En un an, le pays a enregistré 280 nouveaux cas de cancer. Le Dr Shyam Manraj, coordonnateur du Registre national du cancer, concède qu’il y a eu «une hausse significative» entre 2013 et 2014. Alors qu’octobre est décrété le mois du cancer du sein, une autre tendance se profile : la progression du cancer colorectal tant chez l’homme que chez la femme. C’est ce qu’indique le dernier rapport du Registre national du cancer de 2014.

Le cancer colorectal est en fait un cancer qui se forme dans le côlon ou dans le rectum, la dernière partie du gros intestin. En 2013, il se classait en troisième position après le cancer du sein et celui du col de l’utérus chez la femme. Mais il occupe désormais la deuxième place avec 115 nouveaux cas, soit 9,1 % des 1 319 cas de cancers féminins détectés en 2014.

Chez l’homme, le cancer colorectal se maintient en pole position d’une année à l’autre, soit 130 nouveaux cas, ce qui représente 13,3 % des 1 068 cas de cancer chez les hommes.

Le cancer colorectal serait une conséquence directe de la malbouffe, précise le Dr Manraj, qui est aussi directeur des services laboratoires de l’hôpital Victoria. «Le cancer colorectal est directement lié à la diminution de consommation d’aliments riches en fibres. Manger trop de viande fumée ou grillée au feu de charbon augmente les risques de développer un cancer colorectal. Il est clair que la modification du style de vie avec une prédominance pour la consommation des fast-foods a une incidence directe sur l’obésité, le diabète, les maladies cardio-vasculaires et certains types de cancer, notamment le cancer colorectal», souligne-t-il.

DÉPISTAGE SYSTÉMATIQUE

Du côté des femmes, une autre tendance a aussi été observée : le cancer du sein affecte davantage les femmes ménopausées et moins les quadragénaires. Deux autres cancers ont pris du galon : celui de l’endomètre et celui des ovaires.

Le Dr Manraj pense que le cancer du col de l’utérus a régressé en raison des campagnes de dépistage. Par contre, il est trop tôt pour évaluer l’impact des vaccins contre le virus du papillome humain, responsable de bon nombre de cancers du col. «Actuellement, le cancer du col est de 12 cas pour 100 000 personnes. Avec un dépistage systématique, on arriverait à cinq cas pour 100 000 personnes. Si l’on fait cet effort de dépistage et de vaccination, le cancer du col baissera davantage à Maurice», estime-t-il.

Chez les hommes, le cancer de la prostate, qui, jusqu’à il y a encore deux ans, occupait la première place, a rétrogradé en deuxième position avec 115 nouveaux cas en 2014. Et là encore, il ne faut pas blâmer uniquement les hormones. L’alimentation entre aussi en jeu. «En France, en ce moment, il est beaucoup question des risques d’association lait/hormones chez les hommes et cancer de la prostate», relève le Dr Manraj.

Un autre facteur de risque du cancer est le vieillissement de la population. «Avec l’âge, les défauts génétiques s’aggravent.» Le Dr Manraj n’est pas du tout surpris par ces tendances qui, dit-il, correspondent à ce qui se passe à l’étranger.

Il ajoute qu’un plan de lutte contre le cancer s’échelonnant jusqu’en 2019 a déjà été établi pour Maurice. Cette stratégie est pilotée par le Dr Anil Mohith. Elle compte six composantes : la prévention, le dépistage précoce, le traitement, les soins palliatifs et la recherche et la surveillance. Mais «il faudra faire un effort spécial pour les soins palliatifs car tous les cancers ne sont pas guérissables».

PLUS DE 1 000 NOUVEAUX CAS CHEZ LES HOMMES

En 2013, 2 107 nouveaux cas de cancer ont été enregistrés à Maurice. Un an plus tard, ce nombre est passé à 2 387 cas, indique le rapport du Registre national du cancer de 2014. Le Dr Shyam Manraj, coordonnateur de ce département, relève que c’est la première fois que l’on enregistre plus de 1 000 nouveaux cas chez les hommes.

Pour lui, ces statistiques reflètent la réalité mauricienne et rodriguaise car c’est la somme totale des données enregistrées non seulement dans les hôpitaux mais aussi dans les laboratoires du privé. Des 2 387 cas répertoriés, 1 319, soit 55 %, sont diagnostiqués chez les femmes. Cette prédominance féminine est surtout due au cancer du sein qui représente 37,2 % des cancers féminins.

LES CANCERS LES PLUS RÉPANDUS

● FEMMES

1. Sein

2. Colorectal (en 3e position en 2013)

3. Col de l’utérus

4. Endomètre (en progression,

63 nouveaux cas en 2014)

5. Ovaires (en progression,

44 nouveaux cas en 2014)

● HOMMES

1. Colorectal

2. Prostate (n°1 jusqu’en 2012)

3. Poumons

4. Bouche et gorge

5. Estomac

Most common sites for new Cancer case (2014) by L'express Maurice