Publicité

Soodhun: «C’est grâce à ma loyauté envers SAJ et son fils que je suis PM par intérim»

30 septembre 2015, 07:10

Par

Partager cet article

Facebook X WhatsApp

Soodhun: «C’est grâce à ma loyauté envers SAJ et son fils que je suis PM par intérim»

Suivant le départ de Xavier-Luc Duval pour la France, mardi 29 septembre, où il assistera au Salon Top Resa, grand-messe du tourisme, c’est le ministre du Logement et des Terres qui assume les fonctions de Premier ministre par intérim. Un «honneur» qu’il dédie à sir Anerood et Pravind Jugnauth.

 

Vous êtes le Premier ministre par intérim depuis ce matin. Quel est votre sentiment ?

Je suis très ému. Je remercie avant tout le Créateur. C’est un événement très spécial dans ma vie, d’autant plus que je suis issu d’une famille modeste de la campagne, plus précisément de Triolet. Je suis récompensé pour mon bon travail. J’ai débuté la politique à l’âge de 16 ans. Aujourd’hui, j’ai 64 ans.

 

Au début de votre carrière politique, pensiez-vous un jour occuper le fauteuil de Premier ministre ?

C’est le destin qui a voulu cela. Il y a deux personnes, à part ma famille bien sûr, à qui je dédie ce grand honneur : sir Anerood Jugnauth (SAJ) et son fils Pravind. Après mon emprisonnement en 1985, j’ai rencontré sir Anerood Jugnauth en compagnie de mon ami de combat, Alain Laridon…

 

…Vous avez pardonné à SAJ de vous avoir jeté en prison ?

Justement, après ma rencontre avec lui, j’ai appris qu’il n’était pas responsable de mon emprisonnement. Il y avait une autre personne…

 

…Qui était-ce ?

Non, je ne veux pas revenir sur cet épisode. Mais, oui, depuis ce jour, j’ai été un fidèle de SAJ. Je l’ai suivi partout. Je me souviens qu’en 1995, SAJ avait été attaqué sur une estrade à Triolet. Quelqu’un voulait le blesser avec un cutter. J’ai dit à cette personne que «sé nou ki bizin gagn kout kouto avan !»

 

C’est grâce à ma loyauté envers SAJ et son fils que je suis Premier ministre par intérim aujourd’hui. Je vous fais une autre confidence. En 2000, SAJ m’avait laissé le soin de choisir un ministère. Je lui ai répondu que même le ministère des Droits de la femme m’intéresse. Pour vous dire qu’entre SAJ et moi, il y a une grande confiance et une grande sincérité.

 

Parlons politique. À un certain moment, vos relations avec Xavier-Luc Duval étaient tendues. Des signes qui ne trompent pas…

Il faut tirer des leçons de ces événements. Il y a une grande unité au sein du gouvernement aujourd’hui. Vous savez, après les événements survenus en Arabie saoudite, la semaine dernière, une équipe très soudée a travaillé sur ce dossier. J’étais en contact régulier avec Xavier-Luc Duval et Ivan Collendavelloo, de même que le ministre des Affaires étrangères. Et aussi le leader de l’opposition.

 

Pourtant, on vous accuse d’avoir mal géré les dossiers du hadj et du prix du bétail…

Vous savez, grâce à mes contacts et à mes démarches, ceux qui ont célébré l’Eid-ul-Adha, la semaine dernière, ont pu payer le prix du boeuf à Rs 125 le kilo alors que, l’année dernière, cette viande s’est vendue à Rs 139,50 le kilo. 

 

Et pour le hadj, le pèlerin a payé son billet à Rs 35 000, contre Rs 46 000 l’année dernière. Beaucoup de personnes m’ont félicité pour mes initiatives.

 

Beaucoup de personnes estiment que vous êtes musulman avant d’être un ministre pour tous les Mauriciens. Et ce, d’autant plus que vous avez un Muslim Desk à votre ministère. Que leur répondez-vous ?

C’est faux de dire que j’ai un Muslim Desk à mon ministère. Oui, je m’occupe du Centre culturel islamique et du Waqf Board. Tout comme Xavier-Luc Duval s’est occupé du pèlerinage du Père Laval et Nando Bodha de la fête de Ganesh Chaturthi. D’ailleurs, je paie une personne pour m’aider à m’occuper de ces affaires.

 

En ce qui concerne la première partie de votre question, je démens catégoriquement que je ne m’occupe que des musulmans. Oui, je suis un croyant et j’aime ma religion ; je me réveille tous les jours à 4 h 30 pour dire des prières. Mais j’aide toutes les personnes de n’importe quelle religion.

 

Allez demander à Raj Dayal ; récemment j’ai aidé un Mandir au niveau du coulage de la dalle. J’ai aidé pour la fête de Cavadee. Non, dans ma mission, il n’y a pas de race ni de religion.

