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Carlton: DSK relaxé, épilogue de 4 ans de scandales sexuels

13 juin 2015, 11:31

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Carlton: DSK relaxé, épilogue de 4 ans de scandales sexuels
Poursuivi pour proxénétisme aggravé, Dominique Strauss-Kahn a été relaxé vendredi dans l'affaire dite du Carlton de Lille, un dénouement qui clôt l'accumulation depuis quatre ans de scandales sexuels ayant brisé la carrière de l'ancien favori de la course à l'Elysée.
 
Et qui met en cause le sérieux de l'instruction, qualifiée de "château de cartes" par un avocat de DSK au sortir de l'audience.
 
Au total, 12 des 13 prévenus accusés de proxénétisme aggravé ont été relaxés en correctionnelle, conclusion dérisoire d'un monumental procès de trois semaines.
 
A l'énoncé de la relaxe, nulle trace de soulagement apparent sur le visage grave de l'ancien directeur général du FMI. Il n'a affiché un large sourire qu'après la fin de l'audience.
 
Ce jugement est pour lui la fin d'une série noire: celle d'ennuis judiciaires que lui a valu une sexualité qu'il a reconnue au cours du procès sans doute "plus rude" que "la moyenne des hommes".
 
Une série qui inclut ses ennuis au FMI, fin 2008, avec une employée qui s'était plainte de ses avances appuyées, la spectaculaire affaire du Sofitel de New York en mai 2011, qui avait anéanti sa carrière, même s'il en était sorti sans procès au pénal.
 
Entre-temps, la journaliste Tristane Banon l'avait également accusé d'un viol qui aurait été commis en 2003, avant que l'affaire ne soit classée sans suite.
 
DSK s'est éclipsé rapidement sans mot dire, laissant à ses avocats le soin de dresser le bilan d'un dossier à charge, qui s'est écroulé avec la relaxe quasi générale des prévenus.
 
Le tribunal a estimé que DSK avait eu "un comportement de client non répréhensible par la loi pénale", n'ayant fait que "bénéficier des modalités d'une prestation sexuelle de groupe".
 
"Le château de cartes s'est aujourd'hui effondré. On a voulu faire à tout prix d'un innocent un coupable, ça n'a pas marché", a déclaré Me Richard Malka, un de ses trois avocats.
 
Son collègue, Me Henri Leclerc, a souligné de son côté le "vide total" du dossier. "(...) Toute cette affaire et ce tapage immense autour de cette affaire est quelque chose qui devrait donner à tous à réfléchir", a conclu le défenseur.
 
- Une seule condamnation pour proxénétisme -
 
Si le parquet n'a eu de cesse de demander la relaxe de DSK, laissant planer un suspense tout relatif à l'issue des débats, il avait demandé des peines de prison avec sursis pour de nombreux prévenus et même de la prison ferme à l'égard de Dominique Alderweireld, alias Dodo la saumure, tenancier de maisons closes. Mais ce dernier a également été relaxé, de même que sa compagne Bétraice Legrain.
 
Pour la plupart, le tribunal a considéré qu'ils n'étaient que de simples "clients".
 
Seul René Kojfer, ancien responsable des relations publiques du Carlton, qualifié de "sergent-recruteur de la prostitution lilloise" par le procureur, a été condamné à un an de prison avec sursis - sans la circonstance agravante de la réunion.
 
"Il a ce sentiment d'être un peu le dindon de la farce, le bouc émissaire d'une affaire qui n'est pas tant juridique au fond qu'une affaire morale", a regretté son avocat Me Hubert Delarue, qui se donnait un temps de réflexion avant un éventuel appel.
 
- Dossier complexe, instruction critiquée -
 
En préambule d'une lecture qui a duré un peu plus de deux heures, le président Bernard Lemaire a souligné la "complexité du dossier", son "impact médiatique": "le tribunal a souhaité expliquer publiquement son jugement".
 
En théorie, DSK encourait jusqu'à 10 ans de prison et 1,5 million d'euros d'amende. Combatif à la barre du tribunal, en février, il avait farouchement nié être l'instigateur des soirées libertines auxquelles il participait, et avoir été au courant de la profession des prostituées qu'il y rencontrait.
 
Lors de la lecture de ses motivations, le président du tribunal a évoqué à plusieurs reprises de multiples imprécisions dans l'instruction, et les contradictions dans les témoignages de prostituées.
 
"Je considère que nous avons gagné : notre objectif n'était pas de faire condamner les gens mais de porter un débat public sur une notion taboue de la société, à savoir le proxénétisme dit BCBG", a toutefois réagi Me David Lepidi, avocat des Equipes d'action contre le proxénétisme, l'une des associations qui se sont portées partie civile.
 
Seules deux des prostituées qui étaient également partie civile recevront des dommages et intérêts, fixés à un euro, après la condamnation de René Kojfer.