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Preeti Doolum: dans le petit coin d’une «gardienne» de toilettes

26 septembre 2015, 17:00

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Preeti Doolum: dans le petit coin d’une «gardienne» de toilettes

Elle nettoie, elle astique, elle balaie. Le nom de son allié : Air Freshner. Le quotidien de Preeti Doolum, 33 ans, consiste notamment à récurer les toilettes. Elle nous met au parfum. 

 

Direction son cabinet, situé à la gare de Rose-Hill. Pour accéder au trône et avoir droit à quelques feuilles savamment cueillies du rouleau de papier toilette, comptez Rs 10. Le sourire et la bonne humeur sont gracieusement offerts. L’accueil est si chaleureux qu’on a une envie pressante de faire un brin de causette. D’ailleurs, ceux qui sont de passage ne s’en privent pas, qu’ils soient là pour un petit tour ou une grosse commission. 

 

Rapide coup d’œil à sa toilette : polo rouge frappé d’un logo, jupe et chaussures confortables. En guise d’accessoire : un rouge à lèvres rouge. Ce n’est pas parce qu’on entretient les toilettes qu’on ne doit pas prendre soin de soi, précise la jeune femme, mère d’un ado de 15 ans.

 

«Dépi désam mo travay isi. Mo bien kontan, éna mouvman, bann dimounn korek.» Qu’en est-il de ceux qui débarquent avec leurs gros sabots encrottés ? Qui repeignent les murs blancs en vert caca d’oie?  «Oui, parfwa éna sovaz ki fer dézord. Mé ki pou fer, bizin netwayé, travay la ki koumsa…» Leur brosse-t-elle la tête? «Non, mo konn handle zot», précise Preeti, en prenant des gants. 

 

En cette fin de matinée de jeudi, le va-et-vient est quasi incessant. Pas le temps de respirer. Son plus gros souci: «Bann dimounn ki pena kass sanzé pou koul dan bwat.»

 

La journée de l’agent d’entretien démarre tôt, très tôt. Le trajet Vacoas–Rose-Hill doit se faire rapidement, elle doit être à son poste à 6 heures pétantes. C’est connu, une vessie remplie, ça n’en fait qu’à sa tête. Une fois sur place, Preeti s’enferme momentanément dans son petit coin à elle. Elle enfile le tablier, s’empare du balai, des chiffons. Les détergents ne font pas de fleur aux vases, qui doivent sentir bon, «pou bann dimounn pa fer néné». Certains y prennent même racine, selon la trentenaire. «Éna pass 2 h tan dan twalet», confie-t-elle entre deux rires.

 

À côté de ses cabinets d’aisance, Preeti se sent à l’aise. L’école, elle l’a abandonnée après le CPE. Les petits boulots, elle les a enchaînés. «Ti pé travay dan lakour dimounn.» Et puis un jour, elle a rejoint l’équipe de cleaners de la municipalité. Elle était chargée de nettoyer le garage de la CNT, avant d’être transférée à Rose-Hill. Et elle s’y plaît. 

 

Qu’en est-il de son salaire ? Le montant est-il digeste ? «Mo gagn Rs 5 000.» Pour les avoir, Preeti travaille ainsi 6 jours sur 7, hormis les dimanches et ceux qui sont fériés. La fatigue, les contraintes ? Elle les balaie d’un revers de la main.

 

Des dizaines de coups de «mop» plus tard, vers18 heures plus précisément, il est temps de fermer boutique. Preeti renfile alors sa tenue de ville, se remet une petite couche de rouge à lèvres. Elle s’en va rejoindre son mari, qui est tailleur «dépi ki li tipti» ainsi que son fils.

 

Tous trois se racontent alors leur journée devant la télé, autour du dîner. Le lendemain, Preeti repart de bon pied, s’occuper des restes des repas de ses «clients» à elle.