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Koomaren Chetty, Chief Executive Officer de Business Parks of Mauritius Ltd: Un entrepreneur avant tout

3 mai 2015, 10:59

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Koomaren Chetty, Chief Executive Officer de Business Parks of Mauritius Ltd: Un entrepreneur avant tout

Lorsque nous rencontrons Koomaren Chetty mercredi, cela fait seulement trois jours qu’il a pris son poste. Mais il est loin d’y faire tache. Il s’étonne que l’on puisse… s’étonner qu’un restaurateur et propriétaire/ directeur de journal, dirige une société appelée à faire de l’informatique une super puissance dans la région. «Être restaurateur est une de mes lignes oui. Propriétaire/directeur de journal aussi. Mais je suis un entrepreneur avant tout.»

 

Si entreprendre est devenu un moteur dans la vie de cet homme de 47 ans, au départ, c’était une obligation. Il lui fallait impérativement faire fructifier le patrimoine familial à la suite de la disparition subite et prématurée de son père Bala, fonctionnaire, petit planteur, propriétaire d’un supermarché et de huit appartements à Grand-Baie. Lorsque ce dernier meurt, Koomaren Chetty n’a pas 20 ans et est en Form VI au Collège Royal de Port-Louis.

 

La famille est dévastée par ce décès. En tant qu’aîné, Koomaren Chetty doit assumer les responsabilités. Et pour que sa mère et ses frères et soeurs, dont la dernière n’a que huit ans, continuent à mener une vie confortable, il doit prendre le relais. Il complète son Higher School Certificate qu’il réussit «fadement car la priorité était ailleurs».

 

Il décide alors de convertir l’étage du supermarché en restaurant de poissons et fruits de mer qu’il nomme Le Capitaine. Il ne s’y connaît pas en restauration mais a pour lui la volonté d’apprendre et de réussir. Il constitue une équipe pour l’aider et met aussi la main à la pâte. Ses débuts sont difficiles. Mais il ne se décourage pas. Le bar qu’il aménage à côté du supermarché familial lui attire une clientèle bruyante qui finit par déranger. Il le ferme et fait descendre le restaurant au rez-de-chaussée. Partisan d’aller chercher le client là où il se trouve, il parcourt les plages du Nord et distribue des dépliants aux touristes.

 

La mayonnaise commence à prendre. Sauf que le cyclone Hollanda ruine ses efforts en détruisant une partie du restaurant dans la nuit du 6 février 1994. Il lui faut alors remettre le couvert. Ce qui fait sa force, c’est que son équipe est rejointe par le chef d’un grand restaurant de cuisine fine. Sa mère l’encourage à prendre une épouse. Il décide de fréquenter Poovanam qu’il avait remarquée. Décidé à battre le fer pendant qu’il est chaud, Koomaren Chetty se fiance un mois après leur première rencontre et l’épouse sept mois après. Ils ont trois enfants : Prabagaven, 19 ans, qui étudie l’anthropologie et les sciences sociales à l’Université de Toronto au Canada, Ameydi, 16 ans, et Seyyorn, 11 ans, toujours scolarisés.

 

Il se rapproche du Parti travailliste (PTr) entre 1991 et 1995. «Enn koté, sir Anerood Jugnauth ti en fin de règne. Lot koté, mo trouv enn boug ki apel Ramgoolam e ki sorti Londres. Mo ti krwar li enn gran arracheur!» Il déchante lorsqu’il note qu’une fois au pouvoir, les travaillistes se montrent «claniques. Monn get métod travailliste e monn pensé : se pa mo kiltir. Apré, si to anvi entreprendre, Ramgoolam pa enn bon lexamp. Si to anvi amize oui». Il prend alors ses distances des politiques.

 

Koomaren Chetty, qui a pris goût à la restauration, veut avoir un pied dans la capitale. En 1999, il rachète le restaurant Borsalino au Port-Louis Waterfront qu’il transforme en Beer and Spice et en 2001, il fait de même avec une enseigne que vend le groupe Levieux au Caudan Waterfront.

 

Il obtient un rôle aux côtés de l’acteur Gérard Depardieu dans le film Mon père, ce héros, tourné à Maurice. Ce sportif, qui préside à un moment la Fédération mauricienne de volley-ball, se met à s’intéresser au journalisme lorsque la presse critique ses décisions.

Il veut faire du journalisme autrement, c’est-à-dire mener des enquêtes sur le gaspillage des fonds publics. Et feu le journaliste Vishwa Mootoocurpen, un ami et lui lancent l’Hebdo en 2002. Journal qui déterre quelques affaires dont le fameux «Carnet laboutik» d’Air Mauritius. Mais ne s’invente pas patron de presse qui veut et Koomaren Chetty l’apprend vite. «Nous n’avions pas de recettes publicitaires et l’aventure n’était plus viable.»

 

Il revend l’Hebdo en 2005 et se rapproche du Mouvement socialiste militant (MSM). N’ayant pas digéré l’échec de son entrée dans la presse, deux ans plus tard, il lance avec plus de succès le journal Samedi Plus. Les avocats de cette entreprise de presse ne sont autres que Roshi Bhadain et Ravi Rutnah, actuels ministre des Services financiers et député.

 

L’audiovisuel l’intéressant aussi, il investit dans un studio d’animation en trois dimensions à Chennai, en Inde, afin de réaliser des dessins animés. Mais les grosses sociétés américaines débauchent les employés du secteur et son studio est affecté. «Mo pankor rekilé lor la. I’ll get back into that», promet-il. Il est un des rares à ne pas croire en la durée de l’alliance PTr Mouvement militant mauricien (MMM) en  2010 en raison de leurs différents styles de gestion, et les évènements lui donnent raison.

 

Après avoir longuement soutenu le MSM, il adhère au parti le 31 mai 2014. C’est le projet de deuxième République et du septennat défendu par le tandem PTr-MMM qui le motive à se porter candidat. Envoyé dans la circonscription de Belle-Rose–Quatre-Bornes, il mord la poussière aux élections générales du 10 décembre dernier. «Je n’ai pas été déçu car je suis lucide. Et puis, la politique, c’est un parcours, pas un acte ponctuel.»

 

Aujourd’hui, vu ses nouvelles attributions publiques, il a démissionné comme directeur de journal et de ses restaurants auxquels il a ajouté une autre enseigne l’an dernier, à savoir le Captain Blue Seafood. Il s’attelle désormais à un état des lieux de BPML. Il parle d’un audit technologique à faire afin de trouver des clients, notamment pour les 250 000 pieds carrés de bâtiment industriel vacant et pour faire grimper le taux d’occupation de la Cyber Tour 1 qui est de 89 %. Gros défi ? «Yes, but an interesting one.»

 

 

2005. Koomaren Chetty est très famille. Ici, il est avec
Loga, sa grand-mère. En médaillon : lui à trois ans.

 

1985. De g. à d., Koomaren, son père Bala, sa grandmère
maternelle Atti et sa mère Amba, posent
devant le supermarché familial.

 

1994. En moins d’un an, le voilà marié
à Poovanam.