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Madagascar : Les mille et un travaux de Lalao Ravalomanana

21 septembre 2015, 16:49

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Madagascar : Les mille et un travaux de Lalao Ravalomanana
 
 
Colossal. L’euphémis­me n’est pas permis pour parler de ce qui attend Lalao Ravalo­manana, officiellement élue maire de la commune urbaine d’Anta­nanarivo (CUA). Bien qu’elle soit la première femme à la tête de la capitale, l’ancienne Première dame n’en est pas moins attendue au tournant et pourrait ne pas bénéficier de période d’essai.
 
«Mes priorités sont le social de la population et la sécurité», a déclaré la nouvelle locataire de l’Hôtel de ville d’Ana­lakely, en marge de la procla­mation des résultats de la province d’Antananarivo, vendredi. Une phrase laconique comme celles auxquelles elle a habitué l’opinion depuis l’annonce de sa candidature.
 
«Avec Lalao Ravalomanana, c’est le travail. Pas de place pour les discours», martèlent ses ouailles, pour la défendre. En attendant les détails de son programme, de prime abord, la salubrité, la réorganisation du transport public, le désengorgement des routes de la capitale et le dossier brûlant des marchands des rues sont, entre autres, les dossiers chauds qui attendent la nouvelle maire.
 
Remettre sur pied une Ville des mille dévastée par des années de crises et asphyxiée au nomdes enjeux politiques et d’anarchie sera sa mission. « La population d’Antananarivo devra, désormais, s’attendre à de la discipline et de l’intransigeance», avancent certains proches de Lalao Ravalomanana, rappelant le tempérament de son époux Marc Ravalomanana, qui en a fait sa marque de fabrique à l’époque où il était maire de la capitale et président de la République. Lalao Ravalo­manana semble miser sur la popularité de son couple pour faire passer les pilules amères aux habitants d’Antana­narivo. Les acclamations à chacun de ses sorties pourraient, cependant, masquer la réalité.
 
Le taux de participation aux communales à Antana­narivo est de 28 %. Certes, elle a une majorité confortable, mais avec juste près de cent mille voix, sur les 625 234 électeurs inscrits. La plus forte abstention est constatée dans les quartiers défavorisés, où se concentrent le gros des votants et des marchands de rue, notamment.
 
Opposition
 
Avec une majorité confortable au conseil municipal, trente et un sièges, les initiatives de Lalao Ravalomanana pourraient passer comme une lettre à la poste. La partie pourrait, toutefois, ne pas être aussi facile. Avec dix-sept conseillers, Lalatiana Rakotondrazafy, de la liste «Freedom», prévient : «Nous voir soutenir la politique de Lalao Ravalomanana est impensable. Nous nous dresserons en opposants et ferons tout notre possible pour contrer toute initiative pouvant entraver la quiétude de la population (…) Elle a toujours fui le débat, nous verrons ce qu’elle fera face au conseil municipal.»
 
Face à la domination du «Tiako i Madagasikara» (TIM), au conseil municipal, la chef de file de « Freedom » pourrait choisir son arme de prédilection, les dénonciations sur la place publique, pour s’opposer à Lalao Ravalomanana.
 
Marc Ravalomanana compte faire des performances de son épouse et du TIM à Antananarivo une rampe de lancement pour la conquête de la présidence de la Répu­blique, en 2018. Question moyens, par ailleurs, la liste TIM a affirmé durant sa propagande avoir des investisseurs à portée de main.
 
Selon certains observateurs, par ailleurs, le fait que la plupart des gros œuvres dans la capitale, comme la réfection des routes ou la gestion des ordures, sont pris en charge par le gouvernement, cela devrait alléger la CUA et lui permettre de se concentrer sur d’autres priorités.
 
«La situation actuelle pourrait convenir à l’État car, il pourra mener ses projets, tout en laissant à la CUA les mesures impopulaires comme les expropriations et démolitions, par exemple», indique un analyste. Les enjeux, social et politique, de sa fonction devraient imposer à Lalao Ravalomanana de déroger à la règle du mutisme et se trouver redevable envers la population. Il faudra, en effet, convaincre ses administrés des raisons et de la portée de ses décisions.
 
Surtout que la large majorité, particulièrement celle concernée par les mesures drastiques de l’assainissement de la ville, a boudé les urnes le 31 juillet, mais sera fortement courtisée en 2018