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L'Otan et l'UE inquiets après des affrontements qui ont fait 22 morts en Macédoine

11 mai 2015, 10:09

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L'Otan et l'UE inquiets après des affrontements qui ont fait 22 morts en Macédoine

L'Otan et l'UE ont appelé à la retenue en Macédoine après des affrontements au cours du week-end entre la police et des membres d'un groupe armé d'origine albanaise qui ont fait 22 morts dans cette ex-république yougoslave où un deuil national de deux jours a été décrété.

Dimanche dans la soirée, la police a annoncé que son opération à Kumanovo (nord) était achevée. "Le groupe armée est neutralisé. La zone est sous le contrôle de la police", a déclaré à l'AFP un porte-parole des forces de l'ordre, Ivo Kotevski.

 

Selon lui, cinq des leaders des insurgés sont des ressortissants albanais du Kosovo.

 

L'Otan et l'UE se sont déclarées "profondément préoccupées" par ces violences, qui ont réveillé la crainte d'un conflit similaire à celui de 2001, qui avait opposé pendant six mois les forces armées macédoniennes aux rebelles albanais réclamant davantage de droits au sein de la société.

 

Le secrétaire général de l'Otan a appelé "chacun à faire preuve de retenue et à éviter toute nouvelle escalade dans l'intérêt du pays et de l'ensemble de la région".

 

La Macédoine est candidate à l'adhésion à l'UE et souhaite vivement intégrer l'Otan.

 

"Huit policiers ont été tués et 37 blessés" à Kumanovo, près de la frontière avec le Kosovo, a déclaré à la presse un porte-parole de la police, Ivo Kotevski.

 

"D?autre part, 14 cadavres en uniforme ont été retrouvés sur place", a-t-il ajouté, faisant référence aux membres du groupe armé.

 

Selon lui, les assaillants faisaient partie d'un "groupe terroriste particulièrement dangereux", dont les membres sont sous mandat d'arrêt international.

 

D'après le porte-parole de la police, plus d'une trentaine de personnes ont participé à l'attaque, pour la plupart des citoyens de Macédoine, mais aussi cinq du Kosovo et un d'Albanie, désignés comme d'origine albanaise.

 

Ce groupe est "venu d'un pays voisin", avait assuré samedi la police sans l'identifier, mais la presse locale affirme qu'il s'agit du Kosovo majoritairement albanais.

 

Alors que la Serbie renforçait ses troupes aux frontières, l'Albanie et le Kosovo ont aussi lancé des appels au calme, Pristina demandant "à toutes les parties de trouver une solution par la voie du dialogue politique".

"Le groupe terroriste a été annihilé. L'opération approche de sa fin", a affirmé dans l'après-midi M. Kotevski, assurant qu'une importante quantité d'armes avait été retrouvée sur place.

 

A Skopje, le ministère de l'Intérieur a précisé qu'une vingtaine de membres de ce groupe s'étaient rendus aux forces de l'ordre samedi en fin d'après-midi, et qu'ils étaient sur le point d'être présentés à la justice.

- Scènes de guérilla urbaine -

 

Ces affrontements surviennent quelques semaines après qu'un groupe armé d'Albanais venus du Kosovo a brièvement pris possession, le 21 avril, d'un petit commissariat de police à la frontière nord de la Macédoine, réclamant la création d'un État albanais sur le territoire de cette ex-république yougoslave.

 

A partir de samedi à l'aube, Kumanovo, située à une quarantaine de kilomètres au nord de la capitale, a été le théâtre de scènes de guérilla urbaine.

 

Des troupes d'élite, des transports de troupes blindés, des policiers casqués et portant des gilets par balles ont bouclé le quartier à majorité albanaise musulmane où étaient retranchés les membres du groupe.

 

Des dizaines d?habitants ont fui le quartier, et les rues de la ville étaient presque désertes.

 

Ailleurs dans le pays, des obsèques des policiers macédoniens tués ont eu lieu dimanche, comme à Tetovo, ville à majorité albanaise, où des dizaines de personnes ont marché en silence vers le cimetière, derrière le cercueil du policier Sasho Samoilovski, selon la coutume slave chrétienne orthodoxe.

 

La Macédoine, pays de 2,1 millions d'habitants, est en majorité slave orthodoxe. La minorité albanaise musulmane représente un quart de la population.

 

Candidate à l'adhésion à l'UE depuis dix ans, cette ex-république yougoslave est par ailleurs en proie à une grave crise politique - qui oppose depuis des mois les principales formations slaves -, l'opposition de gauche accusant le pouvoir conservateur de corruption et de la mise sur écoute de 20.000 personnes, dont des hommes politiques, des journalistes et des chefs religieux.

 

A Skopje, les autorités ont appelé la population au calme et proclamé dimanche deux jours de deuil national.