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Journée mondiale de lutte contre l’Alzheimer: la difficile prise en charge

21 septembre 2015, 14:30

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Journée mondiale de lutte contre l’Alzheimer: la difficile prise en charge

«Remember me.» C’est le thème de la Journée mondiale de lutte contre l’Alzheimer, célébrée lundi 21 septembre. L’association Alzheimer Maurice, présidée par la psychiatre Ameenah Sorefan, organise à cette occasion des journées portes ouvertes les 21, 23, 25 et 29 septembre entre 9 h 30 et 12 h 30. Chaque semaine, le centre de Belle-Rose accueille 65 à 70 malades de l’Alzheimer. Le dernier recensement effectué à Maurice, en 2007, indiquait 6 000 malades. Un chiffre qui a sans doute doublé depuis.

 

Que faire lorsqu’un proche que l’on a tendrement aimé se délite lentement au point d’être physiquement présent mais cérébralement ailleurs ? C’est le dilemme que vivent les nièces d’Arlette Govinden, une septuagénaire atteinte de la maladie d’Alzheimer.

 

Dans les souvenirs d’Anne-Marie Couttee et de Marie-Claude Murthen, nées d’Eau, leur tante Arlette Govinden était d’abord une infirmière attentionnée et compétente. Qui est ensuite devenue une matrone écoutée et respectée. Mais c’est à l’hôpital Brown Sequard que cette dernière termine sa carrière en beauté.

 

Après le décès de sa fille de quatre ans, emportée par une leucémie, et plusieurs fausses couches, la septuagénaire a reporté toute son affection sur ses nièces. «Elle et son mari Guy, qui était inspecteur de police, nous gâtaient beaucoup», se remémorent-elles.

 

Anne-Marie Couttee et Marie-Claude Murthen se rappellent aussi de la bonne vivante qu’elle était. Toujours sur son trente-et-un. Son dada : les sorties et les voyages. «Elle et son époux sortaient beaucoup, vu qu’ils étaient membres d’un club du troisième âge. Ils allaient souvent à la mer et se rendaient régulièrement à l’étranger.»

 

Sauf qu’il y a quelques années, elles constatent que leur tante a des oublis, qu’elle se répète et se néglige. «Elle, qui était toujours tirée à quatre épingles, ne voulait plus s’habiller.»

 

«Son cerveau n’est plus là»

 

Si elles tentent d’attirer l’attention de son mari, celui-ci refuse l’idée que sa femme puisse être malade. Ce n’est que lorsqu’Arlette Govinden commence à perdre ses mots, à bégayer et à s’enfermer dans un mutisme qu’elles réussissent à le convaincre de l’emmener chez un médecin. C’est le neurologue Dominique Lam Thuon Mine qui l’ausculte. Le CT Scan effectué révèle un rétrécissement du cerveau et l’Alzheimer.

 

Guy Govinden refuse alors de prendre une garde-malade. C’est leur employée de maison qui est chargée de veiller sur sa femme une fois sa journée de travail terminée. Les deux nièces sortent leur tante pour l’égayer, histoire de la sortir de sa routine. Elles l’emmènent chaque semaine au centre de l’association Alzheimer à Belle-Rose.

 

Mais l’état de santé d’Arlette Govinden se détériore graduellement. Ce qui met à mal celui de son mari. Guy Govinden tombe malade et décède en janvier dernier. C’est Anne-Marie Couttee, après concertations, qui prend sa tante chez elle. Depuis, elle et sa soeur assistent, impuissantes, au déclin de l’état de santé de leur tante. «Jusqu’à l’année dernière, elle mangeait et tentait de s’habiller seule. Depuis la mort de Guy, rien ne l’intéresse. Elle, qui était autrefois si active, ne réagit plus. Il faut tout faire avec elle car autrement, c’est la négligence totale. Physiquement, c’est encore notre tante mais son cerveau n’est plus là.»

 

Un mal héréditaire?

 

Anne-Marie Coutten avoue qu’il arrive parfois que sa tante fasse l’enfant. Elle déroule, par exemple, entièrement le rouleau de papier aux toilettes. «Nous nous armons de patience et nous occupons d’elle de tout notre coeur car elle a beaucoup fait pour nous.»

 

Toutefois, les deux soeurs ont des appréhensions par rapport à l’évolution de la maladie de leur tante. D’autant plus qu’une autre soeur de leur mère, une matrone à la retraite aussi et souffrant également de l’Alzheimer, est aujourd’hui alitée. «On se demande comment cette maladie va évoluer chez Arlette. C’est incompréhensible : c’était une intellectuelle qui lisait et se documentait beaucoup. Elle adorait faire les mots fléchés.»

 

Elles ont plein d’interrogations et appréhendent que ce mal puisse être héréditaire. «J’aurais voulu savoir si on peut prévenir l’Alzheimer, s’il y a un remède, pourquoi elle attaque une personne et pas une autre de la même famille. Nous nous raccrochons à l’idée que notre mère est en pleine forme et que nous serons peut-être épargnées…»