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Préservation du patrimoine et développement pas incompatibles

10 juin 2015, 13:59

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Préservation du patrimoine et développement pas incompatibles

 

De vieilles pierres qui ont vu défiler l’Histoire, intégrées dans un complexe moderne et fonctionnel. Allez au Caudan pour vous en convaincre. Alors que le Fort George, classé patrimoine national, fait l’objet d’enjeux liés à la fourniture d’électricité dans le long terme, est-ce possible de concilier préservation du patrimoine et développement ?

 

Maurice Giraud, l’architecte qui a travaillé sur le design du Caudan Waterfront il y a plus de 15 ans, témoigne. Si la majorité des entrepôts qui existaient à cet emplacement ont été démolis, «nous avons conservé la façade qui se trouve aujourd’hui à l’entrée du food court». De même, «toute la partie basse» sous le restaurant indien Namasté «porte des dates gravées dans la pierre».

 

...tout comme la façade qui se trouve aujourd’hui à l’entrée du «food court» du Caudan...

 

À main gauche, en entrant dans l’aire de restauration, «nous avons découvert un mur datant du premier observatoire. C’était la seule chose qui restait de cet observatoire. Nous l’avons gardé tel quel», dit l’architecte. De plus, des blocs de pierres «tachées avec de la chaux» ont été réutilisés. «Cela donne un effet à l’ensemble», fait remarquer Maurice Giraud. A également été conservé, «le rez-de-chaussée en pierres taillées au Blue Penny Museum». Tout comme la façade de l’immeuble d’IBL.

 

Comment cela a-t-il été rendu possible ? «Mon client s’en est soucié», se souvient Maurice Giraud, pour qui ces efforts de préservation «donnent du caractère» au front de mer. Est-ce que le souci de l’Histoire pèse sur le coût du projet de construction  ? «Si cela ajoute au budget, c’est négligeable», estime l’architecte. «Cela dépend de ce que vous voulez faire.»

 

De son côté, Gaëtan Siew, architecte et président du comité sur les smartcities, dit ne pas connaître beaucoup d’exemples locaux de mariage de l’ancien et du moderne. La faute à «une attitude particulière » que l’on a chez nous. «Dès que l’on dit qu’il faut préserver, soit on veut rénover à l’identique, soit on veut en faire un musée », déplore l’architecte.

 

Pour lui, il s’agit de placer le patrimoine dans la perspective du développement durable. «Le patrimoine est une ressource qui, comme l’eau, se recycle», soutient Gaëtan Siew. Maniant l’analogie parlante, l’architecte ajoute : «Le patrimoine est comme quelqu’un à la retraite qui peut avoir une nouvelle carrière professionnelle. Cela ouvre davantage d’opportunités.»

 

Gaëtan Siew va plus loin : «le patrimoine, ce n’est pas juste dépenser Rs 10 millions. Il faut qu’après les travaux, le patrimoine puisse à son tour générer des revenus et même assurer la création d’emplois. Ce n’est que comme cela que l’on pourra avoir un patrimoine pérenne et de manière authentique.» Concernant le cas du Fort George, l’architecte estime qu’il serait dommage que sa partie patrimoniale n’ait qu’une «fonction privative».

 

...et les fontaines de la State Bank of Mauritius dans la capitale.