Publicité

Migration circulaire: des Mauriciens menacés de déportation au Canada

19 septembre 2015, 19:31

Par

Partager cet article

Facebook X WhatsApp

Migration circulaire: des Mauriciens menacés de déportation au Canada

«Assez bons pour travailler, assez bons pour rester.» C’est le slogan inscrit sur la banderole brandie, jeudi, par une vingtaine de Mauriciens. Tous ont émigré au Québec en 2011 à travers le programme de migration circulaire. Ils sont descendus dans la rue, à Terrebonne, après avoir appris que le profil des postes qu’ils occupent là-bas a été revu. Résultat : il se pourrait qu’ils doivent quitter leur pays d’accueil d’ici à la fin du mois. Sinon, ils risquent d’être déportés…

 

En fait, tous ces Mauriciens travaillent comme bouchers-coupeurs de viande et poissonniers à l’usine de production de viande Olymel, à St-Esprit, au Québec. Métier qui était classé dans le Code national des professions et qui figurait dans une catégorie spécialisée du programme de l’expérience québécoise (PEQ). Ce programme permet aux expatriés d’entamer des démarches pour l’obtention d’un permis permanent de résidence.

 

Sauf que le statut du poste qu’occupent les Mauriciens a été revu. Selon la presse canadienne, il s’intitule désormais «boucher industriel». Du coup, l’ancienne appellation de leur poste n’est plus reconnue par le PEQ. C’est avec le changement de gouvernement au Québec, l’an dernier, que les règlements ont été modifiés. La liste des métiers reconnus par le Code national des professions a également été revue.

 

«Selon les nouveaux règlements, nous ne pouvons pas faire plus de quatre ans au Québec. Pour certains, le contrat arrive à échéance en septembre 2015. Pour d’autres en novembre», explique Francisco Mootoo, un ancien habitant de Baie-du-Tombeau qui vit au Québec depuis 2012. «Notre contrat de travail a commencé en 2011 mais nous sommes arrivés début 2012.» Il ajoute que les Québécois les ont accueillis à bras ouverts et que leurs employeurs sont satisfaits de leur performance.«Nous voulons rester parce que nous nous sommes construits une vie ici.»

 

C’est donc un véritable coup de massue pour ces Mauriciens qui aspiraient à un avenir meilleur au Canada. Sur le site Web tvanouvelles.ca, qui a couvert la manifestation de jeudi, l’on peut voir une vidéo des témoignages de nos compatriotes qui devront tout recommencer à zéro.

 

À l’instar de Vishwan Rubee, originaire de l’est de Maurice. Cela fait six ans que ce père de famille vit au Canada. Il vient d’apprendre que sa demande pour un permis de résidence a été rejetée. Marié à une Québécoise, avec laquelle il a deux enfants, il se dit dépité. «Je dois rentrer à Maurice alors que mes deux enfants resteront ici. Cela me fait mal au coeur. J’ai fait toutes les démarches et ça ne marche pas. Je ne sais plus quoi faire», a confié Vishwan Rubee à tvanouvelles.ca.

 

Contacté par l’express, son frère, Rakesh Rubee, qui est à Maurice, se dit sous le choc. «Il nous a appelés au début du mois pour nous dire qu’il venait de faire sa demande de permis. Il était confiant. Comment va-t-il faire ?»

 

Nous avons sollicité l’ancien ministre du Travail, Shakeel Mohamed, qui s’était occupé du programme de migration circulaire en 2011. Il affirme qu’il a rendu visite aux Mauriciens au siège de l’usine Olymel à St-Esprit. Avec le changement de gouvernement, a-t-il souligné, il aurait fallu relancer les négociations qui avaient commencé sous son mandat. «J’ai transmis le dossier au nouveau ministre du Travail en précisant bien le contexte et la nécessité de relancer les négociations. C’est malheureux ce qui se passe mais il n’est pas trop tard.»

 

Selon lui, le ministre actuel peut encore intervenir. Il suffit, dit-il, de se rendre au Québec et de négocier. «Je suis disposé à aider et je sais que le ministre Callichurn et moi sommes sur la même longueur d’onde à ce sujet», a déclaré Shakeel Mohamed. Également sollicité hier soir, le ministre Soodesh Callichurn était cependant injoignable.