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[Vidéo] Sanjeev Nunkoo: «Réintégrer la société sera difficile»

1 août 2015, 09:50

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[Vidéo] Sanjeev Nunkoo: «Réintégrer la société sera difficile»
Le 30 juillet 2015 est une date qui restera gravée dans la mémoire de Sanjeev Nunkoo aujourd’hui âgé de 34 ans. Soit, le jour de son acquittement en cour d’assises, après quatre ans et huit mois passés derrière les barreaux. Ce jeune homme, qui avait été accusé de complicité dans le meurtre d’Hélène Lam Po Tang, se souviendra aussi du 14 octobre 2010. Date à laquelle, dit-il, son patron lui «a donné l’ordre d’aller chez lui». Nous sommes allés à sa rencontre hier. Récit d’un homme qui savoure enfin la liberté…
 
Vêtu d’une chemise d’un blanc immaculé, d’un pantalon kaki et de son gilet «fétiche» offert par un prisonnier sud-africain, Sanjeev Nunkoo ne nie pas avoir été sur les lieux du crime. «Je ne nie pas avoir été chez lui (NdlR : son ex-patron), d’avoir vu le cadavre ou encore de l’avoir touché. Si j’avais averti la police, je n’aurais pas passé ces dernières années en prison», confie-t-il. Il indique que ce dont il a été témoin était «irréel». Et que c’est la peur qui l’a empêché de sortir de son mutisme.
 
 
 
 
Contrairement à ce que l’on dit, précise-t-il, il n’était pas le «bras droit» de son ex-patron, Gary Lam Po Tang. «On partageait une relation de patron-employé. La preuve c’est que je ne connaissais pas tous ses secrets.» En ce qui concerne Hélène Lam Po Tang, il se rappelle qu’elle était une personne «réservée».
 
D’ailleurs, dès sa sortie de cour, Sanjeev Nunkoo s’est juré que «madam Lam Po Tang pou gaygn lazistis a traver mwa. Si péna personn, mwa ki pou donn li lazistis». Son avocat, Me Rama Valayden, réclame la réouverture de l’enquête.
 

«Une étiquette me colle à la peau...»

 
Interrogé sur son séjour en prison, l’acquitté lance que «c’était dur de ne plus être libre». S’il concède qu’il y a bénéficié d’un bon encadrement, il souligne, néanmoins, qu’il ne pourra pas oublier certaines choses. Comme les douches froides, même en hiver. Cet habitant de Quatre-Bornes garde aussi un goût amer de son incarcération car c’est durant cette période que sa mère, «terrassée par cette affaire», est décédée. «Elle voulait tant que je revienne à la maison. Je suis convaincu que son âme repose maintenant en paix.» De plus, lorsqu’il était en détention, sa femme lui a demandé le divorce. Il confi e qu’il a pu lui parler au téléphone depuis qu’il a été libéré et qu’ils devraient se rencontrer.
 
Sanjeev Nunkoo ne cache pas que cette affaire le marquera à vie. D’ailleurs, son neveu, qu’il a rencontré pour la première fois à sa sortie de prison, a, dit-il, du mal à l’appeler «chacha». «Ma vie ne sera plus la même. Il y a une étiquette qui me colle à la peau. Je n’ai certes pas de menottes. Mais il y a le regard de la société. Je vais devoir me conditionner. C’est une seconde chance que m’offre la vie.»
 
Lorsqu’il faisait le trajet de Port-Louis jusqu’à son domicile après sa libération, Sanjeev Nunkoo relate avoir pu voir le Bagatelle Mall, «qui n’était qu’un champ de cannes» avant son incarcération. Il lance qu’il suivait l’actualité à travers la presse lorsqu’il était en prison.
 
Ce que souhaite désormais le jeune homme qui a un diplôme en physique ? Trouver du travail, dit-il. Quoiqu’il se dit conscient que ce ne sera guère facile car les gens hésitent à donner une seconde chance «à ceux qui ont fait de la prison».
 
Mais avant cela, il compte rester chez lui cette semaine, à se faire dorloter par son père Nundhun Gossagne Nunkoo. «C’est mon papa qui a préparé mon premier repas. Des crevettes. Faut dire que la nourriture en prison était infâme», lâche Sanjeev Nunkoo. Prochaine étape : apprendre à utiliser le cellulaire que lui a offert son père. Confiant que les astres lui seront favorables et animé par un espoir indéfectible, Sanjeev Nunkoo révèle qu’il jouera au loto, en espérant que cela changera positivement sa vie…