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Mario Nobin: «Les brebis galeuses doivent être écartées le plus tôt possible»

21 février 2015, 11:45

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Mario Nobin: «Les brebis galeuses doivent être écartées le plus tôt possible»

Adjoint au commissaire de police depuis 2002, Mario Nobin, 60 ans, assurera à partir de mercredi prochain l’intérim au poste suprême de la force policière. Il succède à Dhun Iswur Rampersad qui tire sa révérence après plus de six ans à ce poste en partant en congé pré-retraite à partir de cette date.

 

Vous êtes cité comme étant le prochain commissaire de police. Comment comptez-vous marquer vos empreintes si jamais vous accédez à ce poste suprême de la force policière ?

On peut toujours marquer ses empreintes par le travail assidu qu’on accomplit avec honnêteté et intégrité. Je compte dynamiser les différentes composantes de la force policière afin qu’on puisse offrir un service plus professionnel à chaque citoyen de Maurice, Rodrigues et Agalega, qui attend que la police soit plus proche pour le protéger et maintenir la paix et la sécurité.

 

Avec la série de critiques formulées par le public, est-ce que la force policière est suffisamment préparée pour gérer des situations comme les Affaires Ramgoolam ?

Je pense qu’on a tous les éléments nécessaires pour pouvoir faire un bon travail. C’est le moral du policier, son sens de motivation qu’il faut toucher pour qu’il puisse répondre à ses obligations. Naturellement, avec l’avancée technologique, on aurait souhaité aussi avoir des moyens technologiques plus performants.

 

Quel sera l’apport de la police dans la concrétisation d’une des mesures du gouvernement, qui est d’instituer une commission d’enquête sur le trafic de drogue ?

Chaque membre de la police dans son ensemble doit jeter tout son poids dans cette tâche très délicate pour pouvoir mettre au pas les trafiquants et tous ceux qui se font de l’argent sur le dos des petits gens qui travaillent honnêtement afin de gagner leur vie. D’autant que la plupart des petits délits commis sont liés à l’usage abusif de la drogue.

 

Un autre défi demeure les brebis galeuses au sein de la force policière...

C’est un défi majeur à relever. Les brebis galeuses ne font pas honneur à la force policière. On va les cibler et s’assurer qu’elles sont écartées du système le plus tôt possible. On ne va pas les tolérer, parce que les citoyens s’attendent à ce que chaque membre de la force policière puisse les rassurer et les protéger. Il ne faut pas que les brebis galeuses découragent la majorité des policiers qui travaillent loyalement et avec dévouement.

Chaque citoyen doit à son tour accomplir son sens du devoir civique pour alerter la police de toute activité suspecte. Je compte réactiver la hotline 148 pour faciliter la dénonciation anonyme des cas de corruption, des activités sur la drogue et des brebis galeuses.

 

Revenons à vos ambitions personnelles. Enfant, avez-vous aspiré à devenir un jour commissaire de police?

Pas du tout. Mon rêve était de devenir un scientifique. J’ai démarré comme enseignant au Saddul College (ex-Queen's College) à Vacoas. J’ai enseigné la chimie et les mathématiques pendant une année aux élèves de la Form IV et la Form V. C’est là que j’ai connu mon collègue, le Deputy Commissioner of Police (DCP) Choolun Bhojoo. Il était élève en Form III.

 

Pourquoi n’êtes-vous pas devenu scientifique ?

Fin 1975, j’ai pris part à un examen d’entrée à l’université de Maurice pour un cours en BSc Sugar Technology. Je suis sorti premier. Avec cette bourse, je pensais aller entamer une carrière académique à l’université, mais malheureusement, à l’époque, on ne nous donnait qu’une petite allocation symbolique de Rs 25. Mon père m’a dit que je ne pourrai pas continuer et que je devais chercher du travail. 

C’est là que j’ai postulé comme Cadet Inspector à la police. J’ai été recruté en janvier 1976. En avril de la même année, je suis parti suivre deux cours de formation d’une durée de 14 mois – le Standard Military Course et le Regular Career Course à la Royal Military Academy Sandhurst, en Angleterre. Je compte aujourd’hui une carrière vieille de 40 ans.

 

Quarante ans de service à la police sont aussi synonymes d’une série de mutations et de promotions ? 

De 1977 à 1984, j’ai été Platoon Commander à la Special Mobile Force (SMF) où j’ai dirigé une unité de 30 hommes. Je suis ensuite passé par le poste de police de Line Barracks–Port-Louis Sud jusqu’en 1988. Année où j’ai été promu au rang d’inspecteur. J’ai alors pris la responsabilité d’une unité de 70 hommes à la Special Support Unit (SSU).

En 1992, j’ai été promu assistant surintendant de police. Je suis alors retourné à Port-Louis Sud et en même temps au quartier général de la police où j’ai fait l’administration sous le règne du commissaire d’alors Cyril Morvan. En 1996, nouvelle promotion où je suis devenu surintendant de police Direction le poste d’Abercrombie, comme responsable de Port-Louis Nord.

J’ai aussi pris les commandes de la Police Training School, à Beau-Bassin, durant une année. Avant de passer par la division de Moka. En 1999, j’ai pris la responsabilité de toute la région de Port-Louis comme assistant commissaire.

 

Vous avez donc été au coeur des émeutes suivant le décès du chanteur Kaya…

Ça a été un moment très instructif. La situation dépassait le cadre de la police régulière. Il fallait impérativement avoir l’intervention de la SSU et de la SMF. Je n’ai pas été impliqué directement dans l’enquête. J’avais une mission particulière. Celle de remonter le moral des policiers. Il fallait procéder avec beaucoup de tact et de diplomatie.

Il fallait les rassurer. 

 

Vous avez aussi vécu de très près la guerre du Darfour…

Cette mission périlleuse d’avril 2006 à fin 2007 au Darfour m’a aidé énormément dans mon développement professionnel. Je suis parti en mission comme Police Commissioner pour l’Union africaine. Comme un des membres de la Darfour Integrated Task Force, basée à Addis-Abeba, je faisais le va-et-vient à Khartoum.

 

En tant que responsable de la force de police, j’ai fait parvenir mes avis et conseils stratégiques à mon collègue, le commissaire de police sudafricain, qui était, lui, basé dans la mission area au Darfour. Ma mission était aussi de sélectionner des policiers avec les compétences requises au Mali, Sénégal, Zambie, Burundi et Togo pour aller travailler au Darfour.

 

En 2007, j’ai été parmi ceux qui ont facilité l’entrée au Soudan des Nations unies, avec la création de la force United Nations-African Union Mission in Darfur. À mon retour au pays, j’ai repris mon poste de DCP Operations avant d’être muté mi-2008 à Curepipe comme responsable de la région sud. Depuis début 2010, je suis de retour aux Casernes centrales pour reprendre mon bâton de DCP Operations.