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Thierry Sauzier, Directeur général adjoint du groupe Medine : «Un ‘Knowledge Hub for Africa’, prochain pilier de notre économie»

1 juillet 2015, 00:08

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Thierry Sauzier, Directeur général adjoint du groupe Medine : «Un ‘Knowledge Hub for Africa’, prochain pilier de notre économie»

Le groupe Medine se donne les moyens de ses ambitions en développant progressivement son Master Plan pour l’ouest du pays. Outre son projet d’Education Village, le groupe est aussi impliqué dans un projet de smart city qui, explique son directeur général, devrait être une «ville intégrée, durable et connectée».

 

L'un des projets du groupe Medine fait partie des huit «smart cities» qui devraient propulser le pays à un autre palier de son développement. À quel stade en est ce projet ?

Au début des années 2000, le groupe Medine a commencé à réfléchir à un plan directeur pour le développement de ses terres dans l’ouest de l’île. La mise en oeuvre de ce plan a démarré vers 2005, avec la création du pôle immobilier du groupe et une approche systématique par rapport à la problématique du développement urbain intégré et durable, qui a mené à l’identification de 750 hectares à développer. Nous nous concentrons aujourd’hui sur la première phase de ce plan sur plus de 200 hectares qui comprend des projets résidentiels, commerciaux, sportifs, de loisirs, de bureaux, culturels et éducatifs.

 

Medine met graduellement en oeuvre les projets de son Master Plan qui s’étend jusqu’en 2025. Comment le projet de smart city et le Master Plan se rejoignent-ils?

Notre projet a une composante majeure axée sur l’enseignement supérieur, qui sera l’axe central de notre dimension «smart». À travers l’enseignement supérieur, nous espérons créer un cercle vertueux : enseignement – recherche – innovation – croissance à divers niveaux, tels l’architecture, l’ingénierie, la médecine, le droit, le business, la gastronomie et les langues.

 

Les alentours de cet EducationVillage bénéficieront dece souffle novateur et seront pourvus d’infrastructures sportives, artistiques, culturelles et de loisirs qui feront de notre nouvelle ville un endroit incontournable pour les Mauriciens et les touristes.

 

Enfin, plus traditionnellement, nous avons des solutions à proposer en matière d’eau, d’électricité et de gestion des déchets qui pourraient aider à réduire la pression sur les services publics dans ces domaines. Nous présenterons bientôt ces propositions aux autorités.

 

Où en sont, dans les grandes lignes, ces différents projets?

Nous en avons déjà réalisé un certain nombre depuis 2007. En moins de dix ans, nous avons mené à bien des projets totalisant Rs 3 milliards sur 450 arpents : le centre commercial Cascavelle Shopping Village, les espaces bureaux de Clarens Fields Business Park, l’école primaire West Coast International Primary School, plus de 1 000 lots résidentiels à Flic-en-Flac, le Tamarina Golf Estate, qui est le premier projet IRS réalisé à Maurice, un hôtel à Tamarin ainsi que l’agrandissement de Casela World of Adventures. Enfin, en septembre, nous livrerons les 144 unités de la première résidence étudiante à Maurice.

 

D’ici dix ans, nous prévoyons de développer sur 500 arpents un certain nombre de projets dont un campus universitaire, d’autres résidences étudiantes, un jardin des plantes, un centre artistique et culturel, un centre sportif, une gare routière, une école secondaire et préprimaire ainsi qu’une garderie. Nous envisageons aussi de construire des infrastructures médicales qui pourraient être associées à une université de médecine de renommée mondiale, l’université Paris-Descartes.

 

L’«Education Village» retient l’attention. A-t-il un lien avec le projet de «knowledge hub» du gouvernement ?

Nous croyons fermement qu’un Knowledge Hub for Africa est l’un des prochains piliers de notre économie et notre Education Village contribuera au positionnement du pays à ce niveau. Les conditions nécessaires au développement de ce nouveau pilier sont, d’une part, la volonté des autorités à perfectionner le cadre juridique pour l’enseignement supérieur et, d’autre part, la qualité des opérateurs invités pour opérer à Maurice. Si ces deux facteurs sont réunis, nous serons en bonne voie pour développer un secteur qui pourrait, à terme, générer plus d’un tiers de ce que génère le tourisme aujourd’hui en termes d’export earnings.

 

Le projet ICSIA (International Campus for Sustainable and Innovative Africa) se positionne en tant que force motrice du pôle éducation de Medine. Quelle a été votre démarche ?

Au départ, nous avions un projet purement immobilier, soit fournir les infrastructures d’un campus à des opérateurs qui, eux, apporteraient leur savoir, l’organisation des cours et des examens, les professeurs et la délivrance des diplômes.

