Publicité

Coopérative de Vacoas: ça ne roule plus pour les Ettoo

30 mai 2015, 19:00

Par

Partager cet article

Facebook X WhatsApp

Coopérative de Vacoas: ça ne roule plus pour les Ettoo
Des voitures de luxe aux Casernes centrales. La famille Ettoo fait la une des journaux depuis le 19 mai. Sewram et Soondarsun, de la société Passion Drive & Co.Ltd, leur frère Anirao, leur sœur Usha ainsi que l’épouse de Sewram, Reena Devi, ont été arrêtés pour fraude alléguée dans l’affaire de détournement de fonds à la Vacoas Popular Multipurpose Cooperative Society (VPMCS).
 
Les deux frères auraient contracté des prêts colossaux pour le compte de leur affaire familiale d’importation de voitures de luxe. À lui seul, Sewram Ettoo, le propriétaire de Passion Drive, aurait sollicité la société coopérative pour au moins huit prêts d’un montant total de Rs 100 millions. Quant à sa femme Reena Devi, elle avait emprunté, entre 2007 et 2012, une somme  de Rs 21 millions. 

«On les voit passer dans de belles voitures, des Chrysler, des Audi…»

Quand le scandale VPMCS a éclaté et que la famille Ettoo s’est retrouvée sous les feux des projecteurs, plusieurs personnes ont été surprises. Une voisine confie que ce sont des gens «à part. On se connaît tous dans le quartier autour de la rue Lees, mais eux, non. On les voit passer dans de belles voitures, des Chrysler, des Audi…»
 
Et quand ils ont appris les accusations qui pèsent sur la famille, de nombreux habitants du quartier sont tombés des nues. Car, en dehors de leur goût affiché pour les grosses cylindrées, ce sont des gens «très discrets» qui laissent filtrer peu de choses de leur vie privée, s’accordent à dire tous ceux qui les ont côtoyés de près ou de loin. 
 
Sewram, plus connu comme Ravi Ettoo, est diplômé en droit. En 2005, il choisit de se lancer dans le commerce des pièces de rechange et le tuning des grosses berlines allemandes. Il a découvert son amour pour le tuning après avoir obtenu le permis pour commercialiser les pièces Febi Bilstein sur le territoire mauricien.
 
Les voitures de luxe sont le signe  le plus ostentatoire de leur fortune. Les «Maserati Boys» – comme les appellent certains – se sont associés à Viglietti Motors, représentant de Maserati en Afrique du Sud, pour  commercialiser la marque italienne  à Maurice.
 
En novembre 2011, la Quattroporte et la GranTurismo S sont officiellement lancées ici. La cérémonie a lieu dans les locaux de Passion Drive, dans le complexe Socota à Phoenix, en présence d’invités de marque. Passion Drive était également la vitrine de marques allemandes comme AC Schnitzer pour le tuning des BMW, Brabus et Carlsson pour les Mercedes. Un garage dernier cri pour l’entretien des voitures haut de gamme avait aussi été construit.
 
Le jour de ce lancement en grande pompe, sir Anerood Jugnauth, alors président de la République, encensait les Ettoo… et faisait mention de leurs liens avec la VPMCS : «M. Ettoo a vu grand. Il ne s’est pas arrêté à la commercialisation des voitures Maserati, mais s’est lancé dans un one stop shop pour voitures.» Le président a ajouté que la coopérative de Vacoas a joué un rôle important dans le financement de ce projet.
 
Les Ettoo ont érigé leur résidence dans une cour immense à la rue Lees, à Curepipe. Cette maison surplombe les champs de thé de l’usine Corson. La propriété avait été hypothéquée pour servir de garantie à l’obtention des huit prêts. Initialement surévaluée à  Rs 78 millions, la demeure a ensuite été réévaluée à Rs 41 millions.
 
Depuis que Passion Drive a fermé ses portes à Phoenix, on chuchote que le garage a déménagé à Curepipe. D’ailleurs, dans la cour à la rue Lees, des pièces de rechange et des roues de toutes les tailles jonchent le sol.
 
Un jeune homme que nous avons rencontré près du domicile des Ettoo confie qu’il avait laissé sa voiture depuis septembre pour des réparations. Mais depuis, rien n’a été fait. «La voiture est encore plus abîmée. Les quatre roues sont différentes. Je ne sais même pas s’il y a encore un moteur. Je vais appeler un remorqueur pour faire enlever ma voiture sur-le-champ», fulmine-t-il. 
 
Une des membres de la VPMCS affirme qu’elle n’a jamais rencontré Ravi Ettoo, alors qu’elle fait partie de la coopérative depuis 30 ans. Selon elle, ce n’est que le jour de la première mobilisation des membres qu’elle l’a vu pour la première fois : «Il s’est pointé à la mobilisation et a essayé de négocier avec nous. Il nous a affirmé qu’il allait remettre son business sur les rails.»
 
Un autre membre déclare seulement que les Ettoo menaient la belle vie : «Ils fréquentent des hommes d’affaires. Ils aiment impressionner les gens autour d’eux.» Et un troisième affirme que Ravi Ettoo voyage à l’étranger toutes les deux à trois semaines. L’Afrique du Sud, l’Europe, l’Allemagne, la Russie... les voyages font partie de son quotidien. «Li dir li pé fer offshore, ki li an tourné prospeksion. Mem avek zot kamarad pros zot pa dir nanié…»