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Hôtel à La Cambuse: le projet est-il si néfaste ?

16 août 2015, 14:53

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Hôtel à La Cambuse: le projet est-il si néfaste ?

Depuis l’annonce de la construction d’un hôtel cinq-étoiles à La Cambuse, des voix, dont celles des écologistes, s’élèvent contre sa mise en œuvre. Mais sera-t-il vraiment néfaste ? Si non, en quoi pourrait-il vraiment être bénéfique ? Tour d’horizon.

 

PLUSIEURS AVANTAGES SONT À NOTER

1.      Cela facilitera l’accès des Mauriciens à la plage publique

Les promoteurs financeront une nouvelle route à hauteur de Rs 70 millions afin de permettre aux Mauriciens d’avoir un meilleur accès à la plage publique. La nouvelle route goudronnée fera 7 mètres de large et s’étendra sur une distance de 1,2 km. Elle comprendra des réserves pour les piétons ainsi que plusieurs terre-pleins pouvant accueillir de futurs arrêts de bus.

Des lampadaires y seront installés, rendant cet endroit plus sûr la nuit. Construite sur une portion de terrain privé, cette route sera mise dans le domaine public à terme. Cette jonction desservant la plage publique facilitera grandement la circulation vers La Cambuse. «À aucun moment la modification de la plage publique n’a été dans nos plans ou dans les conditions de notre bail. Il y a eu des informations complètement erronées qui ont circulé à ce sujet et nous souhaitons rétablir les faits», affirme d’ailleurs un des promoteurs.

 

2.      Plus d’emplois seront créés

 Les investissements, de l’ordre de Rs 2,7 milliards dans ce projet, contribueront sans aucun doute à redynamiser durablement l’économie dans cette partie de l’île. Notamment en termes d’emplois. En ce qui concerne Le Chaland Resort, quelque 300 emplois directs et 600 emplois indirects seront créés, et le recrutement donnera, à compétences égales, la priorité aux habitants de la région. Par ailleurs, durant la construction de l’hôtel, jusqu’à 800 emplois seront disponibles.

 

3.      La protection du parc marin

 Le projet intègre complètement l’aspect environnemental en s’associant avec des experts en la matière avec le premier setback (zone tampon non constructible) de 100 mètres pour un projet hôtelier à Maurice (la pratique courante est de 30 mètres). Autre point important : les eaux usées provenant des infrastructures publiques sises sur le site de La Cambuse seront canalisées vers la station d’épuration de l’hôtel. Pour le moment, celles-ci sont déversées dans le parc marin. Un programme de réhabilitation des dunes de sable et la plantation de jusqu’à 7 500 arbres sont aussi au programme.

 

4.      Un projet avec un intérêt national

Ce projet s’inscrit dans la stratégie de diversification du Groupe Currimjee Jeewanjee à Maurice et représente un acte de foi en l’avenir de notre pays. Le groupe, qui existe depuis 125 ans, est un investisseur possédant une vision à long terme. C’est un développement durable de ses activités et non un rapide retour sur investissement que recherchent ses actionnaires.

 

OR, LES DÉSAVANTAGES NE SONT PAS NÉGLIGEABLES

 

1.      19 des 31 arpents de «Defence land» accaparés

Les promoteurs veulent faire croire que le développement ne va pas réduire la superficie de plage publique mais en fait, ils s’approprient 19 des 31 arpents de Defence Land. Ils comptent reconstruire les locaux de la National Coast Guard (NCG) et, du coup, ce bâtiment va empiéter sur plus d’un arpent de plage publique.

Comment l’État a-t-il accepté de céder des terres de Defence Land ? C’est là une des principales interrogations des contestataires. Yan Hookoomsing, membre de la Platform Sov Nou Laplaz, estime que la même politique qui a été appliquée pour Jayraj Woochit devrait s’appliquer à tous. Ce dernier avait été contraint de détruire son boathouse construite sur les terres de la NCG, à Trou-aux-Biches.

 

2.      Les activités touristiques seront affectées

La dégradation du parc marin sera néfaste pour les activités touristiques existantes, et portera un coup désastreux à la réputation de notre pays en tant que destination de marque. Les contestataires affirment également que si Maurice en venait à perdre la reconnaissance du parc marin par le Comité Ramsar, ce serait également un coup dur pour le pays.

 

3.      La faune et la flore en danger

Selon les ONG, si les autorités ne freinent pas ce projet, il aura un impact destructeur sur le parc marin de Blue-Bay, un site pourtant classé sur la liste mondiale de la Convention Ramsar. Les contestataires au projet affirment que 50 % des coraux présents dans le parc marin de Blue-Bay sont morts. Une situation qui serait due au nombre d’activités nautiques dans cette zone.

 Sans compter la prolifération d’algues, occasionnée par l’acheminement d’eau de pluie transportant des fertilisants utilisés dans les champs qui se trouvent non loin du parc marin. Pour les militants écologistes, la construction de l’hôtel à 100 mètres du High Water Mark n’empêchera pas la contamination du lagon, qui sera davantage asphyxié par les fertilisants et pesticides provenant des jardins de l’hôtel.

 

4.      Trop de béton sur nos plages

Il y a trop d’hôtels et déjà trop de béton à Maurice, estiment les experts. Et la plage de La Cambuse n’a pas besoin d’un projet hôtelier. Au lieu de cela, il faudrait miser sur des projets qui ont un cachet local. C’est ce que recherchent les touristes. Les promoteurs auraient pu construire leur hôtel cinq-étoiles sur les terres  qu’ils possèdent, arguent les contestataires.