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[Audio] Trafic de drogue: une commission d'enquête pour quoi faire?

12 juillet 2015, 14:56

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[Audio] Trafic de drogue: une commission d'enquête pour quoi faire?
De la consommation des produits illicites à leur impact sur le tissu social en passant par les points d’entrée de la drogue dans l’île. La commission d’enquête sur le trafic de drogue à Maurice, qui sera présidée par l’ex-juge Paul Lam Shang Leen, aura du pain sur la planche. Sept mois après que l’alliance Lepep en avait fait la promesse, l’instance a pris forme à l’issu du conseil des ministres, vendredi 10 juillet.
 
La commission devra débuter par un état des lieux sur le trafic de drogue dans le milieu carcéral ainsi que la soudaine flambée des drogues synthétiques sur le marché stratégies en vue d’endiguer la prévalence de la drogue, surtout auprès des jeunes, sera aussi mesuré. L’élément central des attributions de la commission sera toutefois la recherche de preuves démontrant qu’il existe un lien entre la classe politique et les barons de la drogue. Tout comme la traque des fonds afin de confondre les personnes engagées dans des activités illégales.
 
L’ex-juge Paul Lam Shang Leen, connu pour sa rigueur durant les seize années qu’il a passées à la Cour suprême, sera épaulé par Sam Lauthan et le  Dr Ravind Kumar Domun. Le premier est un ancien ministre du Mouvement militant mauricien connu pour son engagement contre la drogue, notamment à Plaine-Verte, alors que le second est l’Acting Director au ministère de la Santé.
 
Il faudra attendre le retour au pays de Paul Lam Shang Leen, qui a pris sa retraite le 3 juillet, pour que ses deux assesseurs et lui-même prêtent serment devant la présidente de la République, Ameenah Gurib-Fakim. L’exercice devra se faire dans le courant de la semaine selon des sources concordantes à l’hôtel  du gouvernement.

Etablir un calendrier de travail

Sam Lauthan explique que la première tâche la commission sera d’établir un calendrier de travail après la cérémonie de prestation de serment. «Ma nomination est un grand défi et un honneur. Je me suis engagé dans la lutte contre la drogue dès 1977. C’était à travers une campagne de sensibilisation au sein d’un club Unesco au collège Trinity»,  indique-t-il.
 
Il rappelle qu’à l’époque, les autorités luttaient contre le trafic de gandia et d’opium. Et que c’est en 1982-1983 que l’héroïne, communément appelée Brown Sugar, a été introduite sur le marché local. Il dit espérer que son expérience de travailleur social, de ministre et de consultant auprès des organismes africains servira à la commission.
 
Mais que pense Sam Lauthan du travail qui sera accompli par la présente commission comparativement à celle présidée par sir Maurice Rault dans les années ’80 ? «Celle-ci a des attributions plus larges. Elle va déterminer si le Dangerous Drugs Act est en phase avec la réalité et se penchera tant sur la répression que sur la réhabilitation», souligne-t-il. L’accent sera mis sur les drogues synthétiques et des dangers que représente le mélange de certains médicaments, plus particulièrement le sirop contre la toux à base de codéine, pour les jeunes adolescents ciblés par  les trafiquants. Et il s’en félicite.
 
Quant à la tendance de certains États américains et des pays européens à légaliser le gandia, Sam Lauthan se dit totalement contre un tel projet à Maurice. Il prend à témoin le modèle hollandais, qui, dit-il, connaît des ratés, et craint que la légalisation de la marijuana n’ouvre la porte à d’autres lobbys pour les drogues plus dures.

«Se pencher sur la prévention»

Le travailleur social Kadress Runghen du Groupe A de Cassis, lui, accueille favorable cette commission d’enquête. «C’était long overdue. Comparée à la commission Rault, celle-ci ne va pas uniquement se concentrer sur la répression. Elle pourra se pencher sur la prévention et c’est aussi une très bonne chose qu’une attention particulière soit dévolue aux drogues synthétiques», fait-il ressortir. Il révèle que le Groupe A de Cassis s’est déjà préparé, depuis le discours du programme gouvernemental, à déposer devant cette commission.
 
«Ce sera l’occasion pour les travailleurs sociaux, les parents des enfants victimes de la drogue et des citoyens de faire part de leurs griefs et de venir avec des propositions. Le Groupe A de Cassis va aborder la problématique au niveau de la prévention du côté des jeunes», déclare Kadress Runghen. Il déplore qu’il n’y ait pas eu une réelle coordination en matière de prévention au niveau national.
 
«La prévention telle qu’elle a été pensée il y a quinze ans est dépassée. Chacun travaille dans son coin. Il faut un centre de réhabilitation pour les adolescents. Les parents des jeunes victimes de la drogue doivent être mieux encadrés. Il y a beaucoup de boulot en perspective…» glisse le  travailleur social.
 
Contacté, Me Rama Valayden estime qu’il y a une méthodologie à respecter pour mener à bien ce projet. Recueillir des informations auprès des membres du public et même écouter les propositions des détenus sur la drogue synthétique sont quelques des aspects à ne pas négliger, affirme-t-il.
 

«Un détenu peut venir avec des propositions sur la drogue synthétique», estime Me Valayden.