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Apple tente de reprendre l'initiative dans la musique en ligne

9 juin 2015, 18:32

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Apple tente de reprendre l'initiative dans la musique en ligne

Avec son nouveau service de streaming, Apple espère redevenir le chef d'orchestre pour la musique en ligne, où il devra toutefois prouver sa valeur ajoutée comparé au concert d'offres déjà proposées par Spotify, YouTube, Deezer et autres Pandora.

 

Le groupe informatique américain "est confronté à la difficulté de convaincre les gens que son service vaut l'argent qu'il faut payer pour lui en premier lieu; et ensuite, pour les gens qui payent (déjà) un service, de les (en) faire changer", indique à l'AFP Carolina Milanesi, analyste chez Kantar Worldpanel ComTech.

 

Après avoir imposé sa boutique en ligne iTunes comme plateforme dominante pour les téléchargements de musique, Apple a laissé d'autres acteurs prendre l'initiative dans le streaming, l'écoute en flux directement sur internet sans téléchargement préalable.

 

Or ce dernier attire surtout avec des offres gratuites, financées par la publicité. Le numéro un mondial, le suédois Spotify, affiche ainsi seulement 15 millions d'utilisateurs payants sur un total de 60 millions.

 

A l'échelle mondiale et tous services confondus, le nombre d'internautes payant un abonnement de streaming musical est passé de 8 à 41 millions entre 2010 et 2014, selon la Fédération internationale de l'industrie phonographique (IFPI). Cela représente des recettes en forte croissance (+39% l'an dernier à 1,57 milliard de dollars), mais seulement une petite partie des quelque 15 milliards de dollars de revenus annuels de l'industrie musicale.

 

- Plateforme pour "faire" des artistes -

 

Apple s'était déjà essayé au streaming gratuit en 2013 avec iTunes Radio. Fort des compétences acquises l'an dernier avec Beats, cofondée par le rappeur Dr Dre et le producteur Jimmy Iovine, il retente aujourd'hui sa chance avec Apple Music, une proposition payante et plus ambitieuse alliant écoute à la demande, radio en ligne et réseau social pour les artistes et leurs fans.

 

Aucune de ces composantes n'est inédite (Apple lui-même avait déjà lancé en 2010 un genre de réseau social musical adossé à iTunes, Ping, abandonné deux ans après).

 

Leur combinaison pourrait toutefois créer "la sorte de plateforme musicale que le secteur attend depuis le début de l'ère numérique", juge sur son blog Mark Mulligan, un analyste spécialiste du secteur musical: il imagine à terme de pouvoir sans transition écouter la radio, puis quand un titre plaît en entendre à la demande d'autres du même artiste, interagir avec lui, voire finalement acheter automatiquement tout un album. "La mise en place ne serait pas simple (surtout du point de vue des droits), mais c'est la forme d'innovation à laquelle Apple devrait aspirer."

 

La marque à la pomme n'a pas détaillé la rémunération prévue pour les artistes, un sujet sensible ayant conduit récemment la chanteuse Taylor Swift à quitter Spotify.

 

"Si les fonctionnalités d'Apple pour les artistes sont assez solides, attendez-vous à une forte adoption, en particulier de la part des plus gros labels et artistes", estime Mark Mulligan, n'excluant pas qu'Apple se retrouve avec "plus de pouvoir qu'il n'en a jamais eu pendant les jours les plus glorieux d'iTunes", et notamment celui "de faire un artiste".

 

Grâce notamment à l'aspect social, "si vous êtes un petit artiste, en train de démarrer, c'est une bonne plateforme pour tout ce que vous faites", souligne aussi Carolina Milanesi.

 

- Ouverture à Android -

 

Vu le marché difficile dans lequel se lance Apple Music le 30 juin, "s'ils ont du succès, ce sera grâce à leur écosystème très solide", prédit Stephen Baker, analyste du NPD Group. James McQuivey, chez Forrester, pense également que les fidèles utilisateurs d'Apple lui apporteront "en moins d'un an" autant d'abonnés payants que Spotify.

 

Mais Apple espère dépasser ses propres appareils: rompant avec sa stratégie habituelle, il étendra le service plus tard cette année à Android, le système d'exploitation du grand rival Google.

 

Pour Ian Fogg chez IHS, c'est un signe que la priorité est bien de "construire une grande activité de musique numérique", et pas d'utiliser Apple Music seulement comme argument de vente pour l'iPhone.

 

Carolina Milanesi note néanmoins qu'in fine, "les gens pourraient essayer le service de musique et, dans une étape suivante, pourraient envisager un iPhone comme smartphone".