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L'Eurogroupe refuse de prolonger le plan d'aide à la Grèce

28 juin 2015, 07:51

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L'Eurogroupe refuse de prolonger le plan d'aide à la Grèce
Les ministres des Finances des 18 pays qui partagent la monnaie unique avec la Grèce se sont réunis à Bruxelles dans l'après-midi, au lendemain de l'annonce surprise par le Premier ministre grec, Alexis Tsipras, de la tenue le 5 juillet d'un référendum sur la dernière proposition d'accord "aide financière contre réformes" des créanciers.
 
"Malheureusement, en dépit des efforts entrepris à tous les niveaux et du soutien entier de l'Eurogroupe, cette proposition a été rejetée par les autorités grecques, qui ont rompu les négociations de manière unilatérale dans la soirée du 26 juin", a déclaré l'Eurogroupe dans un communiqué que le Grec Yanis Varoufakis n'a pas signé.
 
"L'accord d'assistance financière en cours avec la Grèce expirera le 30 juin 2015."
 
Le président de l'Eurogroupe, Jeroen Dijsselbloem, a souligné que ces décisions n'exonéraient en rien Athènes de ses obligations financières, "en premier lieu vis-à-vis du FMI".
 
Un prêt de 1,6 milliard d'euros du Fonds monétaire international à la Grèce arrive à échéance mardi et Athènes n'a pour l'instant pas les fonds nécessaires pour y faire face.
 
De son côté, Yanis Varoufakis, le ministre grec des Finances, a estimé qu'un accord avec les créanciers restait possible dans les trois jours à venir.
 

VAROUFAKIS PARLE DE "MOMENTS DÉCISIFS"

 
"Dans ces moments décisifs, le gouvernement grec se bat pour qu'il y ait un accord de dernière minute d'ici mardi", a-t-il dit.
A propos du refus de l'Eurogroupe de prolonger le plan d'aide, il a estimé que "ce refus va certainement nuire à la crédibilité de l'Eurogroupe en tant qu'union démocratique d'Etats membres partenaires".
 
"Et j'ai très peur que les dommages causés soient durables", a-t-il ajouté.
 
Les dix-huit autres ministres de l'Eurogroupe tenaient en fin de journée une nouvelle réunion sur les conséquences possibles de la rupture annoncée.
 
A leur arrivée, la plupart des 18 avaient laissé entendre que l'arrêt des discussions était la seule solution.
 
"Nous ne disposons d'aucune base pour poursuivre les négociations", avait ainsi déclaré l'Allemand Wolfgang Schäuble.
 
La Grèce et l'ensemble de la zone euro entrent donc dans une période d'incertitude extrême, une situation dans laquelle un pays membre pourrait être contraint de renoncer à la monnaie unique étant totalement inédite.
 
La crainte la plus immédiate concerne le système bancaire grec, qui ne fonctionne que grâce à la fourniture de liquidités d'urgence assurée par la Banque centrale européenne (BCE). Cette dernière a simplement déclaré samedi que son Conseil des gouverneurs se réunirait "en temps voulu".
 
Des files d'attente étaient visibles samedi devant la plupart des distributeurs de billets d'Athènes, dont une partie étaient vides dès le milieu de l'après-midi. La présence policière autour des agences bancaires avait été renforcée dès vendredi soir après l'allocution télévisée du Premier ministre.
 

"BLOCAGE TOTAL"

 
La quasi-totalité des agences bancaires sont fermées le week-end et aucun signe de véritable panique n'était perceptible samedi dans les rues d'Athènes. Des sources gouvernementales ont dit qu'aucun projet de mise en place de mesures de contrôle des capitaux, qui limiteraient les retraits d'espèces, n'était à l'ordre du jour.
 
La Vouli, le Parlement unicaméral grec, s'est réuni samedi pour approuver le référendum et Syriza, le parti de gauche d'Alexis Tsipras, a déjà appelé les électeurs à rejeter les propositions des créanciers.
 
"La bataille que nous menons ne concerne pas que nous: il en va de la dignité et de la démocratie en Europe", a déclaré son comité politique dans un communiqué.
 
Les dernières propositions de la zone euro prévoyaient le versement de plusieurs milliards d'euros au cours des prochains mois si la Grèce acceptait, entre autres, de réformer les retraites et de relever la TVA.
 
L'opposition grecque a dénoncé l'attitude intransigeante du gouvernement dans les négociations.
 
"Tsipras a mené le pays vers un blocage total entre un accord inacceptable et une sortie de l'euro", a résumé son prédécesseur Antonis Samaras, chef de file du parti de droite Nouvelle Démocratie, estimant que le référendum équivaudrait à dire "oui" ou "non" à l'euro.
 
Selon un sondage de l'institut Alco réalisé du 24 au 26 juin pour le quotidien Proto Thema, 57% des Grecs sont favorables à la conclusion d'un accord avec les créanciers tandis que 29% sont pour une rupture.