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Démissions au MMM : bientôt vers la fin du parti ?

25 avril 2015, 15:37

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Démissions au MMM : bientôt vers la fin du parti ?

Ce n’est pas le premier séisme qui secoue le MMM. Pourtant, d’aucuns estiment que cette fois-ci le parti vit ses dernières heures. A l’instar de Jocelyn Chan Low. Pour l’historien, «l’heure est grave pour le MMM». Il revient sur les événements qui, selon lui, ont conduit à la déchéance du parti. En premier lieu, l’affliction des militants face à l’alliance avec le Parti travailliste (PTr). Pour l’historien, le malaise s’est accentué avec l’alliance «on and off» car cette décision a remis en question la crédibilité du leadership du MMM.

 

Ce sont surtout les élections internes qui ont eu un effet boule de neige, lance l’historien. «Il n’y a pas eu d’élections internes depuis dix ans et on sait très bien pourquoi. Certains ne sont pas élus, d’autres sont rétrogradés. Ce qui crée une frustration», déclare Jocelyn Chan Low. Et d’ajouter : «A travers cette initiative, Paul Bérenger a tenté de retrouver une certaine légitimité. Mais cela n’a pas eu l’effet escompté.» Selon lui, ces élections ont provoqué le désordre.

 

«La base du MMM s’effrite»

 

Pour l’historien, c’est la plus grande crise que le MMM ait connue. Après la crise d’idéologie de 1973 ou encore la cassure avec Anerood Jugnauth en 1983, le MMM est toujours retombé sur ses pieds. Mais cette fois-ci, les choses risquent d’être différentes, déclare Jocelyn Chan Low. Pourquoi cela ? Pour l’historien, la structure politique ne permet pas d’envisager de grandes manœuvres avec le départ d’Alan Ganoo, d’Atma Bumma et de Kavi Ramano, bien que le PTr s’est affaibli.

 

«La base du MMM s’effrite. Il n’y a pas de grandes marges de manœuvre. L’alliance Lepep effectue déjà le grand nettoyage que le MMM avait promis», soutient-il. Toutefois, pour Jocelyn Chan Low, la fin du parti n’est pas encore arrivée mais «il va juste être très difficile de rebondir».

 

Un avis que partage Jenny Adebiro, présidente de l’aile jeune du MMM. Bien qu’elle confie regretter le départ du trio. «Quand les membres de ta famille te quittent, c’est triste», a-t-elle déclaré. Mais qu’importe ! Elle voit en ces départs l’opportunité de se «réorganiser». D’ailleurs, elle soutient que le MMM gère très bien la situation. «Toutes les instances du parti fonctionnent, on va faire face», souligne la jeune femme.

 

Vijay Makhan, membre du Bureau politique du MMM, croit aussi que le parti se relèvera. «Tout grand parti passe par des moments de crise. Vous allez être surpris du nombre de personnes qui continuent à adhérer au parti», lance-t-il. «Si l’alliance avait gagné, en serait-on là aujourd’hui ? » s’interroge le membre du Bureau politique. Il ne comprend pas pourquoi certains se sont réfugiés dans le mutisme absolu après les élections au sein du parti, qui, selon lui, ont contribué à fomenter cette crise. 

 

«Je m’attendais à ce que les gens disent le fond de leur pensée. Si c’était le leadership qu’ils convoitaient, fallait le dire, déplore le militant.Je regrette qu’Alan Ganoo ait quitté le parti. Quand on parle du MMM, c’est toujours Paul Bérenger et Alan Ganoo. S’il pense que le parti a dévié, il ne jette pas sa part au chien.»

 

Pour Vijay Makhan, le MMM passe par un moment de crise mais il ne compte pas rester les bras croisés. Le membre du bureau politique annonce que le MMM affûte déjà ses armes pour un come-back en force à travers des réflexions dans toutes les 20 circonscriptions du pays. Au programme ? La révision de la stratégie du parti et ses priorités.

 

Toutefois, ce retour en force annoncé par Vijay Makhan, Mitradev Peerthum, ancien rédacteur en chef du Militant, n’y croit pas. L’ex-conseiller de Paul Bérenger soutient que la crise était inévitable. D’où sa décision d’ailleurs de s’en séparer en 2006. «A l’époque, j’avais déjà soulevé les points litigieux qui font grand bruit aujourd’hui : la trahison, les diversions et les autres faux pas», soutient-il. Selon lui, le MMM n’a pas d’avenir sous la direction de Paul Bérenger.

 

Pour lui, le parti «a perdu son âme» depuis 1983 quand il a arrêté d’être un parti national. A cette époque, sir Anerood Jugnauth (SAJ) s’était dissocié du MMM afin de créer le Mouvement socialiste militant. D’autres membres tels que Jean Claude de l’Estrac ont emboîté le pas à SAJ en 1993.

 

Avec la défaite cuisante du Parti lors des dernières élections l’ex-rédacteur en chef s’attendait  que Paul Bérenger démissionne. Mais il «n’a pas retenu la leçon», lance-t-il. Et d’ajouter : «Les électeurs des villes vont donner une telle gifle au MMM qu’il n’aura plus d’autre recours que de quitter la scène politique. Le MMM est sur la pente depuis 2005.»