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Démographie : l’immigration «nécessaire» pour atteindre la Vision 2030

13 septembre 2015, 16:31

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Démographie : l’immigration «nécessaire» pour atteindre la Vision 2030

Faire de Maurice un pays à hauts revenus d’ici 2030. C’est le principal objectif de l’Economic Mission Statement présenté le mois dernier, mais plusieurs économistes font ressortir que le pays aura à faire face à un problème démographique majeur. Les derniers chiffres de Statistics Mauritius ne font que confirmer une tendance observée depuis des années : le taux de natalité continue de baisser.

 

En même temps, les Mauriciens vivent de plus en plus longtemps. De ce fait, la population vieillissante est de plus en plus importante. Face à la combinaison de tous ces facteurs, une des solutions qui pourraient aider les dirigeants à atteindre leur vision d’ici 2030 serait de considérer la main-d’oeuvre étrangère.

 

C’est ce que confirment l’actuaire Ashok Prayag et l’ancien ministre des Finances Rama Sithanen. «L’immigration est une solution. Dans quelques années, le manque de main-d’oeuvre se fera sentir et si nous n’avons pas les compétences recherchées, il faudra qu’elles viennent d’ailleurs», soutient ce dernier.

 

Une solution qui pourrait être nécessaire dans tous les secteurs. Cela, surtout si le manque de main-d’oeuvre est généralisé. Ashok Prayag fait ressortir que «Maurice devra, petit à petit, se débarrasser de son hostilité à voir arriver des travailleurs étrangers». Et d’expliquer : «Le pays aura besoin des compétences étrangères pour soutenir son développement.»

 

Une autre option est de repousser l’âge de la retraite. Pour Ashok Prayag, cela permettrait de retenir les compétences qui sont déjà sur le marché du travail. «Il faudrait également décourager la retraite précoce. C’est un autre moyen d’augmenter la masse ouvrière.»

 

Les deux intervenants estiment également qu’il serait possible que le programme de contrôle de naissances ait trop bien marché. À cela, la présidente de la Mauritius Family Planning Vidya Charan affirme que le sujet a été porté à débat au sein de l’organisme.

 

«Nous sommes conscients que le taux de fécondité est 1,4 alors que le taux de remplacement est de 2,1. Il y a comme un mismatch et nous voulons régler ce problème en encourageant ceux qui peuvent soutenir les besoins d’une famille nombreuse de faire plus d’enfants», souligne-t-elle.

 

Le problème est qu’un taux de natalité en baisse couplé à une population vieillissante grandissante entraînerait notamment des taxes plus lourdes pour les contribuables. Il s’agit, en effet, de financer une plus grande pension de vieillesse. «Qui dit plus de personnes âgées dit plus de pensions et les pensions sont payées par les contribuables. Pour soutenir une population vieillissante, il faudra passer par une fiscalité plus importante», assure Rama Sithanen.

 

Il y a aussi la pension des fonctionnaires, également payée par l’État. Ashok Prayag fait valoir que cet élément pèsera lourd lui aussi dans le budget de l’État. «D’autant plus que la pension contributive n’est déjà pas suffisante, actuellement», avance-t-il.

 

De plus, la réduction de la masse ouvrière est un problème qui se fera sentir bien avant 2030, juge Rama Sithanen. Il indique que dans les années 60, le taux de fécondité était de 6 enfants par femme.

 

«À présent il est de 1,4 et ce taux va continuer à baisser pour diverses raisons. D’un autre côté, nous prévoyons une croissance de la population de 0,3 % en 2015 et d’ici 2030, elle sera largement inférieure», déclare-t-il. Sans compter que l’espérance de vie est passée de 59 ans en 1960 à 75 ans, à présent.

 

L’État devra également s’occuper de la santé de ses personnes âgées. Ashok Prayag affirme que les frais additionnels ne seront pas négligeables et qu’une fois de plus, c’est du budget que ces frais seront puisés.