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Sexualité: des femmes presque libérées

25 février 2015, 14:32

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Sexualité: des femmes presque libérées
L’orgasme, le plaisir, le désir. Les Mauriciennes osent-elles, en 2015, en parler librement ? Si les langues se délient difficilement du côté de certaines, d’autres encore embrassent le sujet avec passion. 
 
En ce moment dans les salles obscures : 50 nuances de Grey, adaptation de la trilogie d’E.L. James, œuvre qui présente une sexualité féminine décomplexée. L’occasion de se demander, alors que l’on célèbre également la Journée mondiale de la femme le 8 mars, si les Mauriciennes sont un poil plus ouvertes d’esprit à ce sujet. Se cachent-elles encore sous la couette ? Osent-elles se mettre à nu ? Bas les masques.
 
Enfin presque. Au pays de l’intimité difficile à pénétrer, la langue de bois est reine. Recueillir les témoignages de quelques figures connues du paysage local s’avère être pratiquement «missionnaire» impossible. Accès de timidité, politique de l’autruche, disparition inexpliquée, certaines ne sont visiblement pas très chaudes à l’idée de répondre à ce type de question.
 
Est-ce à dire que les tabous sont en position de force ? Pas tout à fait, soutient Aisha Allee, directrice de Blast Communications. «Les femmes sont plus émancipées aujourd’hui, elles s’assument davantage.» L’entrepreneur de l’année 2014 est-elle entreprenante au lit ? «Je ne souhaite pas faire étalage de ma vie privée.»

«Je préfère être soumise au lit»

D’autres, cependant, n’hésitent pas à se mouiller. À l’instar d’Erika Werner, 30 ans, cadre dans une compagnie privée. «Je pense qu’il y a aujourd’hui un peu moins d’autocensure à ce niveau», lâche-t-elle, pleine d’ardeur. Pour elle, les femmes parlent désormais plus librement de leurs fantasmes, des soucis qu’elles rencontrent entre les draps et de ce qui les fait vibrer. Mais pas avec n’importe qui.
 
«Moi j’évoque souvent le sujet, peut-être même un peu trop, au risque de passer pour une nymphomane. Mais j’adore ça et je l’assume pleinement. Toutefois, j’aborde certains volets uniquement quand je suis avec mes amis.» Avec d’autres personnes, poursuit-elle, c’est un peu plus compliqué. Car, les gens ont la critique facile. «Et je pense que les femmes qui se la jouent sages sont celles qui ont le plus de choses à dire sur leur vie sexuelle.»
 
Autre chapitre : parmi ses livres de chevet, trouve-t-on ceux qui sont interdits aux moins de 18 ans et aux saintes nitouches ? «Certainement.» Et d’ajouter, sans fausse pudeur, qu’à l’ère d’Internet, l’on est à deux doigts et un clic du plaisir. «Je n’ai pas honte de le dire. J’ai un caractère bien trempé et je préfère être soumise au lit. J’ai besoin de quelqu’un de viril  qui n’a pas peur de me dominer, quitte à ce que je me sente souillée au moment du coït.»
 
Les moeurs évoluent lentement mais sûrement avec la jeune génération, les temps changent, renchérit Zafreen Bhaukaurally, 23 ans. Pour la jeune femme qui compte embrasser une carrière d’avocate, les femmes se placent petit à petit sur le même pied d’égalité que les hommes. «Pour ce qui est des salaires cependant, il y a encore du chemin à parcourir.» Mais pour le reste, le grand écart se réduit, soutient-elle. Résultats des courses : les sorties entre copines ou entre collègues sont légion, les bars grouillent de filles à l’heure des happy hours, elles sont sorties des «bwat coton» pour aller en boîte tout court.
 
Justement, les femmes se permettent-elles des coups d’un soir ? «Il n’y a rien de mal à cela, il suffi t de se protéger », estime à ce propos Erika Werner. «Il m’est arrivé de le faire. Je dois avouer que le contexte est assez excitant en soi. Ne rien savoir sur l’autre et ne rien attendre de l’autre, si ce n’est une histoire sans lendemain, sans engagement.» Seul hic, selon cette habitante de Moka, c’est que «les temps sont dangereux et
l’on ne sait pas sur qui l’on peut tomber. Il faut faire attention».
 
Une règle qu’observait à la lettre Davina T., 32 ans. Pour l’experte en marketing et en séduction, «la vie est trop courte, il faut en profi ter». Raison pour laquelle cette habitante de Flacq n’hésitait pas à se servir du langage du corps pour appâter quelques Apollon. Jusqu’à ce qu’elle tombe sur son prince, qui n’est pas toujours charmant, précise-t-elle entre deux rires. «Je vis pleinement ma sexualité et je n’hésite pas à en parler avec mes soeurs, mes amies et collègues. Je n’hésite pas à dire à mon partenaire ce que je veux.» Au qu’en-dira-t-on, c’est avec plaisir qu’elle lui fait un doigt d’honneur.
 
Que dire aux choqués, aux outrés, qui soutiennent que l’émancipation de la femme est une des causes du désagrègement de la cellule familiale ? Elle prend position. «Fam so ledo larz. Il faut arrêter de nous faire porter le chapeau dès que quelque chose ne va pas.» Et de faire valoir, sur un ton laconique : «Il ne faut pas mélanger les torchons et les serviettes.»