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2e UTRB - Jusqu’au bout de la nuit, jusqu’au bout du jour

6 août 2015, 12:49

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2e UTRB - Jusqu’au bout de la nuit, jusqu’au bout du jour
Un enfer paradisiaque ! Il faut bifurquer du côté de la figure de style connue comme l’oxymore pour résumer de façon précise et réaliste la deuxième édition de l’Ultra-trail Raidlight Beachcomber (UTRB) qui s’est disputée les 1er et 2 août de Saint-Aubin au Shandrani en passant par Parakeet, Les Gorges, Piton de la Petite-Rivière-Noire, Les Salines, Brise-Fer, Les Gorges, Gollum, Piton Savane et Saint-Aubin.
 
 
Un enfer de 120 km dans des paysages et sur des topographies variées dont sont venus à bout en vainqueurs le Français Christophe Le Saux en 16h44’11 et l’Espagnole Uxue Fraile en 18h58’50. Le paradis pour tous les coureurs aura été cette ligne d’arrivée franchie au Shandrani, une ligne d’arrivée somptueuse qui promettait une véritable fête au palais et aux organismes fatigués.
 
Christophe Le Saux était le favori de la course principale de cette deuxième édition, le Trail des 7 Couleurs long de 120 km. Le «jaguar», surnom qui lui vient d’Amazonie où il a habité pendant huit ans et arpenté pieds nus la jungle luxuriante, n’a jamais eu à forcer son talent pour s’imposer malgré quelques problèmes gastriques en fin de parcours, des choses qui arrivent, dira-t-il, et auxquelles il est habitué. Le podium a été complété par Romain Bayol, figure connue du trail mauricien, deuxième en 17h40’03, et le Réunionnais Georges-Marie Hoarau, troisième en 18h33’47.
 
Christophe Le Saux
 
La victoire en féminin a souri à l’Espagnole Uxue Fraile, cinquième au scratch en 18h58’50. Les deuxième et troisième places ont été prises par la Réunionnaise Marie-Alexandra Clain, sixième au scratch en 20h21’00, et la Française Anne Catherine Girard, seizième au scratch en 25h45’43. L’Espagnole Uxue Fraile a aussi survolé l’épreuve.
 
Le deuxième temps fort de cet UTRB était le Trail de la Perruche, long de 42 km. Les Réunionnais Frédéric Duchemann et Claire Nédelec l’ont emporté en 4h00’16 et 4h36’31 respectivement, Nédelec prenant la huitième place au scratch. «Pour moi, c’est une belle expérience. C’est mon premier 42km. Avant j’étais sur les formats de 29-30 km, c’est mon baptême, sachant qu’il y avait quand même un petit peu plus de 42 km (NdlR : 47 km selon les participants et leurs montres Garmin). Je suis très satisfait du déplacement, super circuit, ça change un petit peu, beaucoup de terrains variés mais dans l’ensemble, c’était superbe ! C’est mon premier trail à Maurice. Je connaissais le championnat de cross, le championnat d’Afrique. C’est une belle expérience, une belle ambiance surtout», dira le vainqueur, champion de la Réunion de course de montagne et de cross-country l’année dernière. Le podium masculin sera cent pour cent réunionnais avec Jean-Marie Cadet (4h02’55) et Jean-Laurent Hoarau (4h04).
 
La beauté sauvage du Sud, la beauté sauvage du trail ...
 
De surprise en surprise…
 
Claire Nédelec, dont c’était le premier trail à Maurice, aura connu un véritable ravissement au fil de sa progression. «C’est un magnifique parcours avec des points de vue magnifiques, une végétation très différente de la Réunion alors qu’effectivement on vit juste à côté et qu’on s’attendait à voir quelque chose de comparable. Au final on allait de surprise en surprise au niveau des paysages», confiera celle qui fut la première résidente de l’île de la Réunion sur la Diagonale des Fous en 2012. «Après au niveau du profil, ça a été bien différent aussi, c’est très roulant, on s’y attendait, mais pas autant. C’est différent. On ne peut pas avoir les montagnes de la Réunion ici ! C’est la première fois que je participe à un trail à Maurice. Super expérience ! Avec l’arrivée comme ça à l’hôtel, c’est royal», ajoutera-t-elle.
 
