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La fillette qui a poignardé son bourreau en 2013 violée

20 juin 2015, 14:19

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La fillette qui a poignardé son bourreau en 2013 violée
La pauvreté fait-elle le lit de drames humains à répétition ? Il le semblerait. Déclarée irresponsable le mois dernier pour avoir tué, en 2013, l’homme qui la harcelait, une fillette de 12 ans allègue avoir été violée dimanche par un homme de 26 ans. Son père, abruti par ce nouveau coup du sort, estime que s’il avait une maison convenable, rien de tel ne se serait produit. 

Déménagements répétitifs

Cet ancien maçon de 35 ans raconte que depuis le meurtre du harceleur, des officiers de la Child Development Unit (CDU) rendaient visite à sa fille quatre à cinq fois par mois. «Mem kan nou ti Port-Louis zot ti vini.» En effet, la famille n’a eu de cesse de déménager, vivant notamment au domicile de la grand-mère maternelle de la gamine dans un faubourg de la capitale. «La mo tifi ti rési répran impé so lavi. Li ti mié ler nou ti kot so gramer. Ti éna lalimier, salle de bain, twalet laba», raconte le trentenaire qui fait vivre les siens sur des allocations sociales totalisant Rs 7 400, après une vilaine fracture au bras ayant nécessité la pose de vis.

Un tableau désolant 

Dans ce cas, pourquoi lui et les siens ont-ils repris leur vie de nomades ? Parce qu’il ne supporte pas que l’on passe des remarques à ses enfants. «Kot mo belmer-la ou koné, zanfan fer dézord. Mo pa kontan ki dimounn kriy ar mo zanfan.» Du coup, ils ont trouvé refuge, il y a cinq mois, dans ce qu’il reste d’une maison en béton délabrée sans vitres aux fenêtres et aux portes. Un tableau désolant: des sofas éventrés traînent dans la cour jonchée de détritus.
 
Impossible de rester à l’intérieur de ce qui tient lieu de salon tant l’odeur de sudation mêlée à celle de la moisissure incommode. On a juste le temps d’apercevoir trois lits défaits qui côtoient une armoire cassée aux vêtements empilés et un meuble de rangement presque vide. Le coin cuisine est envahi par une tonne de moucherons enquiquineurs. 
 
Le papa affirme que depuis le meurtre, il n’a jamais laissé sa fille sortir seule. Sauf pour se rendre au collège, lâche-t-il. La fillette, selon le trentenaire, pleurait sans cesse tous les jours avant qu’elle soit déclarée irresponsable du meurtre. «Li ti pé ploré souvan. Ler monn dir li ki so ka inn dismiss an mai, linn soulazé.» 

Autorisation pour aller acheter une glace

En ce qui concerne le viol présumé, la fillette a déclaré qu’il se serait produit dimanche. Ce jour-là, le père se serait rendu à l’hôpital à cause de douleurs gastriques. Sa femme, qui était à la maison, faisait la vaisselle à l’extérieur de la maison lorsque la fillette, accompagnée de sa «ser batem» de 14 ans, lui aurait demandé l’autorisation d’aller acheter une glace à la boutique. 
 
Permission accordée. Or, une heure plus tard, les adolescentes ne seraient toujours pas rentrées. La mère aurait refait le chemin qu’elles étaient censées avoir emprunté. Mais aucune trace des filles. Ce n’est que vers 15 heures qu’elles se seraient pointées. 
 
La fillette se serait toutefois murée dans le silence. Le lendemain, elle serait sortie de son mutisme pour raconter sa mésaventure. Selon ses dires, sa «ser baptem» et elle auraient rencontré un homme. Toutes deux l’auraient suivi «akot pon». Le père soutient que la fille a dit à sa mère que l’homme «inn fer li fim enn sigaret ek linn soulé ar sa». Quand elle a repris connaissance, poursuit-il, elle était nue. «So ser baptem osi inn fimé ek inn soulé mé li ti ankor abiyé ler linn lévé.»
 
 Si sa fille n’a rien dit le jour du viol allégué, le père pense qu’elle avait peur qu’il la gronde. «Li koné mo séver ek ki mo pa kontan bann zafer sigaret ek fimé.» Ce qu’il ignore, en revanche, c’est pourquoi elle a suivi cet inconnu qui habiterait, selon nos renseignements, non loin de «so ser baptem».
 
Quant à la fillette, elle est admise à l’hôpital depuis lundi. Son père ne lui a toujours pas rendu visite. «Linn rod mwa. Li dir mwa vinn get li. Mo madam pé alé vini. Mo bizin res ar lézot zanfan. Ler enn alé, lot bizin resté.»
 
Il affirme qu’il finira par connaître le fin mot de l’histoire. Selon lui, s’il avait eu une maison, les choses n’en seraient pas là. «Dépi sink an mo pé fer démars pou gagn enn lakaz. Pa ti pou ariv sa si mo ti éna enn lakaz. Mé avek tigit kas ki mo gagné, mo pa kapav viv ek pey mansialité. Asterla mo népli pou kapav res isi. Pou bizin déménazé ankor…»