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Les "Corbynistas" savourent leur victoire au congrès du Labour

28 septembre 2015, 15:45

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Les "Corbynistas" savourent leur victoire au congrès du Labour
Encore inconnu il y a quelques mois, le nouveau leader du Parti travailliste britannique Jeremy Corbyn est la star du congrès du parti, où des milliers de nouveaux membres sont venus goûter à ses idées révolutionnaires.
 
Après l'avoir repéré déambulant dans le hall de l'hôtel de Brighton (sud de l'Angleterre) qui accueille la conférence annuelle du Labour, deux de ces adhérents tout neufs se précipitent vers lui pour faire un selfie en sa compagnie.
 
Aussitôt, d'autres "Corbynistas" -le surnom donné à ses fans- s'agglutinent autour du leader radical de 66 ans, chuchotant fiévreusement et prenant des photos. 
 
En l'espace de quelque mois, le nouveau patron du Labour est passé du statut de rebelle, relativement anonyme, à celui de mentor des électeurs de gauche, dopant le nombre d'adhésions au parti d'environ 150.000. 
 
"Lorsque Jeremy Corbyn est arrivé, nous nous sommes dit que c'était un moment formidable pour adhérer", explique Mohammed Hussain, un étudiant de 21 ans. 
 
"Jeremy a conduit une campagne du même style que le "yes we can" d'Obama", ajoute son amie Christina Franklin, 20 ans. "Jeremy est unique en son genre, c'est un politique incroyable", ajoute-t-elle enthousiaste. 
 
"Il a vraiment rassemblé les gens, surtout les jeunes", renchérit Mohammed Hussain. "Les jeunes s'intéressent de plus en plus à la politique. Ce n'est pas un vote de colère, les gens veulent du changement".
 
Mais ce ne sont pas uniquement les jeunes électeurs qui ont été attirés par Corbyn, comme en témoignent le nombre des tempes grisonnantes qui se mêlent aux barbes de hipsters lors de la réception d'accueil des nouveaux membres.
 
- "Différent mais angoissant" -
 
Stewart Whitehead, un infirmier retraité de 59 ans, avait renoncé à son adhésion au Labour sous Tony Blair, Premier ministre entre 1997 et 2007. Il s'y est réinscrit durant la campagne pour élire son nouveau leader après la cuisante défaite d'Ed Miliband aux élections de mai. 
 
"Je pense qu'il va se révéler une très bonne surprise", estime-t-il à propos de Corbyn. 
 
Comme Stewart, Elaine Tiffin s'est réinscrite au parti après la défaite aux dernières élections. "J'étais en larmes", raconte cette sage-femme à la retraite.
 
"J'étais membre dans les années 1970, j'étais très active dans la campagne pour le désarmement nucléaire", ajoute-t-elle, expliquant avoir arrêté après être devenue mère.
 
Jeremy Corbyn "est très calme, très serein, il avance et c'est ce dont on a besoin. Je suis avec lui à 100%", assure-t-elle. 
 
Malgré cet optimisme presque euphorique, l'histoire politique récente du pays suggère que Corbyn n'est pas en mesure de remporter des élections nationales avec ses idées très à gauche.
 
Selon les bookmakers, il ne tiendra même pas jusqu'en 2020 -date des prochaines législatives-, une majorité de l'appareil du parti étant opposée à son programme radical. 
 
Mais Christina Franklin estime qu'il pourrait gagner les faveurs d'une frange plus large des votants s'il se concentre sur le service public de santé, le NHS, et la nationalisation des lignes de chemins de fer. 
 
"Il faut lui laisser du temps", estime-t-elle. 
 
Représentant les deux bouts de la pyramide des âges des nouveaux membres, une mère et sa fille expliquent avoir rejoint le parti travailliste inspirées par les primaires, ouvertes pour la première fois aux sympathisants. 
 
"Nous en avons beaucoup parlé et je me suis décidée lors d'un trajet en vélo", raconte Annie Holme, une universitaire. 
 
Sa fille de 18 ans, Katie, dit avoir voté pour l'un des rivaux de Corbyn, Andy Burnham, mais assure qu'elle soutiendra le nouveau leader pour ramener le Labour au pouvoir. 
 
L'étudiante qui n'a connu que des gouvernements de centre-gauche et de centre-droit, admet "ne pas vraiment savoir quoi attendre" d'un gouvernement de gauche radicale. "Ce serait différent mais aussi angoissant", dit-elle.