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À quoi servent les ateliers d’écriture pour les jeunes ?

4 septembre 2015, 17:49

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À quoi servent les ateliers d’écriture pour les jeunes ?
Amarnath Hosany, auteur d’une dizaine de livres de littérature jeunesse, parle de son expérience en tant qu’animateur de plusieurs ateliers d’écriture pour les jeunes à l’île Maurice, à Rodrigues et à La Réunion.

 

AmarnathHosany raconte que tout a commencé en 2003, juste après la parution de son premier conte. «Le président de l’association SCAS Academy m’a invité à intervenir auprès des enfants dans un camp de vacances. Cette rencontre a été une riche expérience. À la suite des échanges, le président m’a proposé de rejoindre son équipe. Ainsi, chaque samedi, je me trouvais à Surinam pour animer un atelier d’écriture.»

 

En 2007, il a participé à une série d’activités organisée par la bibliothèque de la municipalité de Quatre-Bornes et a conduit un atelier d’écriture destiné aux élèves de la Std V et du Certificate of Primary Education. La question qui se pose : comment redonner le goût de la lecture à des enfants qui confondent livres de fiction et manuels scolaires ?

 

En 2008, il est invité par la mairie de Sainte Suzanne (La Réunion) au «Jardin Littéraire» organisé par l’Office municipal de la culture et du temps libre. Il intervient dans 11 écoles où il explique comment se fait l’écriture d’un conte/d’une nouvelle. Au cours de la même année, le Centre Charles Baudelaire l’envoie à Rodrigues pour animer un atelier d’écriture destiné aux élèves du secondaire et dont le but est de les initier à l’écriture de contes/nouvelles.

 

Invité par l’ADBEN de La Réunion en décembre 2008, il profite de la rencontre avec des élèves de CM2 pour leur donner des éléments de base pour écrire un conte. «Une invitation de l’association ‘La Réunion des livres’ pour une tournée dans le réseau de lecture publique de La Réunion me permet de rencontrer des élèves dans des bibliothèques et des médiathèques. J’ai encore une fois l’occasion d’initier les enfants à l’écriture des contes

 

En 2013, l’École du Centre lui demande d’animer un atelier avec les élèves de CM2 et en 2014 il est sollicité à nouveau pour encadrer les élèves qui participent au concours littéraire «Elizabeth Boullé», organisé par l’école. Il fait également deux interventions au Couvent de Lorette de Vacoas sur les éléments de base pour la construction d’un conte. «Les élèves s’amusent à créer des personnages et chacun décrit une forêt selon sa vision du lieu.»

 

Amarnath Hosany n’oublie pas son engagement auprès de la Fondation pour l’Interculturel et la Paix qui, pour mieux encadrer les enfants démunis de Bambous, introduit des ateliers de théâtre, de slam, de musique, de danse, de peinture et une initiation à l’écriture de conte et de poésie. «On doit reconnaître qu’il était difficile au début de demander à ces enfants d’écrire. On a débuté par l’expression orale pour passer graduellement à l’écriture.»

 

Objectifs, public et bilan

 

Toutes les associations/institutions ont presque les mêmes objectifs et leurs activités visent le progrès de l’enfant. SCAS Academy oeuvre pour le développement intégral de l’enfant. Le but de la campagne de la municipalité de Quatre-Bornes est de promouvoir la lecture. La Réunion des livres, association interprofessionnelle des métiers du livre, a comme objectif de faire la promotion du livre et de la lecture.

 

Quant à l’ADBEN, l’association des enseignants documentalistes de la Réunion, son objectif est de promouvoir la littérature jeunesse. Les ateliers à l’École du Centre ont pour but de produire un conte écrit par les élèves. Les activités de la FIP s’articulent autour de l’empowerment des enfants démunis à travers des ateliers à caractère culturel.

 

En ce qui concerne le public qui participe à ces ateliers, Amarnath Hosany déclare qu’il est très varié : élèves du primaire et du secondaire, milieux aisés et défavorisés. C’est le cas à La Réunion, à Rodrigues et à Maurice aussi. «Par exemple, j’ai été à l’école primaire Baichoo Madhoo et à l’école de Candos, deux institutions de niveaux et de milieux complètement différents.» Tout comme les enfants de l’École du Centre et ceux de Bambous, qui ne sont pas issus des mêmes classes sociales. «Il faut souligner que l’approche et la façon dont les ateliers sont conduits tiennent compte de ces spécificités. Pour ceux qui ont des difficultés à écrire, on commence par l’expression orale et les illustrations.»