Claire Nédelec est satisfaite du niveau qu’elle a atteint. «Je fais très bien ! Avant je ne participais pas aux compétitions à la Réunion et là depuis que je participe, je gagne souvent en fait. Mon prochain objectif sera l’Ultra-trail du Mont-Blanc à Chamonix», conclura-t-elle. Le podium féminin était lui aussi cent pour cent réunionnais avec Elisabeth Siroux (5h24’12) et Elise Castagno (5h34’23).
 
Vishal Ittoo, quatrième au scratch et premier Mauricien sur 42 km en 4h26’02, aura eu «une course bien tranquille». «Malgré la fatigue du Dodo Trail, cela s’est bien passé. J’ai eu une course bien tranquille. J’ai progressé seul. J’étais devant après 25 km en compagnie de trois Réunionnais et de Bhuvish Lukea. Je l’ai alors doublé et j’ai avancé tranquillement jusqu’à l’arrivée», relate le vainqueur de l’année dernière.
 
Dans le Trail du Souffleur (10 km), Xavier Verny a goûté à sa première participation et à sa première victoire en 37’04. «Ashley (Perrine) a dirigé la course, il l’avait emporté l’année dernière. Cela s’est bien passé pour moi car j’ai fini premier. J’ai vraiment souffert durant la course. Ashley a été d’attaque avec Harris Khelawon. Jusqu’à La Cambuse, il était vraiment à fond. Mais là, il a craqué, à un kilomètre de l’arrivée. Je pensais qu’il avait course gagnée. J’ai fait un dernier effort pour revenir à sa hauteur et il a lâché. J’avais encore la fatigue du Dodo Trail dans les jambes», souligne Xavier Verny.
 
Xavier Verny
 
Depuis les championnats nationaux seniors d’athlétisme début juillet, Xavier Verny ne s’est pas vraiment entraîné. «Je suis content d’avoir gagné. Cela fait plaisir de participer à un tel événement où il y a beaucoup de gens, sur un si beau parcours. Je me sens bien. C’est ma première victoire ici et ma première participation», ajoute-t-il. Il compte bien revenir l’année prochaine. «C’est un parcours qui me va bien. Cela ressemble à un cross avec quelques passages accidentés comme je les aime. Je reviendrai certainement l’année prochaine pour défendre mon titre. Peut-être même que je m’alignerai sur 42 km. J’ai déjà couru un trail long en 2011-2012 avant la création de la ligue courte. J’ai déjà fait un podium au Royal Raid 35 et au Dodo Trail 27 km. J’ai fait troisième également en 2013 au Ferney Trail 28 km», remarque-t-il.
 
Harris Khelawon, qui découvrait aussi l’UTRB, a pris la deuxième place en 37’10, à six secondes seulement de Xavier Verny. «C’est ma première participation à l’UTRB. C’est une des courses les mieux organisées à Maurice. L’accueil réservé aux coureurs, les frais d’inscription abordables, tout est fait de façon professionnelle. Les points de vue sont magnifiques le long de la côte. Nous étions trois en tête, Ashley Perrine, Xavier Verny et moi. A La Cambuse, au km 9, Perrine a eu un problème à la jambe. Xavier suivait en deuxième position à 50 mètres, j’étais à 60 mètres. Xavier a conservé un mince avantage. Ma participation au marathon de l’île Maurice m’a aidé le 19 juillet dernier », assure-t-il.  
 
Romain Bayol, deuxième du 120 km, composant avec les rochers et la rivière
 
Marcelle Puy, vainqueur de la course principale l’année dernière en 25h50’55, a opté cette année pour le 10 km. Elle a terminé cinquième au scratch en 43’10. 
 
