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Congé maternité étendu: coût supplémentaire de Rs 250 M par an

29 avril 2015, 18:47

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Congé maternité étendu: coût supplémentaire de Rs 250 M par an

L’extension du congé maternité de 12 à 14 semaines divise, même au sein du patronat. Si certains chefs d’entreprise y sont favorables, d’autres arguent que cet amendement que compte introduire le gouvernement à l’Employment Rights Act coûtera très cher aux entreprises.

 

C’est l'opinion de Pradeep Dursun, directeur de la Mauritius Employers’ Federation (MEF). Il estime que ces deux semaines de congé supplémentaires coûteront entre Rs 225 millions et Rs 250 millions par an à l’ensemble des entreprises. «Qui va payer ? Est-ce que ce sera aux entreprises de le faire ?»*

 

L'enjeu pour les petites entreprises

Il se demande aussi si cette facture additionnelle ne devrait pas être payée à travers la Sécurité sociale. Car pour lui, il ne faut pas que les entreprises soient seules à en assumer les coûts. «Dans la conjoncture actuelle, les entreprises qui en ont les moyens peuvent payer. Mais pour les petites entreprises, cela représente des coûts additionnels.»

 

Pradeep Dursun précise toutefois que le taux d’activité à Maurice avoisine les 60 % et qu’il faut l’augmenter. Avant de tirer des conclusions sur l’extension du congé maternité, il concède donc qu’il faut mesurer l’impact d’une telle mesure : «Il faut savoir si cette mesure favorise ou agit comme une barrière en termes d’opportunité d’emploi pour les femmes.»

 

Mais pour un employeur de Port-Louis que nous avons rencontré, c’est tout vu : cette mesure est un «cadeau empoisonné» pour les employées : «À la longue, elle sera discriminatoire pour les femmes. Les employeurs risquent de privilégier l’embauche des hommes à celle des femmes.» Il ajoute qu’en sus des congés maternité, les femmes ont aussi droit à des heures pour l’allaitement et «ça représente beaucoup d’heures d’inactivité».

 

Si notre interlocuteur admet qu’il s’agit d’une mesure populaire et que les chefs d’entreprise seront contraints de s’y soumettre, lui voit avant tout, dans ces deux semaines de congé, surtout deux semaines de production en moins. Qui risquent, estime-t-il, de mettre un frein aux chances de promotion d’une employée.

 

Il est rejoint dans ses propos par un employeur dont 80  % des employés sont des femmes. Ce dernier pense que les entreprises vont recruter des hommes plutôt que des femmes. Il affirme qu’à l’étranger, «il y a des femmes qui n’ont pas de boulot à cause des congés maternité. D’autres travaillent sous contrat et les contrats ne sont pas renouvelés dès que l’employeur apprend que l’employée est enceinte».

 

Moins de naissances

Ce chef d’entreprise ajoute que cette mesure aura un impact sur la compétitivité : «Il y a déjà eu l’augmentation de Rs 600 au début de l’année. Chaque année, il y aura encore 5 à 8 personnes qui vont s’absenter. Les deux semaines supplémentaires représenteront un coût pour la société car ce sont des congés payés.»

 

Cependant, d’autres patrons accueillent favorablement l’extension du congé maternité, à l’instar d’Hemraj Ramnial, directeur du groupe Esquel : «Les employées auront plus de temps pour s’occuper des enfants. Cette transition de deux semaines est une bonne chose. Je ne pense pas que ce soit un problème pour nous les employeurs.»

 

«Préparer la main-d’œuvre pour faire face à l’avenir»

Du côté des syndicalistes, l’extension du congé maternité est vue d’un bon œil. Pour Radhakrishna Sadien, président de la Government Services Employees Association, «les deux semaines additionnelles sont quelque chose de plus qu’apporte la maman à l’enfant. Les congés maternité sont une motivation pour encourager les femmes qui ont un emploi à avoir des enfants». Il fait ressortir que le taux de natalité est en baisse et «la population doit croître. Il faut préparer la main-d’œuvre pour faire face à l’avenir».

 

Jane Ragoo, de la Confédération des travailleurs du secteur privé, ajoute que c’est la convention 183 du Bureau international du travail sur la protection de la maternité qui recommande qu’une employée bénéficie de 14 semaines de congé maternité. Elle demande d’ailleurs au gouvernement de ratifier cette convention.

 

La syndicaliste laisse entendre cependant que souvent, des patrons licencient des femmes quand ils apprennent qu’elles sont enceintes. Et, confie-t-elle, comme beaucoup ne sont pas favorables à cette mesure, «ils veulent que le gouvernement paie ces deux semaines à leur place».