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Demi-siècle de la MBC TV: Quand Manda Boolell touche au poste

5 février 2015, 15:14

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Demi-siècle de la MBC TV: Quand Manda Boolell touche au poste
La MBC TV a soufflé hier, dimanche 8 février ses 50 bougies. L’occasion de revenir sur son parcours. Pour parler de cette quinquagénaire, nous avons fait appel à une des grandes dames du petit écran.
 
 
Speakerine, femme-tronc des journaux en anglais.Des mots qui semblent réducteurs pour parler de Manda Boolell. Celle qui a fait «tous les métiers» à la MBC entre 1966 et 1991 assure n’avoir jamais eu la grosse tête. Jamais eu le trac. Jamais été dans le placard. Avec bonne humeur et recul, elle s’est prêtée à l’exercice des souvenirs, alors que la MBC TV a fêté hier, dimanche 8 février ses 50 ans d’existence. Ce qui ne l’empêche pas d’avoir un regard critique sur ce qui s’y pratique de nos jours.
 
Le JT de 19 h 30, «il y a longtemps que j’ai cessé de le regarder», affirme celle qui passait à l’antenne du temps où il n’y avait qu’une seule chaîne télé, en noir et blanc, avec des programmes qui débutaient en milieu d’après-midi. «La censure vient d’abord du journaliste. Quand il y a une inauguration, par exemple, en une minute, on peut mettre plus d’accent sur les gens ordinaires plutôt que sur les gens importants. C’est vrai que la MBC a toujours reçu des critiques à ce niveau. Les journalistes font un immense travail. Mais est-ce qu’ils ont l’impression de pouvoir faire leur travail de manière professionnelle ?»
 
Manda Boolell tempère. Les critiques ont trop tendance à se focaliser sur les JT. «Il ne faut pas oublier que la MBC ce n’est pas juste de l’info, ce sont des émissions 24 heures sur 24.» Ce qu’elle aurait souhaité y voir ? «Autre chose que des séries qui abêtissent les gens.» Surtout davantage de productions locales.
 
Un vieux débat. Pourquoi est-ce que cela coince en termes de nombre et de qualité au niveau des productions à la station de Moka ? Celle qui a commencé comme pigiste, encouragée par Padma Ghurburrun, qui assurait alors les informations en anglais, a sa petite idée : «Cela coûte moins cher d’acheter des séries à 45 dollars par épisode plutôt que de produire des émissions.»

En 1991, elle a ‘lev pa ke ale’

Elle se souvient que, «pendant un temps, on disait que la mission éducative, c’était du ressort du Collège des Ondes. Alors que la production locale est l’épine dorsale d’une télévision. Une télé, une radio n’existent pas si elles ne reflètent pas les réalités du pays».

 
Si les facilités techniques sont là, note celle qui a connu les derniers responsables britanniques – le directeur Jerry Gaughan et le responsable de la programmation David Gardener, alors que Jean Delaître était head of news –, «il y a un manque de formation professionnelle. Pendant longtemps, on a rêvé d’une école de formation de l’audiovisuel. C’est un must. Et je ne parle pas là du diplôme en communication de l’université de Maurice».
 
Autre manquement criant: un département des archives, «hors MBC, comme l’Institut national de l’audiovisuel en France». Pour accueillir ceux qui souhaitent, par exemple, acheter des images d’archives.
 
Des regrets ? C’est la féministe qui répond: «Je regrette que depuis que nous sommes parties, Marie Josée Baudot, Pamela Patten, Marie Michèle Etienne et moi, il n’y ait pas eu de femme chef de département. On était de vraies managers.» Et puis, affirme Manda Boolell, «on ne peut pas parler des femmes que le 8 mars. Il faut une réflexion sur comment les femmes vont se prendre en main».
 
En 1991, elle a lev pake ale. «Je ne veux pas m’éterniser dessus. J’ai préféré garder un bon souvenir de ce passage. Au début c’était dur, après on dépasse ça.» Avec le recul, Manda Boolell est d’avis que «partir était peut-être la meilleure solution». Ce qui lui a ouvert d’autres horizons, car elle a ensuite travaillé dix ans au British Council.
 
Lui a-t-on déjà dit merci à la MBC ? Avec un sourire, Manda Boolell répond: «Si c’est le cas, je ne m’en souviens pas. C’est le public qui me dit merci tous les jours.»