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RPT-Salman succède à Abdallah à la tête du royaume saoudien

24 janvier 2015, 08:11

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RPT-Salman succède à Abdallah à la tête du royaume saoudien

Salman, qui aurait 79 ans et une santé fragile, a ainsi rapidement coupé court aux rumeurs de querelles de palais en nommant son demi-frère Moukrine, 69 ans, comme prince héritier et son neveu Mohamed ben Nayef, 55 ans, comme second prince héritier.


Le décès d'Abdallah, à plus de 90 ans, a été annoncé en début de nuit par la cour royale dans un communiqué diffusé par la télévision publique.


La dépouille du souverain a été inhumée dans l'après-midi à Ryad en présence de plusieurs dirigeants du monde musulman, dont le président turc Recep Tayyip Erdogan et l'émir du Qatar, cheikh Tamim ben Hamad al Thani.


Conformément aux traditions en vigueur en Arabie saoudite, où les manifestations excessives de deuil sont interdites, le corps d'Abdallah, enveloppé dans un linceul blanc, a été porté par ses proches jusqu'à la mosquée puis au cimetière, où il a été mis en terre dans une tombe anonyme.


Les dirigeants étrangers non musulmans pourront présenter leurs condoléances et rendre hommage au nouveau souverain et au prince héritier dans les prochains jours. Barack Obama a fait part de ses condoléances personnelles et des sympathies du peuple américain.


François Hollande, qui a exprimé sa tristesse et son attachement à l'amitié entre la France et l'Arabie saoudite, se rendra ce samedi à Ryad pour y présenter ses condoléances, a-t-on appris auprès de l'Elysée.


Le roi Abdallah, qui serait né en 1924, était hospitalisé à Ryad depuis le mois de décembre en raison d'une pneumonie. Il était monté sur le trône en 2005 après la mort de son demi-frère Fahd, mais gouvernait en régent depuis déjà dix ans en raison de la mauvaise santé de Fahd.


Le roi Salman était prince héritier et ministre de la Défense depuis 2012. Il avait auparavant été gouverneur de la province de Ryad pendant un demi-siècle.


LE MINISTRE DU PÉTROLE RECONDUIT


Dans son premier discours en tant que monarque du premier pays exportateur de pétrole et du berceau de l'islam, Salman s'est engagé à marcher sur les traces de ses prédécesseurs: "Nous allons, avec l'aide de Dieu, poursuivre sur le chemin sur lequel ce pays a avancé depuis son établissement par feu le roi Abdelaziz" Ibn Saoud, fondateur du royaume en 1932.


L'annonce du décès d'Abdallah a fait remonter les cours du baril de pétrole en raison des incertitudes entourant la future politique du royaume en matière de production, mais le roi Salman a rapidement annoncé le maintien d'Ali al Naimi au poste de ministre du Pétrole, gage de continuité.


Depuis la mort d'Ibn Saoud en 1953, tous les rois qui se sont succédé sur le trône saoudien sont ses fils.
Le prince Mohamed, nommé vendredi second prince héritier, est le premier petit-fils d'Ibn Saoud à prendre place dans la lignée de succession. Ministre de l'Intérieur depuis novembre 2012, il s'est forgé une bonne réputation dans la lutte antiterroriste. Il a échappé à un attentat d'Al Qaïda en 2009.


Salman a également nommé son propre fils Mohamed ben Salman, au poste de ministre de la Défense et directeur de la cour royale.


La rapidité de cette volée de nominations a suscité l'étonnement des Saoudiens, plutôt habitués à assister à des mois de tractations après le décès de leurs monarques.


"L'époque est dangereuse", estime Joseph Kechichian, spécialiste de la famille royale saoudienne. "La nomination de Mohamed ben Nayef montre que Salman sent qu'il est important de parler rapidement d'une voix unique et déterminée face à toutes ces menaces."


TENSIONS RÉGIONALES


Cette succession intervient en effet dans un contexte de tension exceptionnelle au Proche-Orient où l'Arabie saoudite, le principal allié des Etats-Unis dans la région, apparaît comme le premier partisan de l'islam sunnite.
Le roi Abdallah a joué un rôle influent dans le soutien de son pays au gouvernement égyptien après la reprise en main par les militaires en 2013 ainsi que dans l'appui aux rebelles syriens en lutte contre le pouvoir de Bachar al Assad.


Le conflit en Syrie est devenu le théâtre de la lutte d'influence régionale que se livrent l'Arabie saoudite et l'Iran, principal appui de l'islam chiite.


Sur le plan intérieur, le roi Abdallah avait introduit des changements au compte-gouttes, élargissant certains droits des femmes ou pratiquant la dérégulation économique sans toutefois s'engager vers une transition démocratique.


L'arrivée de Salman, qui appartient au cercle de la cour depuis des décennies, ne devrait pas être de nature à remettre en cause cette politique.


Lors des cinquante années passées à la tête de la province de Ryad, Salman a montré sa capacité à concilier les intérêts des groupes religieux, ceux des organisations tribales et ceux du pouvoir. C'est cet équilibre qui semble de nature à guider à nouveau la politique saoudienne et garantir de bonnes relations avec les Occidentaux.


Sur le long terme, le pouvoir saoudien va cependant devoir se poser la question d'une population marquée par une forte croissance démographique et touchée par une hausse du chômage dans une économie qui demeure totalement dépendante des revenus pétroliers et est soutenue par de somptuaires subventions.