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Madagascar : Les députés censurent le gouvernement

2 juillet 2015, 11:53

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Madagascar : Les députés censurent le gouvernement
 

Le bruit s’est fait insistant dans les travées de l’Assem­blée natio­nale. Le gouvernement serait sous la menace d’une attaque des députés. Hier, les élus de Tsimbazaza sont passés à l’acte et ont déposé une motion de censure contre l’équipe du général Jean Ravelonarivo, Premier ministre. Selon la Constitution, la motion de censure doit être signée par, au moins, la moitié des membres de l’Assemblée nationale.

 

La collecte de signatures pour cette motion de censure aurait déjà été faite avec celle pour la mise en accusation pour déchéance du chef de l’État. Cent-quatorze députés y seraient favorables. Des responsables à Tsimbazaza restent évasifs sur le sujet. Conformément au règlement intérieur de la Chambre basse, le Premier ministre aurait, pourtant, déjà été notifié par Jean Max Rakotomamonjy, président de l’Assemblée nationale, de la motion à l’encontre du gouvernement. Le cas échéant, la loi fondamentale prévoit que le vote de la motion ne pourra se faire que dans les 48 heures qui suivent son dépôt.

 


Rendez-vous serait pris pour vendredi, pour le vote. Un vote favorable à la motion de censure des deux-tiers de l’hémicycle obligera, en effet, le gouvernement à remettre sa démission au président de la République. Le sujet devrait être discuté en séance plénière, ce jour. D’après le règlement intérieur de l’Assemblée, aucun retrait de la motion de censure n’est possible «après sa mise en discussion». Pour l’heure, une relative confusion entoure la ou les motivations de cette motion.

 


Le fait que les députés chargent le gouvernement, juste après la rencontre de leurs représentants avec Hery Rajaonarimampianina, président de la République, intrigue. Lors d’un point de presse, hier, à Tsimbazaza, cette délégation a, d’autant plus, martelé que seuls les préalables ont été discutés. Des préalables qui ont, pourtant, déjà été envoyés au chef de l’État depuis plusieurs jours et présentés comme conditionnalités à accepter avant toute rencontre.

 

Solution   

La veille de la rencontre d’hier, la phrase «(…) on lui [au chef de l’Etat] laissera le choix, soit il se décide à pousser le gouvernement Ravelonarivo vers la sortie, soit nous le ferons en invoquant une motion de censure», a même déjà été lâché à l’Assemblée nationale. Des membres de la Nouvelle majorité parlementaire (NMP) ayant tambouriné que la question du gouvernement sera forcément au menu de la rencontre de ce jour. Et aussi, que «le changement de gouvernement est le seul chemin pour parvenir à une stabilité». Pour certains, une étape obligée du pacte de responsabilité recommandée par la Haute cour constitutionnelle (HCC).

 


Entité composée des frondeurs du président de la République, la NMP serait, alors également, derrière l’offensive contre le gouvernement. Hier, pourtant, des députés ont affirmé que leur représentant n’a pas eu le mandat pour discuter des questions de fond avec le Président, mais juste des préa­lables. Mais, visiblement, la nouvelle majorité a tout de même décidé d’engager la seconde option. Le risque que cet acte torpille la démarche engagée hier, pour trouver un sens commun entre la présidence de la Chambre basse, du pacte de responsabilité, est à craindre.
«Concrètement, c’est un rejet de l’article 5 de la décision de la HCC», tacle un analyste politique contacté. La fin de session étant en fin de semaine, les frondeurs pourraient user de la motion de censure comme mesure préventive, au cas où le chef de l’État jouerait la montre. «Dans ce cas, cet acte montre au minimum, l’absence flagrante de confiance entre ces institutions », ajoute l’analyste. Un autre observateur politique joint au téléphone voit, toutefois, en la situation actuelle de « parvenir à une stabilité en composant un gouvernement qui sera réellement l’émanation de la majorité à l’Assemblée et aura pleinement son soutien».

 


Le premier analyste contacté souligne, cependant, la variabilité de la majorité à la Chambre basse. «Déjà que l’institution est instable, quelle garantie aurions-nous d’avoir une stabilité, que le prochain gouvernement sera épargné par ces changements d’humeur», s’interroge-t-il. La situation actuelle pourrait précipiter une décision de dissolution de l’Assemblée nationale, par le chef de l’État. «Une solution politique éventuellement opportune, concèdent les deux observateurs. Mais techniquement, est-ce que ce sera le cas?»