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[Vidéo] «Miracle économique» 1983 - 1990: Maurice racontée par ses acteurs

16 août 2015, 10:05

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[Vidéo] «Miracle économique» 1983 - 1990: Maurice racontée par ses acteurs

Harold Mayer, CEO de Ciel Textile, raconte que cette période a surtout contribué à l’émancipation de la Mauricienne, grâce aux emplois dans les usines textiles. Lindsay Rivière, fondateur de Business Mag, revient sur les décisions du trio Anerood Jugnauth-Gaëtan Duval-Vishnu Lutchmeenaraidoo. Ashok Subron, lui, émet des réserves quant au terme «miracle», et évoque les conditions externes ayant permis cette croissance. Il explique que les Mauriciens ont progressé grâce aux «petits salaires» que touchaient plusieurs membres d’une seule et même famille.

 

Dans «Maurice racontée par ses acteurs», vous  trouverez des photos inédites de l’histoire économique de Maurice.

 

 

 

La Dream Team d’antan

 

Vishnu Lutchmeenaraidoo

 

Fraîchement installé dans le fauteuil de grand argentier, Vishnu Lutchmeenaraidoo souhaite d’abord se démarquer de son prédécesseur, Paul  Bérenger, qui a occupé ce poste durant neuf mois seulement. Face à une politique dite d’austérité, imposée par la Banque mondiale et le FMI, le gouvernement Jugnauth parvient, à l’époque, à assouplir ce programme sévère en privilégiant la croissance et la création d’emplois.

 

Kee Chong Lee Kwong Wing

 

Actuellement Chairman de la SBM Holdings, il a pendant de nombreuses années été le conseiller économique de Vishnu Lutchmeenaraidoo. De ce fait, il a été étroitement associé au boom économique de l’époque.

 

George Chung

 

Économiste de formation, ex-directeur de l’hebdomadaire 5-Plus, dirigeant d’entreprise, il faisait également partie du think-tank économique de Lutchmeenaraidoo durant cette période. Aujourd’hui, s’appuyant sur sa longue expérience, il fait partie de l’équipe qui a travaillé sur l’Economic Mission Statement.

 

Dev Manraj

 

Secrétaire financier à l’époque, il occupe toujours la même fonction depuis le comeback de Lutchmeenaraidoo aux Finances. Il a été la tête pensante derrière la réforme économique d’alors.

 

Kadress Pillay

En tant que ministre de l’Industrie, il a été la cheville ouvrière ayant permis, entre autres, d’ouvrir les portes de la zone franche aux investisseurs hongkongais.

 

Gaëtan Duval

En tant que ministre des Affaires étrangères, il multipliait les déplacements à l’étranger pour attirer des investisseurs.  

 

Ils l’ont vécu

 

Sanjeev Poteeah, fier propriétaire des magasins Mr San’s, à Bagatelle, ainsi que deux autres échoppes dans le Sud, se souvient de cette période comme si c’était hier. C’est que le «miracle» économique, le tailleur et chef d’entreprise l’a bien vécu. «Dans les années ’70, lorsque j’étais modiste, les choses étaient très difficiles. Peu de personnes avaient une maison et des vêtements décents, ou même les moyens de s’acheter des meubles.»

 

 Mais, entre 1983 et 1985, revirement de situation. «Plusieurs facilités nous ont été offertes, à nous les entrepreneurs, notamment des prêts sans garantie octroyés par la Banque de développement. C’est à cette période que l’industrie manufacturière a pris de l’essor, notamment celle du textile ou encore de la menuiserie. C’était une période faste pour les PME.»

 

 Grâce à ces facilités d’emprunts, Sanjeev Poteeah agrandit son atelier, emploie plus de personnes, «une dizaine» se remémore-t-il. Sa production augmente.  Fini les machines à coudre à pédales. Les tailleurs et couturières se mettent à acheter des machines industrielles, les gens quittent les champs pour rejoindre les usines, leurs salaires augmentent et dans la foulée, leur niveau de vie prend l’ascenseur. 

 

C’est à cette époque, soit en 1985 plus précisément, qu’Anant Bheemuck, chômeur depuis des années, trouve un emploi comme machiniste au sein de l’usine Sinotex, à Terre-Rouge. C’est dans cette même usine qu’il va rencontrer sa future épouse, Anjanee, également machiniste. «Après notre mariage, nous avons commencé à acheter des appareils d'électroménager, surtout après que l’Employment Processing Zone Welfare Fund a commencé à accorder des emprunts avec de faibles taux d’intérêt.» Et quelques années après, le couple a pu construire sa maison. Comme lui environ  2 000 jeunes chômeurs trouveront un emploi pour la première fois.

 

Et maintenant ?

 

 

Peut-on rééditer l’exploit de ces glorieuses années économiques ? Les avis sont partagés à ce propos. Azad Jeetun, économiste, soutient que dans les années ’80, un seul secteur, à savoir la zone franche d’exportation, a été porteur de croissance et générateur d’emplois. Aujourd’hui, les piliers qui peuvent porter ce second «miracle» économique sont multiples (TIC, finances, tourisme, Seafood Hub et l’EPZ). Rajiv Servansingh, observateur économique, est plus nuancé dans ses propos. «Le premier ‘miracle’ a été possible grâce à un concours de circonstances. Mais aussi en raison d’un leadership économique fort et d’une vision claire des affaires du pays. On avait l’équipe qu’il fallait pour réaliser ce rêve économique. Ce qui n’est hélas, pas le cas actuellement», lâche-t-il. Et d’ajouter que le pire est qu’entre-temps, soit  depuis 2008, le pays ressent toujours les effets de la crise ayant sévi au niveau mondial.

 

Qu’est-ce que l’Economic Mission Statement ?

 

C’est une feuille de route qui définit la stratégie économique sur les moyen et long termes. L’objectif : permettre au gouvernement de définir sa vision tout en rassurant les opérateurs du privé quant à son projet de second «miracle» économique. Cet exercice se fait à travers une réunion qui rassemble à la fois le gouvernement et les acteurs du secteur privé. Celle-ci, qui se tiendra le  22 août, sera présidée par le Premier ministre. Qu’est-ce que cela va donner ? Attendons voir.