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Préservation de l’écosystème: faut-il interdire l’octroi de baux sur les îlots?

21 janvier 2015, 19:30

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Préservation de l’écosystème: faut-il interdire l’octroi de baux sur les îlots?

Quarantante-neuf îlots ont été répertoriés autour de Maurice. Seize d’entre eux sont protégés et constituent des sanctuaires pour des espèces uniques dans l’océan Indien et dans certains cas, uniques au monde. Parmi eux, l’île aux Aigrettes, l’île Ronde et l’île aux Serpents qui rappellent le patrimoine écologique de Maurice avant la colonisation. Les espèces qui s’y trouvent sont précieusement préservées par la Mauritius Wildlife Foundation (MWF) et le ministère de l’Agro-industrie.

 

Mais qu’en est-il des autres îles qui entourent Maurice et qui ont vu débarquer des promoteurs hôteliers? Est-ce que les autorités sont parvenues à concilier développement et préservation? Faudrait-il arrêter d’accorder des baux afin de protéger l’écosystème de ces îlots? Ce sont là des questions qui se posent lorsque la préservation de l’écosystème est évoquée. En tout cas, le nouveau gouvernement compte passer tous les baux accordés sur les îlots au peigne fin pour vérifier que tous les critères ont bien été respectés. Au cas contraire, les permis d’occupation de ces îlots seront abolis.

 

 

Sur l’île aux Aigrettes, la Mauritius Wildlife Foundation travaille
à préserver les espèces de l’extinction.

 

Interrogé quant à l’éventualité que le gouvernement n’autorise plus la location à bail des îlots, le ministre de l’Agro-industrie, Mahen Seeruttun, affirme que c’est l’une des initiatives de l’État. «Je ne suis pas pour le développement touristique de ces îlots. Je ne dis pas qu’ils devraient être interdits d’accès au public, mais il serait avantageux pour Maurice de faire que ces îles soient comme l’île aux Aigrettes. C’est-à-dire qu’elles soient protégées pour que le public puisse découvrir les espèces dans l’avenir», soutient le ministre.

 

Des 16 îlots protégés, sept sont considérés comme des réserves naturelles, et les autres figurent dans la catégorie des parcs nationaux. En revanche, le statut de sanctuaire naturel ne garantit pas une protection contre les conséquences du développement touristique. L’îlot Gabriel, qui est classé réserve naturelle, a un statut bien particulier. L’île, qui est gérée par l’homme d’affaires Jayraj Woochit, est une attraction touristique. Mais elle est également considérée comme un sanctuaire naturel. Toutefois, selon une source au ministère de l’Agro-industrie, la protection des espèces sur cette île laisse à désirer.

 

La plage de l’îlot Gabriel est très fréquentée par les touristes.
 
 

Au niveau des autres îles dont l’accès est contrôlé, c’est la MWF qui travaille à préserver les espèces de l’extinction. «La préservation est une réussite au niveau de l’île aux Aigrettes. Cette étape a été complétée à 95%. Dans quelques années, nous pourrons en dire autant pour l’île Ronde, qui est sur la bonne voie. Cette dernière est à vocation écologique uniquement et le public n’y a pas accès. Il se trouve que ces îles regorgent d’oiseaux, de serpents et de lézards qu’on ne trouve nulle part ailleurs», explique Ashok Khadun, responsable du portefeuille de la restauration des îlots à la MWF.

 

Ce spécialiste explique que la réhabilitation d’une île se fait en plusieurs étapes. La première est d’enlever toutes les espèces qui doivent être protégées avant de procéder à l’élimination des prédateurs envahissants. «Ces derniers sont des animaux et des plantes qui, de par leur présence sur les îlots, empêchent les autres animaux de vivre. Sur certaines îles, il a fallu mener une campagne de dératisation avant de réintroduire les espèces à protéger», souligne le spécialiste.

 

Une autre petite île, interdite d’accès au public, affiche elle aussi une très bonne santé. Il s’agit du Coin de Mire, qui est peuplé d’oiseaux et de reptiles qui avaient été capturés et transportés ailleurs en attendant que la MWF se débarrasse des rats et des lièvres qui s’y trouvaient. «Les espèces ont été réintroduites et elles se portent très bien», poursuit le cadre de la MWF.

 

Le Coin de Mire, qui est peuplé d’oiseaux et de reptiles, est interdite d’accès au public.

 

Mais tout n’est pas perdu pour les îlots qui ont perdu leurs espèces. La MWF indique qu’il est possible de les réintroduire sur les îlots. Cependant, il faudrait que ces derniers soient interdits d’accès au public le temps que les espèces se reproduisent.

 

Le ministère de l’Agro-industrie se dit en faveur du repeuplement de ces îlots par des espèces endémiques. Le ministre Mahen Seeruttun avance que l’initiative est d’ailleurs une des priorités du gouvernement. «D’après les dernières nouvelles, certains îlots se portent très mal. Il est de notre devoir de faire de notre possible pour préserver la diversité que nous avons la chance d’avoir. Dans un premier temps, nous examinons les baux de l’îlot Gabriel et l’île Plate. Dans le cas du premier, nous allons effectuer des inspections pour savoir si l’île est gérée comme il se doit et si les clauses du bail sont respectées. Quant au deuxième, le bail a expiré mais il y a une affaire en cour», soutient le ministre Seeruttun.

 

Cepensant, la préservation des espèces ne devrait pas s’arrêter à Maurice. Les autorités ont répertorié plusieurs espèces à protéger sur deux îles non loin de Rodrigues. Il s’agit de l’îlot Coco et de l’île au Sable, considérés comme réserves naturelles également.