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Après Charleston, le drapeau sudiste banni des magasins aux USA

24 juin 2015, 07:11

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Après Charleston, le drapeau sudiste banni des magasins aux USA
L'émotion provoquée par la tuerie de Charleston il y a une semaine a convaincu les grandes enseignes américaines de distribution et une partie de la classe politique du sud des Etats-Unis de bannir le drapeau confédéré, emblème polémique du passé esclavagiste américain.
 
Suivant l'exemple du géant Wal-Mart Stores, des groupes comme Amazon.com, Google, Sears Holding Corp ou eBay Inc ont annoncé dans un même élan le retrait de tous les produits liés au drapeau rouge et bleu à treize étoiles utilisé pendant la guerre de Sécession (1861-1865) par les Etats de la Confédération.
 
Les principaux fabricants du drapeau, Valley Forge Flag, Anning Flagmakers et Eder Flag Manufacturing, ont déclaré qu'ils mettaient fin à la production de cet emblème devenu symbole controversé depuis l'assassinat, mercredi dernier, de neuf Noirs dans une église de Charleston, en Caroline du Sud, par un jeune Blanc aux motivations racistes.
 
"Nous espérons que cette décision contribuera modestement à promouvoir l'unité raciale et la tolérance dans notre pays", a déclaré Valley Forge Flag dans un communiqué. Le fabricant, basé en Pennsylvanie, a précisé que le drapeau sudiste ne représentait qu'une infime partie des millions de drapeaux qu'il produit chaque année.
 
Les défenseurs des couleurs confédérées estiment qu'elles représentent l'héritage du Sud, sa tradition de défi envers l'autorité fédérale et qu'elles rendent hommage aux victimes sudistes de la guerre civile.
 
Pour ses adversaires, le "Stars and Bars" représente l'esclavage, le racisme et la xénophobie aux Etats-Unis. Don Doyle, professeur d'histoire à l'Université de Caroline du Sud, estime que le drapeau confédéré a pris sa signification moderne à partir des années 1950 quand il a été utilisé en opposition au mouvement des droits civiques.
 
Avant la tuerie, le tireur présumé de Charleston, Dylann Roof, 21 ans, a posé aux côtés de l'étendard confédéré sur des clichés diffusés sur un site internet et accompagnés d'un manifeste raciste.
 
RAZ-DE-MAREE
 
Jusqu'à très récemment, la républicaine Nikki Haley, gouverneur de Caroline du Sud, refusait de débattre de la question du drapeau, qui flotte près du siège du gouvernement local. Elle s'est prononcée lundi pour son retrait, montrant la voie à d'autres responsables politiques du Sud.
 
Dans le Mississippi, l'Etat américain dont le drapeau est le plus proche du "Stars and Bars", le président de la Chambre locale des représentants, Philip Gunn, a préconisé de changer d'emblème. En Virginie, autre ancien Etat confédéré, ce sont les plaques d'immatriculation portant les couleurs sudistes qui ont été interdites et la Géorgie a l'intention de faire de même.
 
"Le changement d'opinion de ces derniers jours, c'est du jamais vu. C'est un raz-de-marée", note le professeur de science politique de l'université de Charleston Gibbs Knotts.
 
Pour certains commentateurs, cette mobilisation contre le drapeau confédéré, bien que puissante symboliquement, est une manière un peu simple de répondre aux problèmes du racisme, de la discrimination ou des inégalités aux Etats-Unis.
 
Cette controverse sur le drapeau sudiste intervient dans un contexte d'intenses débats depuis des mois aux Etats-Unis sur les tensions raciales, provoqués par les violences policières dont des Noirs ont été victimes à Ferguson (Missouri), New York ou Baltimore. Des violences qui ont relancé la lutte pour les droits civiques avec un mot d'ordre rassembleur: "Black Lives Matter" (La vie des Noirs compte).