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Réseau allégué de trafic d’armes: «Je ne profite pas du contexte politique», insiste Kathi Lynn Austin

12 août 2015, 12:45

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Réseau allégué de trafic d’armes: «Je ne profite pas du contexte politique», insiste Kathi Lynn Austin
Qu’espérez-vous en écrivant au Premier ministre mauricien ?
Parce qu’il y a un nouveau Premier ministre, j’ai recherché son aide sur ce sujet sur lequel j’ai tenté d’attirer l’attention du précédent gouvernement. Mes informations et mes documents tendent à prouver qu’un réseau de trafiquants d’armes a tenté de s’installer à Maurice. Les responsables ont déjà quitté le pays mais ils ont laissé des traces qui pourraient nous aider à les empêcher d’agir ailleurs. J’ai demandé à votre Premier ministre de garantir ma sécurité quand je viendrai à Maurice, afin que nous puissions poursuivre nos efforts concertés dans cette enquête et je l’ai aussi alerté sur cet abus de confiance dont j’ai été victime quand j’ai voulu collaborer avec le gouvernement mauricien dans le passé.
 
Vous parlez de ce qui s’est passé à Londres ?
Oui. Des officiers de l’Independent Commission against Corruption et moi avions décidé de nous rencontrer à Londres. Et sur place, on a tenté de me servir un papier timbré. Pour moi, c’est un abus de confiance qui découle sans doute d’une fuite à l’intérieur même du gouvernement. Ce sont les sujets dont j’ai envie de discuter avec le gouvernement actuel.
 
Vous estimez donc que ce qui n’a pas marché avec le précédent gouvernement va marcher avec l’actuel. N’êtes-vous pas en train de profiter de la situation politique mauricienne ?
Non, justice doit être faite peu importe le gouvernement en place. Il faut rester déterminé dans l’intérêt de la justice. Quand j’ai essayé de faire arrêter Viktor Bout, cela m’a pris 15 ans et je continue de frapper aux portes des gouvernements, les uns après les autres. J’ai persévéré dans toutes les affaires que j’ai menées. Dans une autre affaire en Suisse, cela m’a pris 9 ans. Non, on ne peut pas m’accuser de vouloir profiter de la situation politique et du changement de gouvernement, quand tout ce que je recherche, c’est la justice.
 
Vous viendrez à Maurice cette fois ?
J’ai toujours voulu venir à Maurice à condition que ma sécurité à l’arrivée et au départ soit garantie. Je ne peux pas mettre ma sécurité en jeu. Mon organisation fait un travail que je considère très important. Nous traquons les trafiquants d’armes, nous poursuivons ceux qui volent les ressources des États et les criminels qui créent les conflits dans le monde. Je ne peux pas me permettre de me retrouver bloquée à Maurice.
 
Dans tout ce que vous avez entrepris jusqu’ici, croyez-vous en la présomption d’innocence ?
Oui, si j’invoque la justice, c’est que je crois fermement dans le principe de présomption d’innocence. Mais les trafiquants d’armes que je traque, ce sont effectivement des commerçants de la violence. Ceux que nous visons sont déjà fichés. Il y a des preuves de leurs activités criminelles ailleurs dans le monde.
 
Concédez-vous que les membres de la famille Mohamed que vous accusez sont présumés innocents ?
Bien sûr qu’ils le sont. Et s’ils n’ont rien à cacher, qu’ils viennent exposer leurs relations avec ceux que je traque. Tout ce que je demande, c’est qu’il y ait une enquête honnête, franche et transparente, dirigée par un gouvernement qui a le pouvoir constitutionnel de diriger une telle enquête et une poursuite criminelle si – j’insiste sur le «si» – besoin est.
 
Un membre de la famille Mohamed a réagi à votre lettre en disant accueillir cette démarche très favorablement. Qu’en pensez-vous ?
Si c’est pour collaborer dans le sens de la justice, ce serait un développement exceptionnel. De toute ma carrière, je n’ai jamais vu ceux qui allaient être jugés coupables collaborer au départ de l’enquête. Si aujourd’hui, la famille Mohamed veut collaborer, je ne peux que m’en réjouir.
 
Mais vous avez balancé leurs noms. Aucun citoyen honnête qui n’a absolument rien à faire avec le trafic d’armes n’aurait accepté cela.
S’ils n’ont rien à cacher, il n’y aura pas de problème. Je voudrais tellement discuter avec les Mohamed pour qu’ils m’expliquent concrètement, honnêtement et en toute transparence, la nature de leurs relations avec ces trafiquants d’armes pour que nous allions au bout de cette affaire.