 

Quel est le bilan de ces ateliers ? «Au SCAS Academy, il fallait se focaliser sur la production. Mon rôle était de faire de sorte que les enfants arrivent à présenter une histoire. Le but a été atteint, car on a pu découvrir la créativité des enfants et la richesse de leur imagination. On a même eu droit à des contes illustrés. Dans les écoles primaires de Quatre-Bornes, très vite, des personnages furent créés, des lieux inventés et des histoires structurées. Si certains étaient à l’aise avec les mots, d’autres s’exprimaient à travers des dessins. Dans certaines écoles, ceux qui avaient des difficultés à écrire maîtrisaient par contre l’artde raconter des histoires oralement.» Amarnath Hosany rappelle qu’à la fin de cette expérience, des élèves de Baichoo Madhoo GS, de Sir V.Ringadoo GS et de Candos GS, ont eu l’occasion de participer à l’émission «Zenfan Soley» en direct sur les ondes de la MBC pour raconter leurs histoires.

 

Il souligne l’intérêt et l’engouement chez les enfants de la Réunion également. «Résultat : je reçois au mois de décembre de 2012, six contes illustrés par les élèves de l’École Application de Belle Pierre. Du côté de l’École du Centre, les rôles étaient bien définis. La première classe a travaillé sur la création des personnages et a écrit l’introduction. La deuxième classe a développé la trame alors que la troisième a conclu l’histoire. Avec l’aide des profs, ils ont produit un livre artisanal illustré ‘Les aventures de Pikou’. Une expérience très enrichissante. Il faut souligner que les enfants de Bambous, quoique venant de milieux difficiles, avaient aussi beaucoup d’histoires à raconter. Avec un peu de persévérance et un encadrement approprié, ils ont pu les mettre en mots et produire des textes de qualité.»

 

Par ailleurs, Amarnath Hosany met l’accent sur l’importance de l’écriture pour un jeune : «Quand un jeune écrit, c’est lui qui met en place l’itinéraire du voyage auquel il invitera le lecteur à participer. Il va créer un personnage principal attachant. Puis, il inventera un monde dans lequel il fera évoluer son personnage. Tout comme son personnage, il y aura aussi une certaine évolution chez lui. Cet exercice, tout en faisant travailler son imaginaire, l’aide à surmonter ses craintes, à dompter ses émotions. Cela lui permet également d’aiguiser son sens de la créativité, à prendre de l’assurance, bref à bâtir sa personnalité.»

 

L’auteur du conte Le Facteur, récemment primé au Festival du livre insulaire à Ouessant, confie que sa participation aux ateliers d’écriture pour les jeunes lui permet de partager son expérience et sa passion d’auteur avec ces jeunes. «Le fait même de me retrouver souvent dans ce rôle d’animateur consolide ma détermination de continuer l’aventure. D’une part, lorsque je constate que mes interventions suscitent un engouement pour l’écriture chez ces jeunes, je ne peux qu’être comblé. D’autre part, cela enrichit ma propre créativité puisque je côtoie d’autres sensibilités, d’autres visions. Je me rends compte que l’expérience mérite d’être renouvelée et encouragée. Il est indéniable que ces rencontres avec les enfants contribuent à élargir mon lectorat, ce qui est le souhait de tout auteur.»

 

Et la lecture ? Amarnath Hosany rappelle également qu’il participe activement à la promotion de la lecture dans les écoles. «Les institutions qui organisent des ateliers d’écriture militent pour la promotion de la lecture. Je pense qu’il faudrait accentuer ces efforts au niveau national. Il est souhaitable que les autorités concernées investissent davantage dans cette campagne pour redonner le goût de la lecture à nos jeunes. Malgré tout ce que disent les chiffres par rapport au nombre de lecteurs dans le pays, je demeure optimiste. La dernière activité à laquelle j’ai participé me le prouve. En effet, faisant partie du jury du Jean-Fanchette des jeunes 2015, j’ai pu constater que la production au niveau de l’écriture est considérable : 32 envois en deux mois et des textes de bonne qualité. Si les jeunes écrivent, ils doivent bien lire !»