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Centres de refuge: des repas chauds distribués seulement en alerte 3

14 janvier 2015, 12:33

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Centres de refuge: des repas chauds distribués seulement en alerte 3
A peine l’alerte 2 avait-elle été donnée que des sinistrés, bravant les premières pluies, ont pris d’assaut les centres communautaires de Port-Louis, notamment à Cité-La-Cure, Vallée-des-Prêtres et Résidence Vallijee. Dans certains centres de refuge, des tensions sont apparues, dans d’autres c'est par rapport à la distribution de nourriture. Des sinistrés se sont, en effet, plaints de la qualité mais aussi du manque de nourriture. Or, il s’avère que ce n’est qu’en alerte 3 que des repas chauds sont donnés…

 

La ministre de l’Egalité du genre, Aurore Perraud, qui a sous sa tutelle 135 centres communautaires et 58 centres sociaux, explique que selon les règlements en vigueur, son ministère n’est autorisé à fournir que l’infrastructure et des rations sèches aux réfugiés, soit des biscuits et de l’eau. Et ce, uniquement en cas d’avertissement de cyclone de classe 3.

 

Selon nos informations, il appartient ensuite au Disaster Management Committee et au ministère de la Sécurité sociale de prendre en charge les sinistrés et de leur fournir des lits de camp et un repas chaud notamment. Et cela toujours en cas d’avertissement de classe 3.

 

Mais Aurore Perraud indique que vu le nombre de sinistrés à Ste-Croix, Vallée-des-Prêtres, Cité-La-Cure et Tranquebar, le lundi 12 janvier, elle a distribué des pains fourrés à environ 500 réfugiés et demandé aux organisations non gouvernementales de parrainer ces personnes dans la mesure de leurs moyens.

 

Un constat fait cependant rager les observateurs: l’ouverture des centres de refuge est pour certains une aubaine. Selon les policiers qui enregistrent les demandes des sinistrés depuis hier, mardi 13 janvier, il y a beaucoup d’abus. Ils avancent que c’est l’allocation de Rs 350 offerte quotidiennement par le ministère de la Sécurité sociale à chaque sinistré qui attire les profiteurs. «Ena bokou dimounn pe profit lor sa kas-la», constate un officier.

 

Il explique que des 200 maisons «inondées» enregistrées, une centaine sont des maisons en dur. «Il y a de l’eau dans les maisons car elles sont bâties sans aucune fondation et se trouvent sur le passage d’eau. C’est aussi normal que les maisons en tôle coulent. Mais on ne peut pas les considérer comme des maisons inondées», affirme-t-il. Il précise que l’allocation «PF 77» est destinée uniquement aux sinistrés dont les denrées alimentaires ont été abîmées, ainsi qu’à ceux dont la maison a été endommagée et qui ont perdu leurs effets personnels. Selon l’officier, certaines demandes sont injustifiées.

 

PAS DE VÉRIFICATION

 

«Certaines personnes ne travaillent pas en pleine journée alors qu’on est en alerte 2. N’est-ce pas là un abus ?» s’insurge-t-il. Il avoue qu’il arrive que les policiers ne vérifient pas l’état de toutes les maisons avant de soumettre le voucher ou le PF77 aux sinistrés. «N’importe qui peut faire une demande. Mais on ne peut pas toutes les vérifier. On a vérifié 90 % des maisons. Pour le reste, on est obligé de distribuer sans vérification, faute de personnel», dit-il.

 

Une source policière confie que le ministère de la Sécurité sociale doit constituer une cellule spéciale afin de prévenir les abus. Une autre source au sein de la police affirme que les policiers ont reçu comme directive de leur supérieur hiérarchique depuis 13 heures hier de prendre des photos à chacune de leurs sorties, justement dans le but de prévenir les abus en cette période. «Nou pou enrezistre demann ek tir foto kan nou pou al verifie lakaz. Nou pou gard sa kouma enn prev», affirme-t-il.

 

Lors d’une visite à Cité-La-Cure et à Vallée-des-Prêtres, nous avons noté le nombre de sinistrés qui se sont entassés dans une salle. Hommes, femmes et enfants…tout le monde attendait à manger. À cite La-Cure, on en a dénombré 800. La plupart habitent sur les terres de l’État. «Ti ena 1 000 yer me 200 inn decouraze. Zot pa pe gagn manze, zot inn ale», confie l’un des sinistrés. Il explique qu’il faut attendre que le pays passe en alerte 3 pour avoir un repas.

 

«Pa ti ena gro lapli. Zot ti deza la depi 13 her. Tigit par tigit in gagn plis dimounn»,indique-t-on du côté des autorités. La crainte de notre interlocuteur c’est que ces familles ne quittent pas le centre aussitôt l’alerte levée. «Lepok Dina lekol ti bloke. Kan zot vini zot pa le ale.»

 

À Vallée-des-Prêtres, 144 familles de Tranquebar ont élu refuge au centre communautaire de la localité. Marie Danielle Philippe, leur porte-parole, explique qu’ils sont là depuis 15 heures mardi. «Lapolis deza konn nou sitiasion », confie-t-elle. Mais selon les autorités, il n’y a aucun officier pour procéder à une vérification de l’état de leurs maisons. Certains sinistrés ont même été vus quittant le centre de refuge en taxi.

 

«Une fois que Bansi aura passé son chemin, il faudra éduquer et responsabiliser les personnes qui ont trouvé refuge dans les centres. J’ai demandé qu’un fonctionnaire se rende dans chaque centre pour expliquer aux gens à quoi s’attendre lorsqu’ils s’y présentent. De plus, nous avons les adresses de ces personnes et il nous faut faire un suivi avec elles pour voir où le problème se pose et comment nous pouvons leur venir en aide pour qu’elles ne soient pas systématiquement des réfugiées», souligne Aurore Perraud.