Jean-Michel Sénèque : un 42 et puis un 10 km…
 
Jean-Michel Sénèque a, lui, réalisé l’exploit de participer au 42 km le samedi 1er août et au 10 km le dimanche 2 août. Lui qui ne pensait jamais courir un marathon à 56 ans a été agréablement surpris. « Le parcours du 42 km est joli, super, il y a de belles vues avec départ à Grand-Bassin en direction de Grand Bois et de la montagne Savane. Les vues sont magnifiques, le chant des oiseaux aussi. J’ai vu un Pigeon des Mares. Cela compense les efforts fournis. Après il y avait la descente vers la côte, la réserve de La Vanille, la remontée vers le Souffleur. Là, c’était dur », raconte l’ancien basketteur.
 
« Je ne pensais jamais faire un marathon à 56 ans. Comme quoi il y a encore de belles années devant moi. Après le 42 km hier, j’ai fait le 10 km ce matin (Ndlr : dimanche). Cela s’est passé relativement bien. J’ai couru en moins d’une heure. C’est pas mal. L’année dernière, j’ai fait le 10 km seulement car le 42 km me faisait peur. Il y avait une semaine seulement qui séparait le Dodo Trail de l’UTRB. Il y aurait eu deux semaines entre les deux épreuves, les participants auraient été plus nombreux », estime-t-il.   
 
Christian Hamer, directeur de l’épreuve, était un homme heureux dimanche au Shandrani.  « Ça s’est extrêmement bien passé, on est vraiment très très heureux d’une part pour l’ensemble de nos coureurs, pour le trail en général et pour le trail mauricien encore plus. On a joué de chance avec une météo qui était exceptionnelle, avec des tracés qui ont pu être ceux que l’on avait définis initialement. On n’a aucun incident ni accident à déplorer, voilà c’était une grande fête du trail, un très bel ultra. Cet ultra-trail Raidlight Beachcomber est amené à grandir et à s’étoffer. Au fait, on est extrêmement heureux », affirme-t-il.
 
« Christophe Le Saux, on le savait très très fort. Il a fait de nombreux podiums cette année et on s’aperçoit que voilà, c’est encore quelqu’un qui fait partie de l’ultra international qui est vraiment d’un très très grand niveau, bravo à lui ! Il a eu quelques difficultés gastriques qui l’ont effectivement amené à ralentir. Moi, je l’ai croisé à mi-parcours, il était dans une forme éblouissante, c’est un grand champion », reconnaît Christian Hamer. Rendez-vous est déjà pris pour l’édition 2016.
 
L’UTRB, il ne faut pas l’oublier, est qualificatif pour le Grand Raid de La Réunion et l’Ultra-trail du Mont Blanc.
 
 

Questions à Christophe Le Saux, vainqueur du Trail des 7 couleurs (120 km) : « On découvre vraiment Maurice d’une autre façon »

Christophe Le Saux

 
Il est venu, il a couru, il a conquis. Christophe Le Saux succède à Freddy Thévenin au palmarès de l’Ultra-trail Raidlight Beachcomber. Le champion français a marqué de son empreinte la deuxième édition disputée le 1er août.
 
 
Votre première participation à l’UTRB se solde par une belle victoire. Comment avez-vous vécu cet ultra-trail ?
 
Magnifique parcours ! Grâce à cet ultra-trail, on découvre vraiment Maurice d’une autre façon que les plages de lagon turquoise. On voit vraiment qu’il y a une belle nature, beaucoup d’animaux, une belle végétation, c’est très varié et très impressionnant. Il y a des moments où on se croirait dans la jungle, il y a des moments où on se croirait dans la savane africaine, c’est très très joli !
 
On peut dire sans se tromper que Maurice est aussi une destination trail ?
 
Oui, là franchement ! Ce qu’ils ont fait les organisateurs de l’UTRB comme ceux de Raidlight, ils ont vraiment un très beau produit pour faire venir les gens dans le tourisme vert, je trouve ça extraordinaire. 
 
Le changement de paradigme d’une destination plage à une destination orientée vers le vert des hauteurs a bien eu lieu…
Ils ont bien fait ça sur le parcours pour nous montrer plusieurs endroits avec la côte ouest, la côte est, c’est vraiment très très beau.
 
