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Ajay Gunness: «Des francs-maçons essaient de contrôler le MMM»

14 mars 2015, 06:28

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Ajay Gunness: «Des francs-maçons essaient de contrôler le MMM»

Le Mouvement militant mauricien (MMM) réunit son comité central ce samedi 14 mars et son assemblée de délégués dimanche. Ce parti passe par un moment de crise avec la démission de trois députés suivant une défaite électorale. Son secrétaire général Ajay Gunness évoque le mal qui tente de ronger le parti de l’intérieur.

 

Une défaite aux élections générales. Des élus qui claquent la porte. Où va le MMM ?

Il ne faut pas que nous nous mentions à nous-mêmes. Après la défaite aux élections de 2014, le MMM passe par une phase difficile puisque le parti fait face à son destin. D’autant plus que des gens qui avaient voté pour l’alliance avec le PTr et qui ont été candidats sous cette alliance, après s’être pratiquement battus pour un ticket, se sont retournés contre nous au lieu d’assumer ensemble cette défaite.

 

Certains veulent se déclarer vierges. Comme s’ils n’ont pris aucune décision pour cette alliance. Ils trouvent toutes sortes de prétextes pour justifier leur départ du MMM.

 

Nous avons un week-end décisif et crucial pour l’avenir du MMM. Aujourd’hui (NdlR : vendredi) la direction collégiale se réunit ensuite il y a le comité central et l’assemblée de délégués pendant le week-end. C’est un turning point pour le parti.

 

Quel est le pire scénario auquel on peut s’attendre ce week-end ?

Je suis sûr que les militants sauront se réveiller. Ils doivent prendre la destinée de leur parti entre leurs mains.

 

Que voulez-vous dire ?

Ils doivent être solidaires avec leur parti, avec la nouvelle direction et leur leader tout en sachant qu’il y a beaucoup de faussetés que des démissionnaires disent sur le MMM et sur lequel ils jettent de la boue. Par exemple, ils ont mené une campagne communale lors des élections du comité central et aujourd’hui ils viennent donner des leçons sur les communalistes. C’est dégoûtant qu’ils jettent de la boue sur la nouvelle direction.

 

Paul Bérenger a fait son mea culpa au Parlement. N’est-il pas trop tard pour se réveiller ?

Ce n’est pas maintenant que Paul Bérenger a fait son mea culpa. Lors de l’assemblée de délégués qui avait approuvé l’alliance PTr-MMM, il avait mis les membres devant des faits, c’est-à-dire, qu’il y avait un risque que le PTr et MSM «marye pike» pour une alliance si le MMM allait seul aux élections. On avait pris toutes les considérations nécessaires. L’assemblée de délégués avait donc voté pour une alliance avec le PTr pour contrecarrer une alliance PTr-MSM. Ils allaient sérieusement le faire.

 

Aujourd’hui avec le recul, nous le regrettons car même s’il y avait le risque d’une alliance PTr-MSM comme en 2010, nous aurions dû aller seuls. Nous regrettons de ne pas être allés seuls aux élections.

 

Vous aviez dit qu’un groupuscule voulait contrôler le MMM. Vous confirmez donc la rumeur de la franc-maçonnerie au sein du parti ?

Pour être plus précis, ils opèrent peut-être dans des loges et des mouvements. Ce sont les membres de ces loges qui ne sont pas élus lors des élections du bureau politique et du comité central. Ils refusent d’accepter la démocratie interne. Ils ont démissionné. Très vite la population va les démasquer.

 

C’est ce groupuscule qui veut prendre le MMM et contrôler le parti comme ils ont souhaité le faire dans le passé en voulant voler le symbole coeur. Avec le temps, ils ont commencé à opérer différemment, mais avec le même objectif : essayer de contrôler le MMM. C’est cela le danger en face de nous. À part le fait qu’ils opèrent dans un mouvement, maintenant ils mènent une campagne très «communale» vis-à-vis d’une section de la population.

 

Sont-ils toujours présents au sein du MMM ?

Autant que je sache, tous les membres de ce groupuscule ne pensent pas nécessairement de la même façon. Il faut savoir faire la différence avec ceux qui ont démissionné et qui avaient un agenda précis et ceux qui ont essayé de contrôler le MMM. Leur plan a été déjoué lors des élections du comité central et du BP. La base du MMM a découvert leur visage et les a sanctionnés lors des élections du comité central.

 

La base a également voté massivement pour Kavi Ramano et Steve Obeegadoo. Sont-ils victimes de leur popularité ?

Pas vraiment. Lors d’une année, j’ai été classé troisième aux élections du comité central, mais on m’avait confié le rôle de trésorier. Je n’avais jamais dit que j’étais victime de ma popularité.