 

En cours de réflexion, nous avons compris qu’en matière d’enseignement supérieur, qualité ne rime pas forcément avec profit car les meilleures institutions sont en général «not for profit» et réinvestissent tous les excédents dans des professeurs de qualité et la recherche.

 

Si nous voulions contribuer à positionner Maurice comme un centre d’excellence,nous devions miser sur la qualité pour que notre réputation dépasse nos frontières. Nous l’avons déjà fait en matière de tourisme et c’est ce même modèle que nous avons choisi pour l’enseignement supérieur.

 

Ainsi, nous avons sélectionné un certain nombre d’opérateurs qui feront partie du pôle d’excellence de notre campus que nous avons baptisé l’International Campus for Sustainable and Innovative Africa (ICSIA). Ces écoles de renom sont l’université Panthéon-Assas, l’École centrale de Nantes, l’École supérieure des sciences économiques et commerciales (ESSEC), l’École nationale supérieure d’architecture(ENSA), l’université Paris-Descartes, l’école de gastronomie Ferrandi et l’institut de management et de communication interculturels ISIT. Notre philosophie a donc évolué au contact de ces institutions que nous accompagnons maintenant pour leur développement à Maurice, en plus des infrastructures que nous mettons en place pour elles.

 

De tels développements demanderont-ils des investissements et infrastructures conséquents ?

Comme pour les autres projets de Medine, les développements seront demand driven. Ainsi, notre campus de Pierrefonds qui accueille déjà environ 400 étudiants en permanence, sera un incubateur pour le campus de Flic-en-Flac, qui sera lui-même développé en différentes phases avec pour objectif d’accueillir 5 000 étudiants en 2025. Certains investissements seront réalisés dès 2016 tels le centre sportif, les infrastructures culturelles et artistiques, afin que les habitants du campus et de la ville puissent profiter de ces aménagements. Nous avons également des projets résidentiels autour du campus qui, nous l’espérons,susciteront l’enthousiasme des Mauriciens et des étrangers. Le projet dans son ensemble représente environ Rs 20 milliards d’investissement.

 

Quels retours sur investissement attendez-vous ?

Les retours sur investissement sur les opérations «éducation» sont en général assez modestes. La patience sera donc nécessaire pour les projets purement liés à l’éducation. Toutefois, ce projet fait partie d’un plan de plus grande envergure : notre smart city qui permettra un retour sur investissement en ligne avec les expected returns du marché.

 

Plus largement, comment envisagez-vous l’évolution des différents pôles d’activités de Medine ?

Aujourd’hui, Medine a quatre pôles d’activités : l’immobilier, l’éducation, les loisirs et l’agriculture. Il est évident que notre pôle traditionnel, l’agriculture, souffre mais nous faisons des efforts constants pour préserver ce pôle essentiel à l’avenir du groupe. Les loisirs, avec Casela principalement, se portent bien et nous tentons d’innover en permanence pour satisfaire les besoins de notre clientèle locale et touristique.

 

Nous essayons de diffuser cet aspect innovateur à travers le groupe car Medine a souvent été le pionnier d’activités économiques à Maurice avec la mécanisation agricole, le développement de Tamarina, le développement de Casela, la construction de la première résidence étudiante à Maurice et bientôt, le premier village côtier intégré accessible aux Mauriciens et aux touristes à Wolmar. Enfin, nous serons parmi les premiers à faire sortir de terre une smart city. La route est encore longue mais avoir une vision à long terme reste un acte de foi dans notre pays.

 

Le Medine Integrated Park pourrait donc être la première smart city ?

Être la première smart city n’est pas un enjeu pour nous. Nous voulons créer quelquechose qui ressemble à ce que nous sommes, à savoir un pays multiracial, multiethnique,multiculturel et accueillant pour les étrangers. Ainsi, notre objectif est de développer une ville durable, intégrée, connectée et harmonieuse offrant un cadre permettant l’épanouissement des familles à travers des valeurs d’éducation, de liberté et de respect. Pour pouvoir réaliser cela, la collaboration étroite entre les secteurs public et privé pour le bien-être de la population est essentielle.

 

Certains spécialistes de la construction sont peu optimistes quant à la réalisation de ces technopoles. Ils pensent que d’ici 2020, il n’y aura pas une seule smart cité qui sera sortie de terre...

La courte expérience acquise dans la préparation et la mise en exécution de notre Master Plan nous a confirmé que «Rome ne s’est pas faite en un jour» ! La volonté du gouvernement et l’enthousiasme des groupes locaux à faire avancer ces projets nous permettent d’être optimistes et de penser que nous sommes sur la bonne voie. Il est évident que cela prendra du temps et demandera du courage et de la persévérance. Il est difficile de prévoir à ce stade combien de projets aboutiront et dans quels délais, car la route est longue, mais les Mauriciens sont habitués à relever des défis.