Publicité

Shakeel Mohamed: «Le silence des gens comme Ivan Collendavelloo me dégoûte…»

17 juillet 2015, 09:13

Par

Partager cet article

Facebook X WhatsApp

Shakeel Mohamed: «Le silence des gens comme Ivan Collendavelloo me dégoûte…»

«L’exécutif impose son diktat sur deux institutions… .» Les évènements d’hier concernant l’affaire du DPP ne laissent pas insensible Shakeel Mohamed. Ce qu’il déplore: le silence des personnes concernées par cette affaire. Notamment Ivan Collendavelloo. Ce, alors «qu’il est réputé pour être un champion des droits humains».

 

En tant que membre du comité parlementaire de l’ICAC, comment réagissez-vous à la tournure que prennent les événements dans l’affaire du DPP ?

 

C’est choquant. Les événements d’hier donnent une crédibilité à l’affidavit du DPP. Hier, on a vu que l’objectif était d’arrêter le DPP by hook or by crook.

 

En 25 ans de carrière comme avocat, je n’ai jamais entendu que la police avait débarqué chez quelqu’un aux petites heures du matin pour un cas de «signature d’un faux affidavit». Nous sommes dans une situation où j’ai l’impression que l’exécutif impose son diktat sur deux institutions à travers son outil qu’est la police.

 

Expliquez-vous…

 

La visite matinale de la police au domicile de Chimunlall Ghoora et du directeur de l’ICAC Lutchmyparsad Aujayeb montre qu’il y a eu pression sur certains membres de la commission anticorruption. D’ailleurs, j’aimerais savoir si un mandat d’arrêt a été émis ou pas contre ces deux préposés de l’ICAC , mercredi soir.

 

Si le renseignement que je détiens est vrai et qu’au final le mandat d’arrêt n’a pas été exécuté découlant de leurs interrogatoires respectifs, là on dépasse le stade de l’Etat policier. Au moins dans un Etat policier, les gens agissent comme des dictateurs. Là, nous avons face à nous des gens qui prétendent respecter la loi alors qu’en réalité, c’est tout le contraire.

 

À qui faites-vous référence ?

 

Le silence des gens comme Ivan Collendavelloo me dégoûte. Dans la profession, c’est quelqu’un qui est réputé pour être un champion des droits humains. Aujourd’hui, son silence fait mal. Xavier-Luc Duval également ne peut pas garder le silence. Il est le numéro deux d’un gouvernement et il est souvent appelé à occuper le poste de ministre de l’Intérieur.

 

Qu’attendez-vous de la réunion que vous avez convoquée pour cet après-midi ?

Des réponses. Le peuple veut d’abord savoir s’il y a eu ingérence de certains membres de l’exécutif, comme avancé par le DPP dans son affidavit, pour éclabousser l’indépendance de l’ICAC. C’est à se demander si le poste de directeur général de l’ICAC est considéré aujourd’hui comme un simple poste de membre d’un conseil d’administration quelconque.

 

En tant que parlementaire, je ne peux pas m’asseoir les bras croisés. Ce qui est plus grave, c’est que la population ne se rend pas compte de la gravité de la situation. La base même de sa liberté a été attaquée.

 

Quel est le pouvoir du comité parlementaire de l’ICAC ?

 

Il a le pouvoir de superviser et de faire des recommandations. Nous ne pouvons nous immiscer dans les enquêtes, mais nous avons le droit de faire des observations qui ont tout leur poids. Quand les institutions sont menacées, nous pouvons faire une déclaration et présenter un rapport à l’Assemblée nationale.

 

Seul un gouvernement insouciant ne prendra pas en considération le document d’un comité qui est un rempart contre les abus. Et qu’on ne vienne pas me dire qu’on doit seulement regarder comme un bouledogue sans dents. Si on vient me dire ces âneries, autant dissoudre le comité parlementaire !

 

Combien de fois vous êtes-vous réunis depuis la mise en place du nouveau comité, et pour parler de quoi concrètement ?

 

Il y a eu quatre à cinq réunions d’explication. Des sujets sensibles et non sensibles dont je ne peux dévoiler la teneur ont été abordés. La dernière réunion remonte à deux semaines. Je n’étais pas au pays.