 

Kavi Ramano et Steve Obeegadoo ont dit clairement dans les instances qu’ils vont opérer comme des militants et qu’ils donneront un coup de main au MMM sans même avoir un poste de responsabilité. On reconnaît les vrais militants dans des moments difficiles.

 

Un vrai militant apporte son soutien au parti non pas pour aspirer à devenir député, ministre ou pour occuper un poste dans le parti. Tant qu’ils siègent au sein du BP ou du comité central tant qu’ils sont ministres ou députés tout était parfait au sein du MMM, mais aussitôt à l’extérieur, ils mettent tous les péchés du monde sur le MMM et sur Paul Bérenger. J’appelle cela de la lâcheté.

 

On pourrait croire que Kavi Ramano et Steve Obeegadoo font partie de ce groupuscule puisqu’ils ont été écartés…

Ils ne font pas partie de ce groupuscule. Ils partagent une grande amitié comme beaucoup d’autres dirigeants du MMM avec ceux qui sont dans ce groupuscule. Toutefois, je ne crois pas qu’ils partagent leurs opinions. Ils sont les seuls à le savoir. J’apprécie qu’ils aient dit qu’ils vont militer pour le MMM.

 

Pourtant ceux qui font entendre leur voix ou qui critiquent le MMM publiquement en paient les conséquences…

Ce n’est pas vrai. Au contraire, dans les différentes instances du parti, des camarades donnent leurs points de vue qui sont pris en considération. Comme cela a été toujours le cas. Ce sont nos adversaires qui, comme prétexte, disent que quand un membre critique le MMM, il doit démissionner.

 

Oser exprimer un avis contraire veut aussi dire faire face à la colère du leader.

C’est trop facile de dire que Paul Bérenger exprime sa colère. On met tous les péchés sur lui. Les élections et les motions passent par des élections. Chaque membre a un bulletin de vote. Même s’il est en colère, les votes sont faits par bulletin secret. La croix que vous utilisez pour voter ne connaît pas la colère du leader.

 

Il est faux de dire qu’il est tout le temps en colère. Il est vrai que lors des débats à l’intérieur du parti, le leader peut ramener un militant sur le sujet des discussions s’il est en train de prendre un mauvais «track». Il le ramène vers le droit chemin pour le bien du débat.

 

Après le poste de secrétaire général, celui de leader du MMM vous intéresse-t-il ?

(Rires) «Ou pou fer mwa gagn maler.» Nous avons un leader. Camarade Paul a encore beaucoup d’années devant lui. Il est en forme et a plein de vigueur. Il y a des adversaires qui «pe pil lor li». Paul Bérenger demeure l’atout du MMM. Il sera à la tête du parti encore longtemps.

 

Quand le moment arrivera, il ne faut pas s’inquiéter. Au MMM, plusieurs personnes ont l’étoffe d’un leader… Il y a tout un groupe de personnes qui peuvent assumer cette responsabilité.

 

Comme Pradeep Jeeha ?

Il ne faut pas personnaliser le débat. On n’a jamais personnalisé le débat au sein du parti. Au moment venu, le parti dans son intelligence collégiale choisira l’équipe dirigeante et la personne qui garderont le flambeau du MMM haut.

 

On note que Paul Bérenger lance de grands sourires à sir Anerood Jugnauth au Parlement et il les lui retourne. Essaie-t-il de séduire le PM ?

Non. Aux dernières élections, la population a voté l’alliance Lepep pour gouverner le pays et le MMM pour être dans l’opposition. Le MMM va jouer à fond son rôle d’opposition. Cela n’empêche pas une certaine civilité entre les deux hommes. Il ne faut pas oublier que ce sont des politiciens qui ont milité longuement pour le pays.

 

SAJ est un produit du MMM. Il a été PM quand il était membre du MMM. Il était le leader de l’opposition du MMM à un moment de sa carrière. C’est normal qu’il y ait une civilité entre les deux hommes. Il ne faut pas aller trop vite en besogne.

 

Sir Anerood Jugnauth a déclaré que sa plus grande trahison politique, c’est Paul Bérenger…

Sir Anerood Jugnauth a dit ce qu’il pense et ce qu’il avait à dire. Paul Bérenger a fait comprendre que s’il n’y avait pas eu d’alliance avec le PTr, il y aurait eu une alliance PTr-MSM. Il ne faut pas oublier qu’il y a eu cette alliance en 2010.

 

S’il y avait eu une alliance PTr-MSM on n’aurait rien su sur madame La Sirène. Maintenant, nous voulons que toute la lumière soit faite sur les scandales commis sous le règne de Navin Ramgoolam. Là où il y a maldonne, il faut des actions et des condamnations.