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Emprunts bancaires: dans l'enfer d'un entrepreneur endetté

2 mars 2015, 21:05

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Emprunts bancaires: dans l'enfer d'un entrepreneur endetté

Il essaie tant bien que mal de garder la tête hors de l’eau. Mais Sunil Ram, propriétaire de B Ram & Sons Ltd, confie être endetté jusqu’au cou. Il a accumulé près de Rs 8 millions de dettes auprès de trois banques.

 

Son entreprise, spécialisée dans la construction et la menuiserie, opère depuis 26 ans à Castel. Si elle a officiellement été enregistrée auprès du Registrar of Companies en 1989, les affaires ont débuté dans les années 70. Le père de Sunil ouvre alors un atelier de menuiserie qui devient un business familial. L’atelier, repris par les fils, est par la suite agrandi et se diversifie.

 

Dans les années 1990, les affaires prospèrent et l’entreprise contracte un prêt de Rs 1 million pour agrandir l’atelier. Prêt que B Ram & Sons Ltd réussit à payer par mensualités.

 

«Les problèmes ont commencé en 2002», explique notre interlocuteur. Un de ses clients tarde à le payer. «C’était un contrat de Rs 13,5 millions que le client a mis trois ans à payer», déplore-t-il. Résultat : il ne peut payer ses mensualités comme à l’accoutumée et les dettes commencent à s’accumuler.

 

Aucun avertissement

 

L’entreprise change alors de banque afin de pouvoir continuer à opérer. Et Sunil Ram demande un crédit à hauteur de Rs 4,5 millions. Et pour l’obtenir, il met des biens immobiliers en garantie.

 

«Mais en 2007, je suis allé à la banque et on m’a appris que mon compte avait été classé comme non-performing», explique Sunil Ram. Cette nouvelle a l’effet d’une bombe car il dit n’avoir reçu aucun avertissement de la banque avant ce jour fatidique. Relevés bancaires à l’appui, il affirme que les comptes de l’entreprise étaient pourtant à jour.

 

Le directeur de B Ram & Sons Ltd se met alors à demander des réponses à l’institution bancaire en question pour savoir pourquoi elle a classé son compte comme non-performing. «Cela m’enlève toute possibilité d’obtenir des overdrafts pour opérer mon business. De plus, toutes mes garanties immobilières restent coincées là-bas», souligne notre interlocuteur. Et d’ajouter que depuis 2007, le problème est toujours entier.

 

Et faute de pouvoir utiliser ce compte courant, il se voit contraint de changer de banque une nouvelle fois. Il parvient à créer un autre compte en banque afin de pouvoir faire marcher le business. Il n’a toutefois aucune possibilité d’obtenir de prêt ainsi que d’autres facilités de crédit «parce que mon compte a été déclaré non-performing dans une autre banque», fustige Sunil Ram. Il ajoute que l’entreprise avait déjà contracté un emprunt auprès de la DBM, qu’elle ne parvient pas à rembourser.

 

Il explique également qu’à cause de tous ces problèmes, il fait face à un manque de liquidité et de capital. Du coup, certains de ses fournisseurs refusent de lui vendre des matériaux car il a souvent eu des returned cheques. «Mes fournisseurs veulent que je paie  cash, mais la banque exige que les transactions soient faites par chèque.» Il ne sait plus sur quel pied danser.

 

«Les choses deviennent insoutenables»

 

Afin de régler son problème de non-performing account, Sunil Ram a tenté d’obtenir une explication auprès de cette banque par courrier. Mais celle-ci campe sur sa position. Il s’est également tourné vers la Banque de Maurice. Mais on lui a fait comprendre que la BoM ne pouvait intervenir dans ce genre de cas. Entre-temps, il a reçu plusieurs lettres lui sommant de rembourser ses prêts sous peine de saisie.

 

«Du coup, j’ai dû avoir recours à un avocat parce que les choses deviennent insoutenables», dit-il. Et d’ajouter que les honoraires de celui-ci s’élèvent à Rs 100 000. Ce qui fait dire à notre interlocuteur que pour l’heure, c’est le statu quo. «J’avais acheté un terrain à Vacoas avant 2007, pour agrandir mon atelier, mais j’ai dû abandonner le projet car je n’ai plus les moyens d’agrandir mon business», lâche Sunil Ram.

 

«Si nous arrivons à maintenir nos opérations, c’est parce que nous avons un savoir-faire, une grande expérience et une bonne réputation auprès de nos clients», fait ressortir Sunil Ram. Il soutient que si tout allait bien, il aurait pu employer plus de 60 personnes car ce n’est pas l’expérience et le travail qui manquent.