Le noir total. La société Enelec a décidé d’arrêter le fonctionnement de ses groupes électrogènes. De ce fait, elle ne fournit plus d’électricité pour la ville d’Antsiranana et ses environs, depuis hier matin. Cette décision serait liée à l’existence de plusieurs milliards d’Ariary d’arriérés de l’État envers cette société privée. Asphyxiée, l’entreprise a choisi la solution extrême en mettant  ses groupes à l’arrêt. Aucun quartier n’est épargné par la coupure, y compris les zones dites sensibles et administratives. Conséquence, toutes les activités tournent au ralenti, certaines sont même en arrêt total. Pour l’heure, le calme règne encore dans la ville  mais la grogne commence déjà à monter au sein de la population.

Par ailleurs,  Gatien Horace, ministre de l’Énergie et des Hydrocarbures a décidé de signer une lettre de réquisition de matériel dans le but de remettre en marche les groupes. Mais selon une source locale,  malgré la présence des éléments de l’Emmoreg (État-major mixte opérationnel régional), les responsables locaux de l’entreprise refusent d’abdiquer, tant que la direction générale d’Enelec de la capitale ne les avise de sa décision.

Nouveaux contrats
«Pour l’heure, l’électricité reste coupée dans toute la ville», témoigne un habitant d’Antsiranana joint au téléphone, tard dans la soirée d’hier. Les problèmes de non-paiement des fournisseurs privés de la Jirama ne datent pas d’aujourd’hui. Le cas d’Enelec n’est qu’un exemple parmi tant d’autres car la plupart des prestataires de cette société d’État rencontrent également le même problème. 

Mais visiblement, l’État habitué au silence des opérateurs, ne  s’attendait pas du tout à cette réaction extrême d’Enelec à Antsi­ranana. Selon les informations, les arriérés s’élèvent à des dizaines de milliards d’Ariary dont certains remontent à plusieurs mois. Par contre, le contrat entre Enelec et la Jirama pour l’approvisionnement en électricité de  la ville  a également expiré le 31 août dernier et n’a pas été renouvelé. Malgré cela, la société avait continué à poursuivre l’approvisionnement jusqu’à hier.

Pourquoi cette décision d’autant plus que, visiblement, la Jirama n’a pas de plan B pour remplacer Enelec. Ces informations qui n’ont pas été confirmées par la Jirama, évoquent l’existence de nouveaux contrats avec de nouveaux fournisseurs qui utilisent du gazole.

En tout cas, la situation à Antsiranana démontre l’état catastrophique de la situation actuelle de la Jirama. Sans parler du cas d’Antananarivo qui subit quotidiennement le délestage tournant pour lequel la fin du calvaire est encore très loin. Malgré l’ampleur du problème, le directeur général de la Jirama, pour sa part, est invisible et refuse de sortir de son mutisme depuis plusieurs semaines pour donner quelques explications ou, du moins rassurer ses abonnées. Sa dernière sortie médiatique remonte à l’époque de la signature du contrat avec Symbion Power.