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Afghanistan: le nombre de victimes civiles atteint un nouveau record

5 août 2015, 20:06

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Afghanistan: le nombre de victimes civiles atteint un nouveau record
Le nombre de victimes civiles du conflit afghan a atteint un nouveau record dans la première moitié de l'année, qui marque la fin de la mission de combat de l'Otan, a annoncé l'ONU mercredi au moment où les talibans, conviés à des pourparlers de paix, s'entredéchirent sur la succession de leur chef.
 
Entre le 1er janvier et le 30 juin 1.592 personnes ont été tuées et 3.329 blessées dans des violences, révèle la mission de l'ONU en Afghanistan (Unama) dans son rapport semestriel sur le sujet.
 
L'Unama a recensé une baisse de 6% du nombre de tués par rapport au premier semestre 2014, mais une hausse de 4% du nombre de personnes blessées dans les combats entre les insurgés et les forces de sécurité afghanes, les attentats et les assassinats.
 
Au total, le nombre de victimes du conflit a augmenté de 1% par rapport à l'an dernier et s'établit à 4.921 personnes tuées et blessées, soit le chiffre le plus élevé depuis 2009, année du début de la compilation de ces statistiques, et de la nouvelle flambée des violences en Afghanistan.
 
Plus inquiétant encore, le nombre de femmes victimes des violences a augmenté de 23% et celui des enfants de 13%.
 
Les combats au sol entre les insurgés et les forces de sécurité afghanes sont la première cause de décès et de blessures infligées aux civils afghans, selon le document qui note également que 70% des blessures et des décès sont le fait des insurgés.
 
"Les froides statistiques concernant les victimes civiles ne traduisent pas toute l'horreur de la violence en Afghanistan, les corps déchiquetés des enfants, des mères, des filles, des fils et des pères", a commenté le chef de l'Unama, Nicholas Haysom, cité dans le rapport. "Ce sont les conséquences très réelles du conflit en Afghanistan", qui dure depuis 2001 et la chute du régime des talibans.

- "Les talibans sont plus audacieux" -

Depuis décembre dernier et la fin de la mission de combat de l'Otan, l'armée et la police afghanes sont seules pour faire face aux combattants islamistes, talibans pour la plupart. Quelque 13.000 soldats étrangers sont toujours déployés en Afghanistan, mais leur mission se limite à la formation de leurs homologues afghans et à des missions antiterroristes ponctuelles.
 
Les talibans ont donc changé leur fusil d'épaule et "ont délaissé les tactiques de guérilleros qu'ils utilisaient lorsque l'Otan était encore en mission de combat pour s'attaquer directement aux forces afghanes. Les talibans sont désormais beaucoup plus audacieux", relève Graeme Smith, expert au groupe de réflexion International Crisis Group (ICG). Du coup le nombre de victimes au sein de l'armée et de la police a aussi augmenté.
 
Les chiffres de l'ONU reflètent également une propagation des combats à tout l'Afghanistan. Si le sud et l'est du pays, bastions des talibans, sont de loin les régions les plus touchées par les violences, les attentats et les combats se sont multipliés ces derniers mois dans le nord et le nord-est, des zones autrefois relativement stables.
 
Ainsi dans le nord-est, et plus particulièrement dans la province du Badakhshan, à la frontière avec le Tadjikistan, les rebelles sont passés à la vitesse supérieure dans leur offensive.
 
Malgré cette présence croissante sur le terrain, les talibans sont plongés dans une crise interne concernant la succession de leur chef historique, le mollah Omar, dont la première conséquence a été le report sine die de pourparlers de paix avec le gouvernement afghan amorcés début juillet au Pakistan voisin.
 
L'annonce la semaine dernière de la mort du mollah Omar doublée de l'élection rapide de son successeur, le mollah Akhtar Mansour, ont donné lieu à des déchirements internes, une frange des talibans, menée par la famille du défunt chef, refusant catégoriquement de faire allégeance au nouvel "émir" de la rébellion islamiste.
 
Sans un minimum d'unité, il est difficile d'imaginer les talibans retourner rapidement à la table des négociations, estiment des analystes. Pourtant, ces pourparlers sont la "seule option crédible" pour ramener la paix dans la région, a plaidé cette semaine le chef de l'armée pakistanaise, le général Raheel Sharif.