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Sooneetee Purmessur, rectrice du QEC: «La culture de l’excellence»

7 février 2015, 09:58

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Sooneetee Purmessur, rectrice du QEC: «La culture de l’excellence»

Lorsque l’on prend connaissance du parcours de Sooneetee Purmessur, on ne peut s’empêcher de se dire que cette femme est investie de sa mission d’enseignante et de rectrice. Car à sa place, quelqu’un d’autre aurait sans doute jeté l’éponge. Mais elle est une battante.

 

Elle vient d’une famille de Triolet, les Ramkhalawon, et à cette époque, l’éducation des garçons jouit davantage de considération que celle des filles. Son père, planteur de cannes, ne voit pas l’utilité de laisser sa fille aînée étudier au-delà du primaire. Sooneetee Purmessur est plus chanceuse car elle est la benjamine de neuf enfants et lorsqu’elle grandit, son père a assoupli ses vues sur cette question.

 

Elle fréquente non seulement l’école primaire de la localité, mais est aussi admise au QEC. Comme elle est bonne en sciences – et en particulier en physique «en raison du raisonnement et de la rationalité de cette matière» –, elle opte pour cette branche, de même que pour les mathématiques, en FormVI.

 

Dans ce temps pas si lointain, peu de filles pensent à faire carrière. Sooneetee Purmessur, elle, se dit qu’elle sera médecin. Mais lorsqu’elle se coupe le doigt et s’évanouit à la vue du sang, elle change son fusil d’épaule. Et puis, elle n’aime pas la biologie car il faut apprendre par coeur et elle a horreur des classes de dissection, surtout lorsqu’on lui demande de disséquer un cancrelat pour savoir s’il s’agit d’un mâle ou d’une femelle. «C’en était fini de la biologie», raconte-t-elle en riant.

 

Classée après les lauréats, elle fait une demande auprès de l’Undergraduate Course at University and College. C’est son père qui lui annonce qu’elle a été acceptée au Queen Mary College, à Londres. Son frère, qui étudie la  médecine en Irlande, l’aide à s’installer. Elle entame ses études pour décrocher une licence en physique. Son diplôme en poche, l’idée de rester et de poursuivre ses études ne l’effleure même pas, d’autant plus qu’on est dans les années 80 et que les skinheads sévissent. «J’ai préféré rentrer car j’ai compris que mon belonging était Maurice.»

 

Elle rentre au pays en 1983 et après une période de chômage, elle obtient un emploi d’enseignante de physique au Collège du St Esprit. Son mentor est Raymond Rivet. Son père, toutefois, l’encourage à rejoindre le secteur public et elle l’écoute, passant sept mois au John Kennedy College. Elle demande ensuite une bourse d’études pour une maîtrise à l’université de Surrey en Grande-Bretagne. La demande est acceptée au même moment où ses parents arrangent son mariage avec le médecin mauricien Mahesh Purmessur, de huit ans son aîné, qui se spécialise en oto-rhinolaryngologie en Écosse. Elle ne refuse pas car «autrement, cela aurait été un problème de choisir. Il était plus mûr et je savais que je pouvais communiquer facilement avec lui et qu’il me respectait. Nous y avons tous les deux mis du nôtre et notre couple a fonctionné».

 

C’est alors que les obstacles commencent à surgir. Elle demande un congé sans solde au ministère pour tirer profit de sa bourse mais se voit opposer un refus. Elle est obligée de recourir au Compassionate Leave. Quatre mois avant l’examen final à Surrey, le ministère lui écrit pour lui ordonner de rentrer au plus vite, sous peine de déclarer son poste vacant. Elle décide de ne pas obéir.

 

Sa maîtrise en Medical Physics obtenue – elle est la première Mauricienne à s’être spécialisée dans le sujet –, elle suit son mari en Écosse où elle donne naissance à sa fille Keerti, aujourd’hui âgée de 25 ans, qui se spécialise en International Child Studies à Londres. Puis le Dr Mahesh Purmessur obtient un emploi comme Senior Consultant en Arabie Saoudite où la famille s’installe. C’est d’ailleurs là que naît sa cadette, Rushmi, 24 ans, lauréate du QEC, qui complète ses études de médecine en Écosse. Sooneetee Purmessur est aussi mère d’un garçon, Nikhil, 17 ans, qui termine sa FormVI au collège Royal de Curepipe.

 

La guerre du Golfe éclate et la famille rentre à Maurice. Sooneetee Purmessur est affectée au collège Royal de Curepipe puis au QEC et au collège Dr Maurice Curé. En 2002, elle est mutée à Plaine-Magnien puis à Nouvelle-France alors qu’elle réside à Forest-Side. Elle s’accroche encore. «Tout le monde devrait enseigner dans ces écoles. Lorsque vous êtes au QEC, il suffit de maîtriser le sujet. Mais le vrai enseignement est dans ces écoles car il faut être plus inventif, revoir sa pédagogie pour la mettre à la portée de ces enfants.»

 

Elle est nommée Deputy Rector en 2005 puis Acting Rector et elle est envoyée à Flacq. Au bout de quatre ans, elle demande son transfert. Après une halte au SSS de Phoenix, elle retrouve le QEC mais cette fois comme rectrice. Et depuis, le nombre de lauréates n’a cessé d’augmenter, soit dix lauréates en 2012 et 2013, et 14 lauréates en 2014. Avoir des lauréates, c’est bien, dit- elle, mais le plus important, c’est la qualité des résultats globaux. Elle n’est pas peu fière que le taux de réussite aux examens de FormV et FormVI a été de 100 % ces trois dernières années.

 

Elle cultive l’excellence en «croyant dans les enfants. Mais mes élèves aussi doivent croire en elles». Et puis, elle applique la rigueur en tout. «La rigueur est importante. Il faut cultiver l’excellence par le travail. We should not accept anything else.» À peine les réjouissances des lauréates cuvée 2014 terminées, elle prend un long congé à partir de lundi.«Prendre cette décision n’a pas été facile mais à un moment, il faut se retrouver, vivre pour soi, faire un peu ce que l’on aime et passer du temps avec sa famille.»