Belle-Rive: les quatre disciples sont morts asphyxiés

13 juin 2015

13 juin 2015, 09:28

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09:28

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Par

Adila MOHIT, YasinDENMAMODE, Nashreen EDOOBACCUS, Béatrice ISNARD

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Belle-Rive: les quatre disciples sont morts asphyxiés

Ils ne se réveilleront jamais de leur séance de méditation en apnée. Sharmila Hemraz, Devi Samoo, Gayatree Mannick et Oodesh Kaseeram, quatre membres du Chinnamasta Maha Kali Sthann, un regroupement dévoué à une déesse hindoue, ont succombé à un empoisonnement au monoxyde de carbone dans un temple à Belle-Rive, ce vendredi 12 juin.

Lors de l’autopsie de Oodesh Kaseeram, pratiquée tard dans la soirée à la morgue de l’hôpital Victoria, sous la conduite du chef du service médicolégal de la police Sudesh Kumar Gungadin, de son adjoint Maxwell Monvoisin et du Dr Prem Chamane, les médecins légistes ont découvert que le sang de la victime contenait un taux élevé de monoxyde de carbone. Même constat ensuite pour les trois autres victimes, toutes âgées en moyenne d’une cinquantaine d’années.

Un membre du Scene of Crime Office effectuant des prélèvements dans la cour du temple.

Selon les enquêteurs, les émanations venaient d’un générateur fonctionnant à l’essence placé dans une chambre non aérée. En effet, le temple quasi neuf n’est pas connecté au réseau électrique.

Ils ont ingurgité un liquide

Les disciples de la déesse Chinnamasta pratiquent la méditation en apnée et le tantrisme. Ils s’imposent aussi des rituels pour tester leur endurance physique, comme la marche sur le feu ou sur des sabres à canne, ainsi que des séances de prières s’étalant sur plusieurs jours. Le jeudi 11 juin, 13 membres du Chinnamasta Maha Kali Sthann avaient décidé d’ingurgiter un liquide pas encore identifié avant de débuter leur séance de méditation.

Les experts du Forensic Science Laboratory, à leur

arrivée sur les lieux du drame.

Celle-ci a viré au drame : les 13 participants ont perdu connaissance. Le bilan aurait pu être plus lourd si l’un d’eux ne s’était pas réveillé et lancé un appel au secours en début d’après-midi vendredi. Devanand Mannick, le professeur de méditation, 59 ans, habitant Curepipe, Harrychand Callychand, 52 ans, Girish Hemreaz, 52 ans, et Ouma Devi Callychand, 45 ans, des habitants de Camp Thorel, ainsi que Anoushka Bhairama, 26 ans, habitant St Julien d’Hotman sont quelques-uns des survivants.

Deux des rescapés ont pu rentrer chez eux le soir même, un a passé la nuit à l’hôpital de Rose-Belle et six ont été placés sous observation à l’hôpital de Flacq, dont le gourou Devanand Mannick. Son état de santé est jugé préoccupant et il a été admis à la Cardiac Unit.

Un fourgon mortuaire de la police à la morgue

de Candos, où les corps ont été autopsiés.

Selon un de ses neveux, le gourou a été victime d’un malaise cardiaque lorsqu’il a appris que son épouse, Gayatree Mannick, figurait parmi les victimes. Il a précisé que Devanand Mannick pratique les chants et la méditation depuis au moins quarante ans. Et bien avant que soit pratiquée l’autopsie des corps, notre interlocuteur confiait à l’express qu’il pensait que c’était le générateur utilisé dans le temple qui avait causé le drame.

Vers minuit, les experts du Forensic Science Laboratory et du Scene of Crime Office ont quitté le temple après l’avoir mis sous scellés. Ils s’y rendront de nouveau ce samedi matin pour examiner le générateur. Des policiers se trouvant sur place en ont pris pour leur grade un peu plus tard, un responsable ayant déploré l’absence de flood lights pour permettre aux experts de mener à bien leurs investigations. Ces mêmes policiers ont aussi été à la source d’une certaine confusion : ils avaient laissé entendre que c’est le froid qui aurait eu raison des victimes…

Les enquêteurs ont délimité la zone où les corps

ont été découverts.

Les proches interrogés

Vendredi soir, la police criminelle avait déjà commencé à interroger les proches des victimes et des rescapés. D’après la famille de l’ancien policier Oodesh Kaseeram, à Rose-Belle, des proches lui avaient conseillé de mettre un terme à ses séances de prières. Ils jugeaient que celles-ci étaient louches et se rapprochaient de la magie noire.

«Ils s’étaient préparés à une telle issue», plaidait pour sa part un fidèle qui a été initié par Devanand Mannick pour devenir aussi gourou. «Pena nanie de mal inn arive… Zot ti fini kone ki outcome pou ete», a-t-il confié à l’express avant de replonger dans sa séance de méditation.