 

Il semble qu’au sein du MSM, il y ait deux tendances, avec un groupe qui serait pro-SAJ et un autre mené par Roshi Bhadain…

…Non, ce n’est pas vrai. C’est Pravind Jugnauth qui est le leader et qui demeurera le leader pendant longtemps encore. Oui dans le passé il y a eu des problèmes. Je me souviens de Sheila Bappoo et de Rama Sithanen qui ont par la suite quitté le parti. Pas aujourd’hui.

 

Supposons que Pravind Jugnauth est reconnu coupable par la cour d’appel et également par le Privy Council. Dans ce cas de figure, il ne pourra pas être le leader du MSM. Selon vous, qui pourrait lui succéder ?

J’ai un grand respect pour le judiciaire. Je sais que Pravind Jugnauth n’est pas coupable et il sera blanchi prochainement.

 

Mais ce risque existe. Qui, selon vous, pourrait accéder au leadership du MSM ?

Si Pravind Jugnauth n’est plus le leader du MSM, j’abandonne également la politique. Non je ne peux imaginer une autre personne à la tête du MSM que Pravind Jugnauth.

 

Cet après-midi, le MSM organise un congrès au n° 10. Vous y serez présent en tant que président du parti ainsi que Premier ministre par intérim. Navin Ramgoolam soutient que le MSM panique après son succès à Kewal Nagar. Que lui répondez-vous ?

Le PTr n’a pas connu de succès ce jour-là. Il attendait 10 000 personnes et il y avait beaucoup moins. D’ailleurs, ceux présents à Kewal Nagar voulaient rendre hommage à sir Seewoosagur Ramgoolam (SSR) pour qui, je précise, j’éprouve un grand respect.

 

Mon père et ma mère avaient un grand respect pour SSR. S’ils étaient encore en vie, ils se seraient également rendus à Kewal Nagar. À mon avis, Navin Ramgoolam n’est plus crédible et je sais qu’il a dégoûté beaucoup de personnes, surtout après les Rs 200 millions découvertes dans ses coffres-forts.

 

Et je précise aussi que le MSM réunit plusieurs comités régionaux dans d’autres coins du pays.

 

Votre opinion sur la Mauritius Broadcasting Corporation (MBC).

Je n’interviens jamais dans les affaires de la MBC. Je ne sais pas s’il y a un directeur à la station de radiotélévision nationale…

 

Il n’empêche que certains avancent que vous avez personnellement téléphoné à la MBC, dimanche, pour intervenir dans le journal télévisé concernant le congrès du MMM…

C’est totalement faux.

 

Êtes-vous satisfait de la MBC ?

Il y a quand même des améliorations à apporter.

 

Comment allezvous passer votre journée aujourd’hui ?

La première chose que je ferai, c’est rendre hommage à mon père et à ma mère au cimetière de Plaine-des-Papayes. Ensuite, j’ai plusieurs rendez-vous, que ce soit sur le plan social ou politique. Et je crois que je serais aidé dans ma tâche par tous les ministres.

 

Un grand rendez-vous vous attend vendredi, le Conseil des ministres.

Ah oui, ce sera encore un grand jour pour moi.

 

Et vous partez pour l’Arabie saoudite ?

C’est vendredi soir que je prendrai une décision. En passant, je peux vous annoncer que je demanderai une enquête sur un organisateur du pèlerinage.

 

Et si vous partez, c’est Ivan Collendavelloo qui sera le Premier ministre par intérim ?

Tout à fait. Il le mérite bien.

 

--------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------

 

Carte d’identité

 

Il est sur tous les fronts et peut-être même trop. Son franc-parler dérange souvent, ce qui n’est pas sans rappeler son leader sir Anerood Jugnauth. En tout cas, Showkutally Soodhun est connu pour son tempérament de battant.

 

Le nouveau Premier ministre par intérim, qui a vu le jour le 9 janvier 1951 à Triolet, s’est engagé dans le syndicalisme. Un domaine qui sied comme un gant à ce fonceur-né. L’ex-élève du collège Northern de Plaine-des-Papayes a été le fondateur de la Fédération des travailleurs unis avec Alain Laridon et Peter Craig.

 

Pour avoir participé à une grève illégale, il a même fait de la prison pendant dix jours. Celui qui est issu d’une famille modeste mais qui est parti en Angleterre et en Chine pour des études a eu le temps de rédiger un livret sur l’EPZ Welfare Fund. Il l’a ensuite remis à Sheila Bappoo, alors ministre du Travail et des relations industrielles. Ironie du sort, ce portefeuille ministériel sera plus tard le sien, entre 2000 et 2005. Sans compter celui de l’Industrie et du Commerce entre 2010 et 2011. Mais avant d’en arriver là, ce père de deux enfants a essuyé des échecs. Il a connu une lourde défaite électorale lorsqu’il a été candidat en 1976 dans la circonscription nº 5 face à sir Seewoosagur Ramgoolam.

 

C’est au sein du MMMSP, dirigé alors par Dev Virahsawmy – celui-là même qui a été le premier député du MMM – que Showkutally Soodhun s’est jeté dans l’arène politique. Il s’est joint au MSM en 1987. Il n’a pas été au Parlement durant la période 1995 à 2000. Son fief c’est le nº 15 La Caverne-Phœnix.