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Boulimie, une souffrance sans fin (I)

20 septembre 2015, 09:32

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Boulimie, une souffrance sans fin (I)
Manger, manger, manger. Sans limite. Sans raison, sans avoir faim et sans jamais en tirer quelque plaisir. Mais cela ne s’arrête pas là : pour la « victime », la souffrance est autant physique que psychologique.
 

Qu’est-ce que la boulimie ?

 

La boulimie est un besoin maladif d’absorber de grandes quantités de nourriture.

 

Reconnaître la boulimie

 

La manifestation la plus évidente de la boulimie est ce besoin irrépressible de manger beaucoup et en un temps restreint. Sans aucune limite, l’on ingurgite le sucré comme salé, et dans l’anarchie la plus totale. Il faut manger, un point c’est tout.  C’est une pulsion, un besoin systématique et tyrannique. Tout comme le drogué face à la drogue ou l’alcoolique face à l’alcool, la boulimique (ce sont les femmes qui sont le plus souvent victimes de ce mal) agit de façon irraisonnée face à la nourriture.

 

Elle perd le contrôle d’elle-même. Jusqu’à ce que son estomac et sa gorge endoloris l’empêchent d’avaler quoi que ce soit de plus. C’est alors que survient ce que l’on nomme « l’état de conscience ». La personne victime de boulimie doit alors cesser de manger, à regret. Elle se retrouve face à son «champ de bataille». Tout autour d’elle, des paquets de gâteaux vides, des boîtes de conserves, des emballages divers. Autant d’aliments prêts à l’emploi qu’elle a avalé les uns après les autres.

 

Souvent, la crise s’accompagne de larmes. La personne se dégoûte, se sent honteuse, coupable. Elle pense aux calories qu’elle vient d’ingurgiter, aux kilos qu’elle va prendre. Alors, elle se fait vomir. Se libérant ainsi physiquement et psychologiquement de la crise. Une sorte de remise à zéro des compteurs qui ne lui indique qu’une chose : elle pourra recommencer demain.

 

Et c’est ce qui se reproduit, jour après jour. Parfois même à raison de plusieurs crises dans une même journée. Pour être sûre d’avoir tout éliminé et dans un souci de perfection, la «victime» va user, voire abuser, de laxatifs et de diurétiques.

 

Contrairement à une idée reçue très répandue, les boulimiques ne sont pas grosses. Dans 6 à 7 cas sur 10, ce sont des femmes de poids normal. Mais la perception qu’elles ont de leur propre corps est altérée : elles se considèrent comme grosses, se voient grosses, parfois même obèses. Les boulimiques calculent les calories, sont obsédées par leur balance : la peur de grossir est un élément essentiel de leur trouble.

 

Les signes d’alerte :

 

- Amaigrissement, douleurs récurrentes au ventre et à la gorge, irritabilité (notamment quand les sujets touchent au corps et à la nourriture), déshydratation (peau sèche, ongles et cheveux abîmés), fatigue, vertiges, dents abîmées par les acides gastriques.

 

- Placards qui se vident plus vite que d’habitude, paquets vides ou aliments dissimulés dans la chambre, argent qui disparaît.

 

Les crises sont impressionnantes. Pourtant, il n’est pas rare que les proches mettent du temps avant de se rendre compte de quoi que ce soit. Garder le secret est un enjeu capital pour la malade. De peur que quelqu’un puisse venir entraver le seul remède qu’elle semble avoir trouvé à ses souffrances, elle met en place divers stratagèmes pour ne pas être démasquée. La manipulation et la dissimulation sont les composantes essentielles de la boulimie.

 

Derrière un masque et un sourire trompeurs, la boulimique cache son mal-être et ses faiblesses. Elle connaît l’emploi du temps de ses proches sur le bout des doigts et s’arrange pour être toujours seule au moment des crises, enfermée à l’abri des regards. Dès que la crise est passée, elle en efface toutes les traces : paquets et boîtes vides, odeurs dans les toilettes…

 

Impossible donc de confondre la boulimique avec la simple gourmande. La première n’éprouve aucun plaisir à manger. Elle ne fait que se gaver. Son acte, violent, destructeur et incontrôlé, est seulement le moyen de défense qu’elle a trouvé contre cette sensation de vide qui s’empare d’elle.

 

Comme dans la plupart des autres troubles du comportement alimentaire, elle manque de confiance, d’estime de soi et se sent faible. Elle rejette l’image féminine et souffre d’une peur très forte d’être jugée par autrui. Autant de signes qui montrent à quel point sa souffrance se trouve bien au-delà de son rapport à la nourriture.