Publicité

Patrimoine : et si le salut venait du tourisme ?

4 mars 2015, 09:04

Par

Partager cet article

Facebook X WhatsApp

Patrimoine : et si le salut venait du tourisme ?
Les images des fanatiques de Daech saccageant dans le musée de Ninive, à Mossoul, dans le nord de l’Irak, plusieurs sculptures millénaires à coups de masse font froid dans le dos. Même s’il n’y a pas de commune mesure entre ce qui s’est passé dans la lointaine contrée irakienne, la mort silencieuse des édifices patrimoniaux mauriciens relève aussi du massacre. La seule différence entre ce qui se passe là-bas et ce qui se déroule ici c’est qu’ici c’est notre indifférence qui signe l’arrêt de mort du riche passé que nous avons hérité.
 
Le travail remarquable de quelques ONG, des amis de l’histoire et de quelques Mauriciens qui refusent de léguer aux générations futures que du béton armé, ne suffit pas. Il y a trop à faire.
 
Il suffit de se balader à Mahébourg pour se rendre compte de l’étendue de la catastrophe ou d’aller faire un tour à Bambous où des bâtiments historiques sont laissés à l’abandon en attendant d’être détruits ou encore d’arpenter Port-Louis (80 lieux de mémoire répertoriés !) pour mesurer ce qui, inexorablement, nous file entre les doigts.

Tourisme et culture

Puisque les autorités concernées ne semblent guère s’émouvoir de la disparition du patrimoine, le salut viendra-t-il de l’industrie touristique ? L’industrie touristique, que l’on accuse de beaucoup de maux sociétaux et environnementaux, peut, dans une large mesure, jouer un rôle décisif dans la préservation de ce riche patrimoine. En 2006, sous un ministère du Tourisme déjà placé sous la responsabilité de Xavier-Luc Duval, le lancement d’une «Semaine du Patrimoine» très ambitieuse avait suscité beaucoup d’espoir. Dix ans après, cette «Semaine du Patrimoine» n’est plus qu’un lointain souvenir et s’est réduite à une opération portes ouvertes gratuites des musées !
 
 
L’objectif de la «Semaine du Patrimoine», dans sa version originelle était, il convient de le rappeler, «de sensibiliser les Mauriciens à la nécessité de protéger le patrimoine en général et en particulier le patrimoine bâti» et «d’attirer l’attention de la population, aussi bien les touristes, sur la richesse et la diversité de l’architecture mauricienne» et de «vulgariser le concept de restauration et de sauvegarde des bâtiments à travers l’éducation des enfants».
 
S’il est infiniment triste de constater l’absence de continuité dans des initiatives d’intérêt national au gré des changements de régime et de responsables, il n’est, heureusement, pas trop tard pour rattraper le temps perdu.
 
D’une sublime cheminée dans le sud en passant par Bénarès ou à Bambous.
 
La configuration du gouvernement actuel a fait que le ministère du Tourisme et celui de la Culture viennent de la même famille politique. Ce serait amusant et grotesque si le ministère de la Culture, toujours prompt à soutenir la moindre obscure organisation socioculturelle, ne s’engage pas de manière concrète derrière une «Semaine du Patrimoine» d’ampleur nationale initiée par le ministère du Tourisme.

Sortir du cliclé sea, sand & sun

À un moment où l’industrie touristique mauricienne cherche à davantage diversifier son offre pour asseoir sa réputation de place forte dans cette partie du monde, la mise en avant de la richesse patrimoniale et culturelle de Maurice est sans doute le moyen le plus sûr pour inventer un produit alternatif unique qui sortirait de la destination du cliché réducteur «sea, sand & sun».
 
L’état de décrépitude de la plupart des édifices patrimoniaux du pays ne peut pas être, c’est évident, que l’affaire des ministères. Les grands groupes hôteliers mauriciens et les tour-opérateurs qui ont pignon sur rue ont le devoir de s’impliquer. Et d’investir dans la préservation du patrimoine commun. Il est temps que l’ensemble de l’industrie touristique s’engage pour ajouter une nouvelle pierre au grand projet du tourisme durable à Maurice.