italienne, pour six heures de vol.

 

Le ministre italien de l'Intérieur, Angelino Alfano, le commissaire européen aux Migrations, Dimitris Avramopoulos et le ministre luxembourgeois des Affaires étrangères, Jean Asselborn, étaient auparavant venus les saluer.

 

"Cet avion représente la victoire d'une Europe qui sait être solidaire et responsable, qui sauve des vies", a déclaré M. Alfano lors d'un point presse après le départ de l'avion.

 

Les 19 Erythréens sont les premiers des 160.000 demandeurs d'asile qui devraient bénéficier dans les deux prochaines années de ce programme de "relocalisations", inédit au sein de l'UE.

Une centaine d'autres demandeurs d'asile sont prêts à partir dans les prochaines semaines pour l'Allemagne, les Pays-Bas et "d'autres pays ayant communiqué leur disponibilité", a précisé M. Alfano.

 

Selon le haut commissariat de l'ONU aux réfugiés (HCR), les prochains départs, également par avion, sont prévus en début de semaine prochaine.

 

Ces mesures s'accompagnent aussi d'une opération militaire européenne antipasseurs au large de la Libye baptisée "Sophia" et entrée mercredi dans sa deuxième phase, qui lui permet d'arrêter les passeurs et de saisir leurs bateaux s'ils s'aventurent dans les eaux internationales.

 

Le Conseil de sécurité de l'ONU devrait adopter vendredi une résolution autorisant cette opération, afin de lui donner une légitimité internationale. Mais l'autorisation ne couvrira pas les eaux libyennes, où l'opération européenne a besoin de l'accord d'un gouvernement libyen, tout juste formé, pour agir.

 

- 'Il faut faire plus' -

 

Dans le même temps, les 28 Etats membres ont fait front commun jeudi pour un renvoi plus systématique des migrants économiques, "l'autre face de la médaille" de leur réponse à la pire crise migratoire en Europe depuis 1945.

 

Ceux qui "n'ont pas besoin d'une protection internationale doivent retourner dans leur pays d'origine", a résumé M. Asselborn.

 

La question est particulièrement sensible en Italie, où les Syriens, Erythréens et Irakiens -- seuls concernés par le programme européen de "relocalisations" -- ne représentent que le tiers des 132.000 migrants arrivés depuis le début de l'année.

 

Après leur passage à l'aéroport romain de Ciampino, MM. Avramopoulos et Asselborn devaient d'ailleurs se rendre dans la journée à Lampedusa, l'île italienne la plus proche des côtes africaines, puis à Athènes, pour constater l'avancée des "hotspots", ces centres de premier accueil et d'enregistrement des migrants.

 

L'UE espère qu'un premier "tri" pourra y être effectué entre ceux dont la vie n'est pas menacée dans leur pays et ceux pouvant prétendre au statut de réfugiés, mais cela semble peu compatible avec le droit italien, très protecteur des demandeurs d'asile.

 

"Aujourd'hui est un jour positif et important. Ils sont 19 et ils partent dans le cadre du nouveau plan européen", a déclaré à l'aéroport Carlotta Sami, porte-parole du HCR pour l'Europe du Sud.

 

"C'est une journée importante parce que c'est le début du plan européen. Nous espérons qu'il aille de l'avant, mais il faut faire plus", a-t-elle ajouté en réclamant "des mesures pour les faire arriver en Europe en sécurité".

 

Selon les statistiques du HCR, les Erythréens représentent 26% des 132.000 personnes arrivées cette année en Italie après avoir été secourues en mer Méditerranée. Mais la traversée a coûté la vie a au moins 3.080 hommes, femmes et enfants, pour la plupart au large de la Libye.

 

En Grèce, où des milliers de migrants continuent aussi d'affluer pour rallier l'Europe, un petit garçon d'un an est mort dans la nuit de jeudi à vendredi à bord d'un canot pneumatique qui a commencé à couler à l'approche de l'île de Lesbos.