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Jour "historique" pour Airbus et ses premiers avions "Made in USA"

15 septembre 2015, 07:31

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Jour "historique" pour Airbus et ses premiers avions "Made in USA"
Journée "historique" pour Airbus: l'avionneur européen a inauguré lundi la production de ses premiers avions aux Etats-Unis, espérant gagner des parts de marchés dans le fief de Boeing et réduire ses coûts.
 
"Airbus est dorénavant un véritable avionneur américain", s'est réjoui le patron du groupe Fabrice Brégier, sous les applaudissements nourris des 260 salariés qui vont travailler dans cette nouvelle usine d'assemblage basée à Mobile (Alabama, sud) et sur laquelle flotte le drapeau américain.
 
En guise de symbole, la queue du premier avion devant sortir de cette usine était ornée lundi de l'inscription: "This aircraft proudly made in the USA by the Worldwide team of Airbus" (Cet appareil a été fabriqué avec fierté aux Etats-Unis par les équipes internationales d'Airbus).

- "Entreprise américaine" -

Située sur l'ancienne base militaire de Brookley où étaient construits des avions de la Seconde Guerre mondiale et à proximité des restes des Chantiers navals, l'usine américaine d'Airbus est un complexe de 47 hectares dont la moitié est bâtie.
 
Des appareils de la famille du monocouloir A320 (A319, A320 et A321), son best-seller, y seront assemblés. A partir de 2017, ce sera au tour de l'A320 Neo, la version remotorisée et plus économe en carburant.
 
Airbus table sur quatre avions assemblés par mois à partir de 2018, soit 40 à 50 par an. Mais l'avionneur souligne qu'il a les capacités d'en assembler huit par mois.
 
Le premier appareil sera livré au printemps 2016 à la compagnie aérienne américaine JetBlue.
 
Au pic de la production, Mobile dont la construction a coûté 600 millions de dollars, comptera un millier d'employés, promet Airbus.
 
Sur un site voisin, un Boeing 757 appartenant à la société de logistique FedEx, qui est en train d'être transformé en avion cargo, est témoin de ce débarquement d'Airbus sur ce qui a toujours été considéré comme le pré carré de Boeing, constructeur de Seattle (ouest).
 
En s'implantant à Mobile, Airbus, qui estime à quelque 5.000 la demande pour de nouveaux avions en Amérique du nord dans les 20 prochaines années, espère jouir d'un argument commercial de poids auprès des compagnies américaines qui sont en train de renouveler leurs flottes.
 
Il y a trois ans, sa part de marché aux Etats-Unis était de 20%, contre 80% pour Boeing. Depuis l'annonce de Mobile, elle est passée à 40%, avance le groupe.
 
"Le message pour Boeing est que "Nous sommes là pour rester. Nous sommes également une entreprise américaine"", a déclaré pour sa part Tom Enders, le directeur général d'Airbus Group, maison mère d'Airbus.
 
Cette implantation aux Etats-Unis, plus grand marché au monde des avions monocouloirs, "nous donne plus de souplesse pour accroître la cadence de production et de répondre à la demande mondiale", renchérit Fabrice Brégier.
 
Produire en zone dollar, monnaie dans laquelle sont vendus les avions, permettrait à l'avionneur européen de moins s'exposer aux fluctuations de la parité euro/dollar, selon les analystes.

- Charges faibles -

Pour accueillir le constructeur, l'Etat de l'Alabama, qui a un taux de chômage au-dessus de la moyenne nationale, a déroulé le tapis rouge: 150 millions de dollars de subventions publiques (abattements fiscaux et aides directes), selon le maire de Mobile Sandy Stimpson.
 
"Aujourd'hui est un grand jour pour Mobile et tout l'Etat de l'Alabama", s'est réjoui lundi le gouverneur Robert Bentley.
 
Ville portuaire de 195.000 habitants, Mobile est aussi connue pour ses charges sociales salariales faibles et un salaire minimum parmi les plus bas des Etats-Unis.
 
"Mobile fait pression sur les syndicats en Europe parce que le coût de la main-d'oeuvre est moins cher en Alabama", explique Richard Aboulafia, chez Teal Group Corporation.
 
Airbus, qui espère par ailleurs effacer l'échec des avions ravitailleurs de 2011, assure qu'il n'y aura pas de délocalisation d'emplois de l'Europe vers les Etats-Unis, la plupart des pièces des avions étant fabriquées sur le Vieux Continent.