Publicité

Projet de loi sur les pharmacies: les autorités s’attaquent aux abus

8 septembre 2015, 20:07

Par

Partager cet article

Facebook X WhatsApp

 Projet de loi sur les pharmacies: les autorités s’attaquent aux abus

Le ministère de la Santé aurait agi en catimini. C’est du moins le sentiment des pharmaciens, alors que le Pharmacy Council Bill devrait être présenté à l’Assemblée nationale la semaine prochaine. Ils déplorent le fait qu’il n’y a eu aucune consultation au préalable. Du côté du ministère de la Santé, on explique que ce projet de loi vise à contrôler les abus et mauvaises pratiques dans le secteur, tels que la vente abusive de psychotropes ou de sirops contre la toux.

 

L’un des objectifs du Pharmacy Council Bill est de créer un Conseil de l’ordre des pharmacies, à l’instar du Medical Council. Cette instance aura pour tâche, entre autres, de veiller à ce que les pharmacies opèrent dans la rigueur et dans la discipline. Interrogé par l’express, le ministre Anil Gayan déclare qu’il y a un besoin de régulariser ce secteur.

 

Parmi les «anomalies» décelées : la forte concentration de pharmacies dans une région. «Il y a environ 208 pharmacies en opération dans le pays. Dans certaines régions, il y en a beaucoup trop, souligne, de son côté, une source au sein du gouvernement. C’est pour cette raison, parfois, que les pharmacies choisissent de vendre des psychotropes ou sirops sans prescription pour se faire de l’argent.» En effet, dans plusieurs régions de l’île, certaines pharmacies continuent à vendre des sirops contre la toux à des toxicomanes à des prix élevés.

 

Qui plus est, ajoute la source, dans bien des cas, des pharmacies sont gérées par des non-pharmaciens, voire des businessmen. Or, ces derniers «ne connaissent rien au monde de la pharmacie».

 

«Nous avons l’impression d’avoir été mis à l’écart»

 

Cependant, du côté des pharmaciens, ce projet de loi est loin de faire l’unanimité. «Pourquoi avoir caché ce projet de loi pendant tout ce temps ? Beaucoup de jeunes pharmaciens n’ont pas les moyens d’ouvrir une pharmacie, ils sont forcés de travailler dans des pharmacies appartenant à des hommes d’affaires», lance un pharmacien de la capitale.

 

Norina Sookmoulla, la présidente de l’Association des pharmaciens, déplore le fait que le ministère de la Santé n’a accordé que 24 heures aux pharmaciens pour donner leur opinion sur le projet de loi. «C’est trop peu ! Nous avons l’impression d’avoir été mis à l’écart alors que nous sommes tous concernés par ce projet de loi. Aucune consultation n’a eu lieu au préalable.» D’autant plus que le projet de loi présente des anomalies, dont le fait qu’il permet d’employer des pharmaciens étrangers. Or, fait ressortir Norina Sookmoulla, il y a déjà un surplus de pharmacies dans le pays.

 

«Bouledogue sans dents»

 

Tant que la Pharmacy Act ne sera pas amendée, le Pharmacy Council Bill sera un «bouledogue sans dents». C’est du moins ce qu’estime Kentis Sooriamoorthy, pharmacien du privé et ancien président de l’Association des pharmaciens du privé. Selon lui, plusieurs éléments déjà présents dans la Pharmacy Act se retrouvent dans le nouveau projet de loi. «C’est bien d’avoir un conseil de l’ordre des pharmaciens mais là le ministère de la Santé met la charrue avant les bœufs», lâche-t-il.

 

Et s’il se dit conscient que des «brebis galeuses» continuent à opérer, Kentis Sooriamoorthy fait valoir que le Pharmacy Council Bill ne résoudra pas de façon efficace ce problème. À moins, indique-t-il, que la Pharmacy Act soit amendée structurellement.