Et la course elle-même, comment s’est-elle déroulée ?
 
J’ai pris énormément de plaisir, il y a des parties très glissantes au niveau des pitons, ça fait partie du jeu. On a fait du toboggan, des bains de boue, il y avait un peu de tout, de la thalasso, c’est très bien.
 
Etes-vous satisfait de votre chrono ?
 
Oui, je suis satisfait au niveau chrono, à part le fait que j’ai fini les neuf derniers kilomètres sans lumière. J’ai cassé ma lampe à neuf kilomètres de l’arrivée et je finis les neuf derniers kilomètres dans la nuit. J’ai mis un peu de temps mais au moins je me suis fait plaisir à chercher les balises de nuit, une autre ambiance.
 
Les ennuis gastriques ne vous ont pas trop gêné sur la fin ?
 
Un petit peu de problèmes gastriques à la fin, ça arrive toujours. 
 
Serez-vous de retour l’année prochaine ?
 
Oui, pourquoi pas une nouvelle édition dans un an.    
 

Questions à Uxue Fraile, vainqueur du Trail des 7 couleurs : « C’est un parcours avec beaucoup de contrastes » 

Uxue Fraile

 
Uxue Fraile, membre du Team Vibram, est originaire du nord de l’Espagne. Elle a commencé le trail il y a huit ans et a survolé le 1er août la deuxième édition de l’UTRB.
 
Quand avez-vous découvert le trail ?
 
Je cours depuis mon enfance. En 2007, j’ai commencé la course en plein air. J’étais une coureuse de 1500 m avant.
 
Les montagnes du pays basque ont-elles eu une incidence sur votre choix ?
 
Oui, absolument. Les montagnes ne sont pas si hautes mais elles sont nombreuses. Elles m’ont attirée naturellement.
 
Quand avez-vous réalisé que vous étiez douée  pour le trail ?
Je cours depuis que je suis enfant. J’ai réalisé qu’il était temps pour moi de passer de la piste à la montagne.
 
Quelle fut votre première victoire en trail ?
 
Je n’ai pas remporté beaucoup de victoires en trail. Je prends part à des courses où il y a beaucoup de bonnes traileuses engagées.
 
Quelle a été votre plus importante victoire jusqu’ici ?
 
Pour moi, la course la plus significative a été ma troisième place à la Transvulcania en 2013. Ce n’est pas une victoire mais pour moi c’était une course très importante.
 
Vous vous êtes offert un break durant l’hiver, pourquoi ?
 
Oui, cette année n’a pas été une année facile pour moi. Durant l’hiver, je n’ai pas arrêté mes activités mais j’ai arrêté le trail. J’ai couru mais seulement pour le plaisir. En mai, j’ai repris la compétition.
 
Quel sera votre prochain objectif ?
 
Je compte participer à l’Ultra-trail du Mont Blanc (Ndlr : 28 août 2015).
 
Votre participation à la Diagonale des Fous l’année dernière a-t-elle une bonne expérience ?
 
C’était une expérience agréable eu égard à l’île et à la population et tout ce qu’il y a autour de la course mais pour moi ce fut une course difficile. J’étais cassée. Je suis heureuse d’avoir terminé, j’étais troisième. J’ai découvert un autre type de course dans l’ultra-trail, c’était une bonne expérience mais elle a été douloureuse pour moi. Je voudrais y retourner mais je pense que je ne suis pas préparée pour ce genre d’épreuve.
 
Et Maurice ce fut une bonne expérience aussi ?
 
Non, je ne connaissais pas Maurice. C’est ma première visite. Oui, ça a été une bonne expérience. C’est différent. C’est un parcours avec beaucoup de contrastes, j’ai vu des gens différents, c’est une bonne expérience.
 
Et l’UTRB ?
 
L’UTRB est une belle course mais je ne dirai pas une course facile. Il y avait du plat et au milieu la partie la plus difficile de la course. C’était éprouvant. 
 
Reviendez-vous l’année prochaine ?
 
Peut-être, pourquoi pas.
 
(Propos recueillis par Robert d'Argent)